Le décret relatif au dépassement des seuils de financement extérieur a été approuvé par la Commission des Finances au sein du Parlement par 6 voix pour et une voix contre après un débat avec le ministre Mohamed Benchaâoun.
Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’administration avait un grand oral ce matin du 7 avril devant les présidents des équipes parlementaires à la commission des finances du Parlement au sujet du projet de décret portant loi relatif au dépassement des seuils de financement extérieur. Un projet qui a suscité de vives inquiétudes, sur la partie relative à la suspension des opérations d’engagement des dépenses. D’autant plus que le communiqué diffusé à l’issue du conseil de gouvernement du lundi 06 avril est resté très vague à ce sujet.
Le ministre a d’ailleurs été interpellé sur le changement apporté sur la mouture du projet à ce sujet. Benchaâboun a expliqué qu’il ne s’est pas rétracté mais qu’il y a eu un débat sur la gestion de la dépense en ces temps de crise. « Il est inconcevable de mener le même train de dépenses dans les conditions actuelles. La rationalisation des dépenses est tout à fait logique suivant les scénarios futurs que nous avons établis suite à la durée de l’état d’urgence sanitaire. Nous avons abouti à ce que cette gestion se fasse en concertation avec les différents secteurs selon leurs priorités. Mais également selon les priorités du pays, notamment des secteurs comme la santé, les dépenses d’investissement et de fonctionnement obligatoire revêtant un caractère d’urgence ainsi que les actions qui permettent une relance économique rapide… », explique Benchaâboun aux différentes questions des députés.
Le ministre a également été interpellé sur la pertinence du dépassement des seuils de financement, fixés par la Loi de Finances 2020 à 31 Mds de DH en matière d’endettement sachant que le pays dispose actuellement d’une réserve de devises de 5 mois et plus.
A ce sujet, le ministre a été on ne peut plus clair. Il ne s’agit pas de jouer à la roulette russe et parier sur une durée de confinement courte, mais plutôt anticiper selon le pire scénario qui puisse se produire. Ainsi, au lieu d’attendre d’épuiser toutes ses ressources en devises, le pays doit se mettre à l’abri dès à présent tant qu’il peut emprunter à des conditions favorables.
« En plein crise vous ne trouverez même pas qui vous dira bonjour. Ne restera alors que l’option du FMI avec des conditions pour tomber dans un PAS (Plan d’Ajustement Structurel). Cette option est à supprimer d’où notre responsabilité d’anticiper par la dette pour mettre le pays à l’abri et sauvegarder notre souveraineté », explique le ministre, qui insiste que les emprunts n’iront pas vers l’endettement mais vers la balance de paiements.
Le deuxième point qu’il cite et qui permet une marge de manœuvre au pays c’est qu’il dispose de deux coussins importants : le premier est relatif au recours à la Ligne de précaution de liquidité, sans condition, pour assurer de la devise étrangère.
Le deuxième coussin est celui de la ligne de 275 millions de dollars avec la Banque mondiale relative au FSEC (Fonds de solidarité contre les évènements catastrophiques) et qui prévoit que le Maroc puisse débloquer des financements sous 48 h en cas de choc externe.
Par ailleurs, le ministre apporte des précisions aux interrogations des députés sur la restriction des importations consommatrices de devises et qui ne sont pas forcément en relation avec la gestion de la pandémie sanitaire ou encore la satisfaction des besoins élémentaires des Marocains dans cette conjoncture. Il a ainsi rappelé les mesures prises par l’ADII notamment concernant l’importation des véhicules, etc., en soulignant que le pays jugule pour ne pas devoir imposer la liste C.
Au terme de son intervention, le ministre a tenu à préciser que les mesures prises se font de manière graduelle suivant les évolutions de la situation actuelle, mais que la question sensible des finances extérieures ne pouvait plus attendre.
La séance a été marquée par le vote du décret à 6 voix pour, une voix contre et aucune abstention.