Interviewée par L. Boumahrou |
Depuis sa création en 2011, la Fondation Ababou intervient sur 2 chantiers de développement à savoir la réinsertion de la jeunesse marocaine démunie par l’employabilité et l’autonomisation financière des femmes. Avec environ 200 bénéficiaires par an, pendant 12 ans, quelque 2.400 jeunes femmes et jeunes homme ont bénéficié d’au moins un programme de développement en éducation-formation, en entrepreneuriat ou encore en insertion professionnelle. Nous sommes partis à la rencontre de la présidente de la Fondantion Ababou, Joumala Ababou, une femme discrète qui a fait de l’associatif une raison d’être.
EcoActu.ma : comment vous est venue l’idée de création d’une association ?
Joumala Ababou : l’idée de créer une association émane de l’envie de poursuivre l’œuvre caritative historique de la famille et surtout pour structurer cette œuvre de bienfaisance avec une vision non plus de charité au sens de donations ponctuelles ; mais par une action visant à briser le cercle vicieux de la pauvreté à travers la pérennisation de l’accès aux revenus. Autrement dit, il ne faut pas donner un poisson à un pauvre mais lui apprendre à pécher.
Quant à l’appellation, il s’agit d’une fondation familiale qui vise à perpétuer les valeurs sociales et humaines de mon grand-père, chambellan du roi Moulay Youssef.
La Fondation Ababou œuvre essentiellement sur 2 chantiers de développement à savoir la réinsertion de la jeunesse marocaine démunie par l’employabilité et l’autonomisation financière des femmes. Pourquoi ce choix ?
La jeunesse, d’abord parce que c’est la plus grande ressource de notre royaume; avec des valeurs formidables de la famille, de la joie, de la bonne humeur et cette dynamique-là, il faut la booster, en tirer le meilleur parti qui ne peut pas être gâché par la condition sociale de naissance ou par des parcours d’échec. Bref des obstacles tels que l’échec scolaire, le chômage. C’est pourquoi notre cheval de bataille c’est le coaching pour transformer l’échec en opportunité et des jeunes désorientés en acteurs économiques et sociaux, et au-delà en des citoyens responsables capables d’apporter le changement par eux-mêmes dans leur vie et dans celle de leurs communautés.
Quant aux femmes, comment ne pas travailler avec elles ? Elles représentent 50% de la population nationale et donc 50% du potentiel socio-économique; elles portent la lourde responsabilité de l’éducation de par leur rôle de maman. Leur contribution financière dans le foyer va à la scolarité des enfants, et va aux soins de santé. La femme, la maman est économe, résiliente, créative.
Par ailleurs, beaucoup trop de femmes continuent à subir toutes les formes de violences basées sur le genre. Alors, elles doivent connaître leurs droits pour être en mesure de les invoquer. Elles doivent accéder au marché du travail rémunéré pour remplir pleinement leur devoir citoyen et également pour jouir pleinement de leurs droits à une vie digne. Je suis tentée de dire que les femmes ne sont pas des bénéficiaires des programmes de développement humain mais elles en sont les actrices et les partenaires incontournables.
Depuis sa création en 2011, quelles sont les principales réalisations de la Fondation ?
Chaque année, la fondation accompagne 200 bénéficiaires, soit 2400 jeunes femmes et jeunes hommes qui ont bénéficié d’au moins un programme de développement en éducation-formation, en entreprenariat ou encore en insertion professionnelle en 12 ans.
En termes de programmes, les réalisations majeures résident dans la création d’un centre de formation par apprentissage CFA, un incubateur social, une trentaine de projets portés par les bénéficiaires et un taux d’insertion professionnelle de 75 % durant les 3 dernières années.
En termes de plaidoyer, une campagne contre le harcèlement des femmes dans l’espace public, et plus globalement contre la violence basée sur le genre, mais aussi une large campagne pour l’égalité professionnelle femme-homme a été menée par la fondation.
Les jeunes figurent parmi les priorités de la Fondation ces 4 dernières années. Concrètement comment la Fondation contribue-t-elle à leur insertion professionnelle ?
Cela se concrétise à travers le choix des programmes, à fort impact, dans l’éducation (des formations professionnelles), dans l’autonomisation économique des jeunes et femmes (l’incubateur WinWin avec 2 parcours, l’un en entrepreneuriat et l’autre en employabilité) et surtout le développement personnel des bénéficiaires (les life skills, la confiance en soi….).
Globalement notre action s’inscrit dans le développement des compétences professionnelles des jeunes mais surtout dans le renforcement de leurs compétences personnelles à travers le coaching.
C’est ainsi que les jeunes arrivent sur le marché avec des profils « employables » au niveau professionnel (renforcé des stages, des formations…) et au niveau personnel (des jeunes plus confiants, plus motivés avec les bons codes du monde du travail).