Chaque année, nous disposons d’environ quatre cent mille nouveaux demandeurs d’emplois issus de diverses écoles et universités publiques et privées.
Ces Jeunes s’inquiètent davantage sur leur insertion en marché de travail et dès la fin de leur cursus académique. Depuis, ils établissent leurs Curriculums Vitae et se mettent en quête d’un poste d’emploi. Selon les capacités de tout un chacun, la recherche d’un travail varie de un mois à un an.
Quant à l’entrepreneuriat, il n’intéresse pas la grande majorité des jeunes fraichement diplômés. Ils sont assoiffés par une rémunération immédiate en fin de mois, et ont été formé d’abord pour devenir salariés. Dès leur sortie d’école, ces jeunes sont quête d’un emploi assorti d’un salaire et sans qu’il ne dispose d’aucune expérience professionnelle, ce qui leur complique la tâche. Or, les entreprises préfèrent mettre à l’épreuve les jeunes diplômés, via des stages de pré-embauche qui varient entre 3 à 6 mois et selon les capacités d’adaptation de tout un chacun.
Les recruteurs cherchent les meilleurs profils sur le marché de travail et même à zéro expérience, ils sont intéressés par les « Soft Skills » des candidats et leurs capacités à s’adapter rapidement à la culture de l’entreprise recruteuse. In fine, ce genre de profil n’est pas répandu sur le marché de travail marocain et les chargés des ressources humaines mettent du temps à en trouver. D’autre part, bon nombre de jeunes lauréats préfèrent quitter le territoire national soit pour poursuivre leurs études approfondies à l’étranger ou visent les marchés de travail Américain, Canadien, Européen et bien d’autres.
En revanche, les nouveaux chiffres officiels communiqués par le HCP dressent la situation alarmante de l’emploi au Maroc, et ce malgré les actions de tranquillisation réalisées par les membres du Gouvernement. Au premier trimestre 2023, l’économie marocaine a perdu 280 000 postes d’emploi par rapport à la même période 2022. Ainsi le taux de chômage est passé à 13% au niveau national, et la population active en sous-emploi a atteint 1 075 000 personnes. Pour la catégorie des jeunes ayant un âge entre 15 et 35 ans, le taux de chômage est très élevé, il a atteint 35%.
Néanmoins, un point de croissance au Maroc ne permet de créer qu’environ 25 000 postes d’emploi stables, ce qui demeure insuffisant pour absorber les nouveaux demandeurs d’emploi de sortie d’écoles et d’universités. Or, c’est le secteur privé qui absorbe la grande majorité des personnes en quête d’un emploi en dépit d’une situation économique morose marquée par l’inflation, le ralentissement de la croissance et les incertitudes géopolitiques et géoéconomiques.
S’agissant de la Nouvelle Charte des Investissements, elle est susceptible d’apporter une nouvelle dynamique à la création des emplois directs et indirects, en référence aux conventions et projets d’investissements approuvés par la commission nationale des investissements présidée par le Chef du Gouvernement. Mais au-delà des réunions de lancement des investissements, il est question d’assurer le suivi de la mise en œuvre de ces accords d’investissement, en termes de déploiement des projets au niveau territorial en l’occurrence la création des postes d’emploi stables et pérennes.
Concernant le secteur industriel, l’ouverture des usines de fabrication est remarquable mais les postes d’emploi créés concernent beaucoup plus la classe ouvrière et ne favorisent pas l’employabilité des lauréats et cadres des écoles et universités publiques et privées. De ce fait, le transfert des compétences manque à l’appel dans ce type d’emploi, puisque les ouvriers font du travail à la tâche et l’expertise métier reste monopoliser par les ressources humaines étrangères.
Dans cet ordre d’idées, la montée en compétence n’est donc pas garantie pour les postes destinés à la classe ouvrière marocaine menacée par les dangers de l’intelligence artificielle. Celle-ci vise à réduire de manière significative l’intervention humaine et les tâches récurrentes des individus. Par conséquent, la destruction de ce genre de postes peut être agressive pour le Maroc si l’on n’anticipe pas les mutations technologiques de l’Industrie du Futur.
Par Youssef Guerraoui Filali
Président du Centre Marocain pour la Gouvernance et le Management