En rappelant les risques liés à l’export dans un contexte de crise sanitaire, l’ASMEX émet des recommandations.
“ Comment gérer vos risques à l’export suite au Covid-19 pour une reprise prudente et efficace de vos activités à l’international ? ”, telle est la thématique sur laquelle s’est attelée Commission Financement, Assurance et veille de l’Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX) à travers une visioconférence organisée récemment.
Présidée par Ahmed Kathir et en présence de Hassan Sentissi, président de l’Asmex, cette réunion a regroupé une pléiade d’intervenants et des membres de l’ASMEX.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des actions d’accompagnement et de sensibilisation des membres de l’ASMEX afin de mieux gérer cette période de crise et assurer une reprise efficace de leurs activités à l’international. Elle a ainsi permis de revenir sur des axes importants tels que : les scénarios de la reprise et les risques liés aux exportations ; les dispositifs pris face aux retards des paiements en cas de créances douteuses ou en cas de créances non récupérables & les délais de paiement prolongés suite au COVID-19. Autres axes débattus sont : les mécanismes de soutien financier offerts par le CCG en faveur des entreprises impactées par le COVID-19 ; comment réduire l’impact du COVID-19 sur le portefeuille clients à l’export ; les outils dont disposent les exportateurs pour une meilleure gestion des risques liés à l’export ou encore les outils de paiement et de financement à l’international adaptés en cette période de crise.
De nouvelles mesures dans la LFR
En ce qui concerne l’impact de la crise sanitaire sur le commerce extérieur, Said Maghraoui, directeur de la protection et de réglementation commerciale au Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Economie Verte et Numérique a d’emblée dressé un état des lieux mettant en évidence une baisse alarmante entre 13% et 32% par rapport à l’année dernière. Il a également rappelé que plusieurs instruments sont déjà mis en place par le Comité de Veille Économique afin d’atténuer les dégâts causés par la pandémie et a affirmé que d’autres mesures sont en train d’être étudiées et seront annoncées incessamment dans le projet de la loi de finances rectificative. Les intervenants restent pour autant conscients que la reprise et le décollage des exportations post-Covid-19 dépendent de deux facteurs notamment l’évolution de la pandémie dans le monde entier et particulièrement les marchés cibles et l’ensemble des politiques de relance appliquées par les pays du tiers monde pour soutenir leurs économies.
S’agissant des risques liés à l’export, trois points ont été abordés :
Le risque lié à la demande : le consommateur européen est fortement impacté par le chômage et la baisse des revenus, donc la demande ne va pas vite décoller à l’exception des produits de première nécessité.
Le risque lié au redressement judiciaire : la plupart des entreprises étrangères se sont retrouvées dans une situation délicate caractérisée par la difficulté de paiement, chose qui va se traduire par la réduction du volume des commandes chez leurs fournisseurs marocains.
Le risque de protectionnisme : il est d’ordre politique et se traduit par le fait que chaque pays tend à valoriser ses produits locaux au détriment des produits étrangers.
D’où l’appel des exportateurs à la prudence et à la vigilance dans le choix de leurs clients étrangers en cette période de crise. A ce titre « une panoplie de solutions DATA sont mises à la disposition des entreprises afin d’avoir des informations pertinentes sur le comportement de leurs clients et partenaires potentiels en matière de solvabilité, de retard de paiement, de scoring… », affirme Amine Diouri, directeur études et services à valeur ajoutée chez Inforisk.
Pour sa part, Wahb Bouarif, directeur du Centre d’affaires Casablanca de la CCG a réaffirmé l’engagement de la Caisse auprès des exportateurs marocains et ce, via un ensemble de mesures telles que “Damane Oxygène” et l’accompagnement des banques dans le report des échéances des entreprises. Il a également annoncé que la CCG prépare un nouveau produit intitulé “Damane Relance” qui sera dévoilé dans prochains jours.
Les banques ne sont pas en reste dans cette mobilisation générale auprès du tissu productif national. Leila Chorfi, responsable commerce extérieur au sein de Bank Of Africa-BMCE group, a affirmé qu’outre l’application des mesures initiées par la CCG, les banques ont innové en matière dématérialisation des opérations des entreprises que ce soit au niveau national ou international. « La réactivité dans le déblocage de certaines contraintes administratives en relation avec la fermeture des frontières en plus du fait de fournir aux entreprises les réserves en devises ont été des priorité en cette période de crise », a-t-elle soutenu.
Quid de l’Office des changes ?
A noter également que les risques de change ont été suivis de près par l’Office des Changes qui a accordé des dérogations pour le paiement en anticipation et des dotations exceptionnelles aux exportateurs en difficulté en terme de rapatriement des produits. Plusieurs plateformes en ligne dédiées aux demandes des autorisations ont été mises en place par l’Office en plus d’un bureau d’ordre virtuel et des options de télédéclarations en cours de lancement. L’Office des changes a aussi reporté le délai de la déclaration à fin juin au lieu de fin avril.
A l’issue des débats, les intervenants ont émis quelques recommandations pour la gestion des risques à savoir :
- confirmer les moyens de paiement dans toute opération d’export surtout quand il s’agit d’un pays africain ou d’un nouveau client ;
- se couvrir contre les risques de changes ;
- opter pour une assurance-crédit à l’export et bien connaître ses clients.
En vue de rassurer les exportateurs, l’ASMEX les appelle à être optimistes car cette pandémie est considérée comme une arme à double tranchant. D’une part, des montants énormes sont injectés par les pays partenaires dans leurs économies respectives et d’autre part, la Covid-19 a créé de nouveaux besoins (masques, services informatiques… ) qui se traduisent par de nouvelles opportunités à saisir.