Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Concernant l’activation ou pas du mécanisme d’indemnisation par le Fonds contre les Évènements Catastrophiques (FSEC) suite aux inondations de Casablanca, la Primature n’a toujours pas reçu de demande à ce sujet. Ce qui est sûr c’est qu’un rapport d’expertise technique réalisé par Lydec à la demande du Conseil de la Ville serait à l’étude. Révélations sur l’état d’avancement du processus.
Il y a environ 2 mois, Casablanca s’est retrouvée submergée par les eaux après une semaine de pluies torrentielles. Conséquences, des inondations qui vont marquer l’histoire de la Capitale économique en raison de l’ampleur des dégâts matériels causés (inestimables jusqu’à aujourd’hui), des vies humaines perdues suite aux effondrements des habitats menaçant ruine (fragilisés par les pluies) ainsi que des dommages causés aux biens, marchandises et infrastructures.
Un cauchemar pour des centaines de victimes qui, à date d’aujourd’hui, ne savent pas à quel saint se vouer pour réparation des dommages subis. La responsabilité des conséquences des événements de Casablanca n’étant toujours pas identifiée, les victimes, dont certaines ont tout perdu alors que d’autres se sont retrouvées sans toit du jour au lendemain, restent livrées à elles-mêmes.
Leurs doléances sont-elles tombées aux oubliettes ? Une question qui nous taraude face au mutisme du gouvernement à ce sujet. Il faut dire que ça ne nous étonne pas plus que ça connaissant l’art d’esquive du gouvernement dans la gestion de telles crises. Mais c’en est de trop pour les victimes. Un jour, il va bien falloir identifier les responsabilités de tout un chacun et de procéder à l’indemnisation des victimes.
Et le premier concerné est bien le Chef du gouvernement qui est attendu sur la question de l’activation du mécanisme du Fonds contre les Évènements Catastrophiques (FSEC).
Rappelons que l’intervention de ce dernier repose sur le décret du Chef du gouvernement relatif à une déclaration de survenance de l’événement catastrophique et publié au bulletin officiel conformément au décret n° 2-18-785.
Nous apprenons de source sûre que jusqu’à présent, la chefferie du gouvernement n’a reçu aucune demande pour se prononcer sur la question. En d’autres termes, le Chef de gouvernement attend que la commission de suivi, présidée par le ministère de l’Intérieur, le saisisse pour statuer.
Sauf qu’à la lecture de l’article 11 du Décret n° 2-18-785 pris pour l’application de la loi n° 110-14 instituant un régime de couverture des conséquences d’évènements catastrophiques, c’est le contraire qui doit se produire.
« La commission de suivi est saisie par le Chef du gouvernement d’office ou à l’initiative de l’autorité gouvernementale chargée de l’Intérieur afin de donner son avis sur le caractère catastrophique de l’évènement dont elle est saisie », stipule ledit article.
C’est même le Chef du gouvernement qui désigne les membres de la Commission de suivi visés pour une durée de quatre (4) ans renouvelable comme stipulé dans l’article 7 dudit décret.
Il semble que l’application de cette nouvelle loi adoptée en novembre 2019 n’est toujours pas très claire. Du moins c’est le sentiment ambiant suite aux échanges que nous avons eus avec des personnes impliquées directement dans ce process. Il est clair que ce premier exercice du FSEC requiert un peu de temps. Mais ce qui n’est pas normal, encore une fois, c’est le manque de communication.
La question de l’activation ou pas du processus de déclenchement de la Commission par le ministère de l’Intérieur demeure donc entière.
Nonobstant, nous avons appris de source proche des autorités locales de Casablanca que Lydec a préparé et transmis au Conseil de la Ville un rapport de l’expertise technique des évènements qu’a connus la métropole économique comme demandé par le Maire de la ville de Casablanca Abdelaziz El Omari. Une info confirmée par notre source après du Chef de gouvernement.
Actuellement ce rapport serait en étude par le Conseil de la ville ainsi que par le département de l’Intérieur. Nous ignorons toujours s’il s’agit de la Commission prévue par l’article 9 du Décret n° 2-18-785 ou d’une autre commission.
Autant de questions qui demeurent sans réponses faute de communication suffisante de la part du gouvernement. Et pourtant, la décision aurait dû être prise. Rappelons que le Directeur du FSEC, Abderrahim Chaffai, interpellé juste après les évènements de Casablanca, nous avait affirmé que : « l’état de déclaration de catastrophe n’est pas instantané mais se décrète quelques jours après la survenue des événements. La commission doit disposer de tous les éléments pour pouvoir se prononcer. La décision doit toutefois être rationnelle et justifiée ».
Or nous sommes à pratiquement 2 mois de la survenue de ces événements et c’est toujours le flou total. Il va bien falloir activer un jour cet outil que le gouvernement a mis en place et auquel tous les citoyens, disposant d’une assurance, contribuent. Sinon à quoi bon continuer à financer un Fonds qui, in fine, ne va pas servir à indemniser.
On est même tenté de croire que le gouvernement éviterait d’ouvrir cette porte de l’indemnisation notamment en cette période de crise où les ressources financières se font de plus en plus rares. Une communication claire à ce sujet aurait évité toutes ces spéculations. A bon entendeur !