Les ophtalmologues sont en grève ce lundi 3 juin pour dénoncer un amendement du projet de la 13-45 jugé dangereux pour la santé « ophtalmologique » des Marocains. L’article 6 de la loi divise.
Le corps médical continue de faire les choux gras de l’actualité. Après le bras de fer avec les organismes gestionnaires de santé (CNSS et CNOPS) sur la prise en charge de l’AMO ou encore les césariennes et après la polémique avec le Secrétaire général du ministère des Finances, c’est désormais entre professions que les choses se corsent.
En effet, depuis quelques jours le torchon brûle entre les ophtalmologues et les opticiens. La raison est le projet de loi 13-45 relatif à l’exercice des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle notamment dans la partie concernant la santé des yeux. Le Syndicat national des ophtalmologues libéraux du Maroc (SNOLM) dénonce le fait que la profession n’ait pas été associée à la préparation dudit projet, qui a déjà été approuvé par la Chambre des parlementaires dans sa première phase.
Mais pas seulement, si les ophtalmologues montent aujourd’hui au créneau, c’est pour dénoncer un nouveau virement dans les discussions. Rappelons qu’une commission technique avec les représentants du ministère de la santé et du SGG (Secrétariat général du gouvernement) avait été constituée pour procéder au déblocage des membres de la commission sociale de la chambre des conseillers et trancher sur l’article 6 du projet de loi 45-13.
Il était question d’enlever toutes les exceptions de l’Article 6 pour se référer à l’article 4 qui impose l’ordonnance médicale à l’exécution de lunettes optiques par les opticiens-lunetiers.
Sauf qu’à la grande surprise des ophtalmologues une proposition d’amendement de dernière minute et non étudiée au préalable (d’après un communiqué du Syndicat) a été glissée au niveau des textes validés initialement par la commission technique nommée lors du vote de la commission sociale de la chambre des conseillers.
Une proposition qui autoriserait les opticiens à faire la mesure de la réfraction ainsi que l’adaptation des lentilles de contact. Chose que contestent les ophtalmologues jugeant cette mesure d’institutionnalisation de l’exercice illégal de la médecine.
Le Syndicat rappelle dans un communiqué que l’adaptation de lentilles de contact n’est même pas réservée aux ophtalmologues dans les pays développés, mais plutôt à un contactologue.
Ali Zaroury, Président SNOLM, tire la sonnette d’alarme sur les risques qu’encourent les citoyens en autorisant les opticiens à faire de la contactologie qui reste un acte purement médical et complexe. Parmi les complications susceptibles de survenir d’après le SNOLM : l’abcès de cornée et cécité. « Remettre entre les mains des opticiens, commerçants, sans aucune attribution ni formation médicale professionnelle, la santé visuelle des citoyens marocains constitue une violation de la loi 131-13 de l’exercice de la médecine au Maroc », précise les ophtalmologues.
« Pour cela, le SNOLM a décidé de tenir aujourd’hui lundi 3 juin une grève avec un sit-in devant le ministère de la Santé. Et en cas où ledit projet de loi soit voté avec la mouture actuelle, nous comptons tenir une série de grèves après Aid El Fitr », a déclaré Ali Zaroury.
Affaire à suivre !