L’année 2023 s’annonce difficile pour plusieurs secteurs notamment celui du BTP. Cette locomotive de l’économie marocaine passe par des zones de turbulences depuis la crise sanitaire et qui se sont accentuées avec la crise ukrainienne. Le secteur n’est pas parvenu à sortir la tête de l’eau.
Chiffres à l’appui, les entreprises opérant dans le secteur cotées à la bourse de Casablanca ont perdu courant l’année 2022 -34,98% contre une baisse du marché de seulement 19,75%. C’est ce qui ressort d’une récente note de CDG Capital insight sur les perspectives du marché Action face à des enjeux systémiques.
Et les prévisions pour 2023 ne sont pas rassurantes. Pour le début de l’année, l’analyse faite sur le secteur prévoit un repli de l’activité. « Cette baisse de l’activité est due au risque accru de récession à l’international, une campagne agricole qui démarre avec un retard des précipitations, et des coûts de construction élevés résultant du contexte inflationniste. L’ensemble de ces éléments nous poussent à être prudents quant à l’évolution de la valorisation des opérateurs opérant dans le secteur du BTP », précise la note de CDG Capital.
Les analystes ont revu à la baisse leurs cours cible par rapport à la dernière publication « 2022, le secteur BTP à l’épreuve de plusieurs défis- juillet 2022 » en réponse principalement à l’évolution récente des ventes de ciments (baisse de 10,6% à fin décembre 2022 alors qu’ils avaient prévu un repli de 3,5% pour toute l’année) et la hausse du taux directeur.
Le seul groupe qui sort du lot, Sonasid. « Nous avons en effet revu à la hausse la valorisation du groupe et ce suite au démarrage de la production de la fibre d’acier à partir du second semestre de l’année 2022. Il est vrai que les perspectives du secteur pour l’année à venir sont négatives, néanmoins certaines entreprises affichent une résilience, grâce à leurs stratégies de diversification ou encore au contexte inflationniste », lit-on dans la présente note.
Immobilier : 2023, fin de l’engouement ?
Après une année de forte reprise (2021) et de réalisations records, le secteur immobilier fait face en 2023 à des défis majeurs.
En effet, après une année 2021 qui a battu tous les records en termes de statistiques immobilier avec 459.766 transactions selon CDG Capital, soit une hausse de 51% comparé à 2020 et de 29% comparé à l’année 2019, 2023 s’annonce moins enthousiaste.
Rappelons que parmi les raisons du boom en 2021, le report des ventes de 2020 (année de confinement) sur 2021, la prolongation de l’exonération et la réduction des droits d’enregistrements relatifs à l’acquisition d’un bien immobilier, et enfin l’attrait des taux immobiliers. Des faits qui ne risquent pas de se reproduire.
« L’année 2023 devrait toutefois marquer la fin de cet engouement, suite à des perspectives économiques moroses comme en témoigne la baisse des mises en chantier des unités de 13,6% au S1 2022 comparé au S1 2021 », prédisent les analystes.
Conjoncture internationale toujours marquée par la guerre en Ukraine, niveaux élevés d’inflation, redressement des taux d’intérêt et ralentissement économique…, autant de facteurs qui risquent d’impacter sérieusement le secteur immobilier au Maroc.
« En effet, durant l’année 2022 le secteur immobilier a été confronté à des problèmes de chaîne d’approvisionnement, à une augmentation des coûts de constructions et à des coûts de financement plus élevés. Ainsi, la construction de logements au Maroc a baissé au S1 2022, principalement en raison des contraintes de la chaîne d’approvisionnement et de l’inflation des coûts. Selon les derniers chiffres publiés par le ministère d’habitat, la production en logements et lots a chuté de 8,8% comparé au S1 2021 », rappelle la note.
Pour l’année 2023, les analystes de CDG Capital tablent sur une baisse des tensions sur certains produits en raison de la baisse de la demande à l’étranger et du repli des coûts de l’énergie. L’allégement de la chaine d’approvisionnement permettrait une croissance de la production de la construction, néanmoins l’inflation vécue ces deux dernières années pourrait continuer à affecter l’industrie dans son ensemble au cours de l’année à venir.
« L’industrie de la construction pourrait continuer à ressentir les effets de la hausse des prix de l’acier, du ciment, du bois et du carburant. En conséquence, l’industrie pourrait connaître des retards dans l’achèvement des projets, une augmentation des coûts de construction et une réduction des marges bénéficiaires. Du côté de la demande, nous relevons des inquiétudes concernant la demande des ménages. Cette préoccupation est due aux impacts de la hausse persistante de l’inflation sur les revenus réels des ménages et de la hausse des taux d’intérêt qui devraient impacter les dépenses des consommateurs, freinant ainsi le rythme de la progression de la demande potentielle en logements », précise CDG Capital.
En l’occurrence, la hausse du budget d’investissement devrait compenser partiellement cette faible demande du secteur immobilier.
Rappelons que la LF 2023 table sur la relance de l’économie à travers le soutien de l’investissement avec une augmentation de 22,4% du budget d’investissement soit un montant de 300 Mds de DH.
Le lancement de plusieurs projets de grande envergure opérant dans différents secteurs devraient, selon les analystes, de compenser partiellement la faible demande en logement, comme en témoignent l’augmentation des ventes de ciments du segment infrastructures de 7,2% à fin janvier 2023.