La rentabilité financière de l’ensemble des secteurs a connu une tendance globalement baissière expliquée en somme par le repli de la rentabilité économique (ROCE). Le levier financier n’a pesé que de façon secondaire par rapport aux autres facteurs exogènes.
Ladite étude examine les entreprises des secteurs cotés hormis les financières et les services. Le but ultime est de mettre en évidence les différents facteurs qui sous-tendent les évolutions de leur performance financière. Les auteurs passent en revue l’évolution des indicateurs financiers sur une période allant de 2008 à 2019 des secteurs BTP, Industrie, NTIC et Télécom.
L’étude de l’évolution des différents indicateurs financiers de chaque secteur permet de relever les conclusions suivantes :
- La rentabilité des différents secteurs reste fortement impactée par des facteurs exogènes ;
- Le contexte macroéconomique global qui a suivi la crise financière mondiale depuis 2008 a eu un effet prononcé sur la demande et a particulièrement affecté le secteur industriel et le BTP ;
- Les prix des intrants et, plus particulièrement la facture énergétique, déterminent dans une large mesure les niveaux de rentabilité. Ainsi, la décompensation du fuel a eu un impact significatif sur la performance du secteur industriel ;
- L’évolution des niveaux d’endettement montre que l’utilisation du levier financier reste globalement stable, si ce n’est des variations ponctuelles et anecdotiques, comme pour le secteur du BTP.
En somme, le levier financier n’a pesé que de façon secondaire par rapport aux facteurs exogènes cités plus haut.
Le poids relatif de ce facteur devra faire l’objet d’une étude quantitative plus approfondie. D’après les analystes de CDG Capital, ceci ne signifie pas que celui-ci n’existe pas, mais que pour la période étudiée, les grandes évolutions ont plus traduit des tendances systémiques que idiosyncratiques, sauf pour le secteur des Telecom, qui en soi est une composante particulière de l’économie marocaine ayant connu l’élan de croissance que connaîtrait l’introduction d’une nouvelle technologie à usage grand public.
Ces observations d’ordre général cachent un certain nombre de disparités et de particularités sectorielles :
Le secteur des Télécoms se caractérise par une forte rentabilité qui dénote par rapport aux benchmarks internationaux. Cette rentabilité a toutefois été en baisse constante pendant la dernière décennie, suite à un environnement fortement concurrentiel et au processus de maturation du marché intérieur qui a ni par atteindre de forts taux de pénétration. Elle a permis par ailleurs au secteur d’assurer un taux de distribution de dividendes très élevé, et d’utiliser l’effet de levier a n de financier un cycle de croissance externe à l’international mené par IAM.
Le secteur BTP, comparé aux autres secteurs cotés, affiche la rentabilité la plus faible, soit 10% en 2019 (contre 27% en 2008). Cette faible rentabilité reflète à notre sens la crise que traverse le secteur immobilier depuis l’année 2011. En effet, la faible demande en logements et en projets d’infrastructures, conjuguée à une structure nancière affaiblie par un fort levier, ont eu des effets négatifs sur l’ensemble du secteur, impactant fortement les niveaux d’utilisation des outils industriels (Ciments & Sidérurgie) et par ricochet leur profitabilité. Néanmoins, l’année 2015 marque un nouveau tournant pour le secteur BTP en termes de rentabilité, grâce aux plans de restructurations agressifs en termes de recapitalisation et d’assainissement des bilans.
Le secteur Industriel coté est un secteur très hétérogène en termes de nature d’activité, de taille, ou de caractéristiques financières. Néanmoins nous nous permettons de relever certaines observations d’ensemble. L’analyse de ses indicateurs financiers révèle une rentabilité moyenne assez comparable aux benchmarks internationaux. La forte rentabilité du sous-secteur Énergie s’explique plutôt par la nature de l’activité au Maroc qui consiste principalement en la distribution de carburants.
L’évolution de cette rentabilité au cours des dix dernières années reflète le comportement d’un secteur assez tributaire de facteurs exogènes, tels que les prix des intrants ou encore des cadres réglementaires avec l’effet de la décompensation. Le secteur Industrie représenté à la bourse de Casablanca (hors les minières) reste un secteur qui fait peu usage du levier financier, à l’image du faible taux d’investissement.
Contrairement aux autres secteurs, les NTIC ont connu une bonne dynamique de croissance ces dernières années. En effet, depuis 2011, le secteur connait globalement une tendance haussière de la rentabilité financière qui a profité de la transformation digitale, du fort développement du paiement électronique couplé à une gestion efficiente des charges. Nous soulignons tout de même que cette rentabilité demeure fortement impactée par la conjoncture internationale du fait de la nature de la clientèle du secteur et par l’effet de change. Par ailleurs, l’utilisation du levier financier demeure faible, ce qui laisse de la marge pour un éventuel recours à de la dette pour financier un effet d’échelle plus important ou éventuellement de la croissance externe.
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