Depuis l’avènement du Covid-19 que le secteur agroalimentaire est au premier rang des industries à travailler à flux tendu pour répondre aux besoins des marchés, malgré les défis des perturbations des chaînes d’approvisionnement, la hausse des prix… Avec la guerre en Ukraine, c’est une avalanche de nouveaux soucis qui se sont abattus sur l’industrie agroalimentaire. Mais un seul semble aujourd’hui inquiéter : l’inflation et ses conséquences sur les prix des produits et les revenus des entreprises.
Des perturbations, en veux tu, en voilà ! Cela fait près de trois ans que le secteur agroalimentaire est sur le qui-vive. Et ce n’est peut-être pas pour demain que la situation serait appelée à changer.
Certes, après le fort rebond de l’indice des prix des matières agricoles atteignant son plus haut niveau en avril, ce dernier affiche une baisse de 11% au T3 2022 par rapport au trimestre dernier.
Cette baisse des prix reflète une augmentation des approvisionnements suite à une amélioration des rendements, le retour de l’Ukraine sur les marchés mondiaux et l’affaiblissement de la demande en réponse à la détérioration des perspectives de la croissance mondiale.
Cette tendance baissière devrait se poursuivre en 2023, selon la banque mondiale qui table sur un repli de 5% de l’indice des prix des matières agricoles.
Quoique, les prix des denrées alimentaires dans la plupart des monnaies nationales sont encore plus élevés en raison de l’appréciation du dollar américain et demeurent supérieurs par rapport à leurs moyennes historiques.
Au niveau local, les incertitudes sont également légion, notamment les prix des intrants (engrais et produits énergétiques) ; une éventuelle détérioration des perspectives économiques avec le resserrement monétaire ; risques de changes ; ou encore des conditions météorologiques défavorables.
Mais il faut croire que les tensions inflationnistes pourraient continuer à favoriser la croissance du chiffre d’affaires des entreprises agroalimentaires pour 2022 et même en 2023, malgré la pression sur leurs marges induite par l’augmentation des intrants et du coût de transport.
A titre d’exemple, à fin septembre 2022, le secteur alimentaire côté, les 6 industries cotées à la Corbeille Casablancaise, a réalisé un chiffre d’affaires de 16,4 Mds de DH, soit une progression de 28,1%.
Sous l’impact de la forte hausse des prix matières premières à l’international depuis le début d’année, couplée à une hausse des volumes des ventes, Lesieur Cristal a enregistré une amélioration de 43% de son chiffre d’affaires à 5,2 Mds de DH. Pour sa part, le groupe sucrier Cosumar a marqué une progression de ses revenus de 1,1 Md de DH à fin septembre 2022. Une évolution portée spécialement par la croissance du chiffre d’affaires à l’export. Les ventes se sont situées à 570.000 à fin septembre 2022, contre 483.000 à la même période de l’année passée.
Pour CDG Capital Insight, la performance des entreprises agroalimentaires cache une certaine disparité qui dépendrait de leur capacité à répercuter la hausse des coûts auprès des ménages. En effet, ces derniers pourraient privilégier les produits de base, ce qui engendrerait une baisse de la demande sur les autres produits.
« Pour 2023e, la légère baisse prévue des coûts des intrants et du coût de transport devrait permettre aux sociétés agroalimentaires de voir leurs marges s’améliorer légèrement », selon la même source.
Mais selon nombre des économistes, ces sociétés devront continuer à composer avec l’inflation qui ne se tasserait que sur trois à quatre ans, pour revenir à son niveau normal.
Bien évidemment, face au climat d’incertitude mondial, la vigilance reste de mise pour ce secteur vital pour les consommateurs, et qui tire très bien son épingle du jeu.
Le consommateur lui, croise les doigts pour que de nouveaux chocs ne viennent pas faire chavirer le pouvoir d’achat déjà érodé par la hausse répercutée sur les prix à la vente.