La crise sanitaire a mis à l’évidence l’enjeu d’un système de santé publique. Face à la pandémie les pays ont dû repenser leur manière d’appréhender la santé publique. L’Institut CDG a consacré son 9ème webinaire à la politique de santé publique.
La crise du Covid a mis à rude épreuve les systèmes de santé à travers le monde. Elle a obligé les états à repenser leur manière d’appréhender la santé publique. De l’avis de nombreux acteurs nationaux, c’est une expérience sans précédent et extrêmement complexe, comportant de nombreuses ramifications économiques, sociales et sécuritaires.
L’Institut CDG a clôturé l’édition 2020 de son cycle de conférences « Regards vers le futur » par l’organisation du neuvième webinaire sous le thème : « Repenser les déterminants de la politique sanitaire ».
Des experts en la matière ont débattu sur les déterminants de la politique sanitaire et sur comment le système sanitaire national doit être en mesure d’absorber ces nouveaux chocs tout en maintenant la prise en charge des besoins sanitaires et des demandes de soins des populations. Partant, il apparait que l’extension de la couverture de santé est un enjeu indispensable mais non suffisant.
La crise sanitaire actuelle a eu des répercussions négatives sur les plans économique et social mais peut aussi être considérée comme une excellente opportunité pour mener à bien une réforme complète et profonde du système de santé marocain. « Cette crise pour moi est l’occasion de nous permettre de s’interroger sur la place de la santé globale dans la vie des hommes, dans la vie de notre organisation et la vie de notre société » indique Gabriel Malka estimant qu’il est nécessaire aussi de bien comprendre les enjeux et les concepts de la promotion de la santé et du développement durable.
Il est aujourd’hui important de construire un système qui soit maroco-marocain avec une politique marocaine et que le Maroc invente un système qui lui soit propre en prenant en compte sa culture et ses spécificités. Parmi les pistes évoquées, on notera les points suivants :
- le développement de la recherche en matière de santé, dont les investissements restent faibles, à travers un rapprochement entre les industriels et le monde universitaire. Gabriel Malka a donné pour exemple l’université Mohammed VI polytechnique qui s’est construite autour de pôle de recherche et de recherche appliquée ;
- la régionalisation de la santé car chaque région a ses spécificités et ses pathologies et il est important de donner des moyens aux régions pour répondre aux besoins de santé des populations locales ;
- la formation des personnels de santé dans les régions où ils habitent pour les inciter à rester dans leurs régions, ceci favorisera ainsi un maillage du territoire ;
- un besoin de financement supplémentaire pour répondre aux défis qui se présentent en matière de santé, travers notamment la fiscalité. « Réformer le système de cotisation pour la santé et mobiliser les droits d’accises sur les produits néfastes à la santé peut apporter des financements supplémentaires », indique Bert Brys ;
- la mise en place d’un Institut de veille sanitaire qui permettra, notamment, de prévoir les futures épidémies ;
- « l’architecture institutionnelle doit être repensée pour qu’il n’y ait plus de dilution de responsabilité », indique Saad Taoujni qui pointe du doigt le nombre important d’intervenants dans le milieu de la santé et qui pose un problème de gouvernance institutionnelle.
« La santé est la résultante de l’ensemble des conditions dans lesquelles les personnes naissent, grandissent, travaillent et vieillissent », indique Rajae El Aouad. En effet, la santé d’un individu ne dépend pas du système de santé qui est mis en place mais d’un ensemble de déterminants, à savoir le contexte politique, économique, socio-culturel d’un pays, son mode de gouvernance, les différentes politiques menées en matière d’éducation, de protection sociale et les normes et cultures dans lesquels l’individu évolue. Le système de santé est un déterminant parmi d’autre et fait partie d’un environnement qui au préalable a fait en sorte à ce qu’il soit efficace et réponde aux besoins de la population.
Azeddine Ibrahimi a rassuré l’auditoire quant à la décision par le Maroc de choisir le vaccin de la firme chinoise Sinopharm Beijing et pour lequel le Maroc a participé aux essais cliniques. Il a, en effet, expliqué qu’ « il n’y avait pas de diversité génétique entre la souche utilisée par le vaccin de Sinopharm et les souches existantes au Maroc ».