Interpellé sur l’impact de la privatisation sur le déficit du Trésor à l’occasion du Conseil de BAM tenu le 18 juin, Abdellatif Jouahri, gouverneur de la Banque Centrale a répondu : « Nous avons indiqué que quand on privatise, il faut que la cession ne fasse pas l’objet uniquement d’une recette financière mais que ce soit l’occasion pour la privatisation de participer soit à la création d’un écosystème, soit à le valoriser. Et qu’il y ait des évaluations post-privatisation pour voir si les résultats escomptés ont été véritablement obtenus ou pas ».
« Rappelez-vous qu’en 2016 quand j’ai participé au Colloque des Finances Publiques, j’avais interpellé la DEPP en lui rappelant que j’étais président de la BMCE qui a été privatisée mais je n’ai jamais eu un bilan de cette privatisation ou une analyse des opérations de privatisation au niveau du Maroc », enchaîne A. Jouahri.
C’est pour dire qu’il est temps de ne pas s’arrêter à la privatisation comme une opération de recettes mais plus à une opération ayant une valeur ajoutée sur le plan économique et financier.
Pour avoir des éléments de réponse, EcoActu.ma a posé la question, à l’occasion de la rencontre relative à l’Offre publique de vente de Maroc Telcom, à Abderrahmane Semmar, Directeur des Entreprises Publiques et de la Privatisation (DEPP).
« Effectivement le gouverneur de BAM avait interpellé la DEPP en 2016 à ce sujet. A ce titre il faut admettre et l’important a été dit dans mon intervention que l’objectif recherché n’est pas tant la mobilisation des recettes financières que les enjeux derrière l’opération de la cession des 8% de Maroc Telecom. Lorsque je dis: dynamisation de la bourse, nouvelle génération d’entrepreneurs, actionnariat populaire… c’est pour montrer qu’il s’agit bien d’enjeux au-delà de l’aspect financier », précise A. Semmar.
Jusqu’à la fin de l’année, le budget général ne bénéficiait pas du moindre DH de la privatisation. Les recettes étaient destinées au Fonds Hassan II et au Fonds de soutien de l’investissement et de l’industrie.
« Sur le plan évaluation, nous sommes d’accord qu’il faut une évaluation de l’impact des privatisations. Comme vous l’avez remarqué, il y avait une large période de pause en ce qui concerne les cessions des biens de l’Etat », poursuit-il. Autrement dit, il n’ y avait pas grand-chose à évaluer.
« Lorsque nous avons décidé l’année dernière la relance du programme des privatisations, nous avons pris nos précautions, créé la structure d’évaluation et nommé les responsables d’évaluation. C’est un travail qui sera fait et je m’y engage à partir du rapport de la Loi de Finances 2020 qui sortira en octobre prochain », répond sans ambages le directeur de la DEPP.