La décision du Procureur du Roi du Tribunal de Première Instance de Souk Arbaa de poursuivre les dirigeants de trois unités industrielles de fruits rouges situées à Lalla Mimouna pour « des soupçons de violation des mesures sanitaires » n’a pas laissé indifférents les professionnels du secteur agricole en général et du secteur des fruits rouges en particulier.
Dans un communiqué publié le 28 juillet par la Confédération Marocaine de l’Agriculture et du Développement Rural (COMADER), les dirigeants des unités de production dans leur ensemble annoncent qu’ils sont conscients du danger et de la gravité de la pandémie Covid-19 et du risque que peut engendrer la propagation de foyers de contamination au sein de leurs unités, et par conséquent prennent toutes les dispositions pour maintenir leurs unités de production indemnes de toute propagation
« L’expérience que nous vivons actuellement aussi bien à l’échelle nationale qu’a niveau international montre que le risque zéro n’existe pas et que des foyers de contamination peuvent toujours apparaître malgré toutes les mesures sanitaires prises», laissent-ils entendre. Toutefois, ils posent les questions suivantes : Les dirigeants des entreprises incriminés sont-ils responsables du degré de respect des mesures sanitaires des ouvriers au retour le soir à leurs domiciles ? Aussi, faut-il comprendre qu’à chaque fois qu’un foyer Covid 19 sera détecté au sein d’une entreprise, son dirigeant sera susceptible d’être traduit en justice ou bien s’agit-il d’une disposition réservée au secteur des fruits rouges ?
A ce titre la Comader rappelle que le secteur des fruits rouges, grâce aux efforts déployés par les ouvriers, les techniciens, les gérants et les investisseurs dans la filière, a pu réaliser des performances au courant de cette année qu’ils résument en 3 chiffres :
- Maintien durant la crise, de 100.000 emplois directs, payés par leurs employeurs sans recours aux indemnités CNSS prévues par le fonds de solidarité Covid-19 ;
- Export en 2019-2020 de 170.000 tonnes de fruits rouges soit une augmentation de 24% par rapport à l’année dernière ;
- Cet export a permis une rentrée de devises de 6,5 Mds de DH en augmentation de 32% par rapport à l’année dernière.
A travers ces performances, qui ont été réalisées dans le strict respect des mesures sanitaires, la Comader rappelle que la filière des fruits rouges s’est imposée sur l’échiquier International, et dispose d’un énorme potentiel de production non encore exploité, et d’un important potentiel d’exportation vers des pays non encore explorés.
« Par conséquent, les investisseurs dans cette filière ont besoin de reconnaissance et d’encouragement au lieu, et nous le disons, de poursuites judiciaires et qu’ils soient montrés du doigt vis à vis de l’opinion publique », fait savoir la même source.
Aussi, elle demande de surseoir à ces procédures judiciaires et permettre, dans le strict respect des mesures sanitaires, aux professionnels d’accéder à leurs fermes et à leurs unités de production afin de leur permettre de préparer la campagne export 2021, qui accuse déjà un retard important, et ce au profit de nos concurrents du pourtour méditerranéen, qui eux aussi font face à la propagation du virus mais qui bénéficient du soutien de leurs autorités.
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