Ecrit par Lamiae. Boumahrou |
L’activation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, annoncé en juillet 2020, se fait attendre. Et pourtant, tout était prêt pour la tenue de la première réunion du Conseil en avril 2021. Pourquoi ce retard ? L’Etat est-il parvenu à mobiliser les fonds nécessaires ? Autant de questions qui restent en suspens.
La pandémie est intervenue au moment même où le Maroc s’apprêtait à revoir son modèle de développement soit en plein processus de réflexion menée par la commission chargée de concevoir un nouveau modèle de développement. Il a donc fallu intégrer les nouvelles donnes imposées par cette pandémie au NMD.
Parmi ces nouvelles donnes le mécanisme de financement du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Un Fonds très attendu par la sphère économique puisqu’il permettra de donner un coup d’accélérateur à l’investissement et par ricochet à la dynamique économique.
« Pour atteindre le Made In Maroc à haute valeur ajoutée et diversifié, il est impératif de mettre en place un instrument de financement proactif pour la diversification productive et la montée en gamme de l’économie. L’idée est de profiter du Fonds Mohammed VI pour l’investissement et de développer au sein du Fonds un mécanisme d’investissement direct dans des projets notamment d’innovation, d’intégration industrielle… », a précisé récemment Saadia Slaoui Bennani, membre de la commission NMD.
Un changement de paradigme également dans le mode de financement qui passe de la subvention ou du prêt à une logique d’investisseur.
La commission a précisé dans son rapport que pour financer de manière volontariste la diversification productive il est impératif de créer un instrument de financement dédié spécifiquement à la diversification productive dont la mission est d’investir dans des activités à fort potentiel au Maroc en partenariat avec des entreprises privées en création ou en développement.
Une intervention en capital-risque qui exercerait un effet de levier permettant aux entreprises d’obtenir des financements additionnels auprès des acteurs du marché. « Cet instrument s’inscrit parfaitement en ligne avec les objectifs du Fonds Mohammed VI récemment créé et pourrait y être intégré, en s’assurant des synergies et complémentarités avec les instruments des établissements publics à caractère financier », lit-on dans le rapport.
La commission préconise également qu’à termes, le Fonds Mohammed VI pourrait évoluer vers une Banque Publique d’Investissement, regroupant l’ensemble des instruments existants d’appui au développement des entreprises (garanties, financement, investissement, accompagnement, promotion etc.) et opérant selon un schéma institutionnel souple et efficace.
Il faut dire que dans une conjoncture toujours difficile marquée par une reprise timide de la croissance, ce mécanisme est attendu de pied ferme pour donner un souffle à l’économie.
On se demande tout de même qu’attend le gouvernement pour activer ledit Fonds ?
Et pourtant comme annoncé en exclusivité par EcoActu.ma le 21 avril, l’ordre du jour de cette première réunion a déjà été établi. La DEPP nous avait même affirmés que la 1ère réunion devait se tenir incessamment. Deux mois plus tard, nous apprenons de source sûre que ladite réunion n’a pas encore été tenue. Par conséquent, l’activation du Fonds se fait toujours attendre.
Pour rappel, le Conseil s’étalera en premier sur le plan d’action prioritaire, à travers l’identification des premiers grands projets à financer en partenariat avec le secteur privé. Ensuite, il procédera à la structuration et l’opérationnalisation des fonds sectoriels et thématiques prioritaires par le choix des sociétés de gestion et la mise en place des partenariats nécessaires….
Et enfin il procédera au parachèvement des organes de gouvernance et des instruments de gestion (comités, convention de contrôle, règlement des achats…).
La question aussi est de savoir si l’Etat, en l’occurrence le ministère des Finances, est parvenu à mobiliser les ressources financières nécessaires pour activer ledit Fonds notamment les 45 Mds de DH ?
Rappelons que le plan de relance économique se traduira par l’injection de 120 Mds de DH dans l’économie marocaine dont 75 Mds de DH sous forme de crédits bancaires garantis par l’Etat et 45 Mds de DH qui seront affectés au Fonds d’investissement stratégique (dont 30 Mds de DH seront mobilisés auprès d’institutionnels nationaux et internationaux et 15 Mds de DH seront financés par l’Etat comme prévu par la Loi de Finances rectificative 2020).
En attendant, le tissu économique tente de remonter la pente comme il peut en trainant non seulement les casseroles avant-Covid mais également celles post-Covid.