2023 s’annonce relativement difficile compte tenu des retombées de la sécheresse sévère de la campagne précédente, du renchérissement du coût de financement en lien avec le basculement vers une politique monétaire moins accommodante à partir du T4-2022, de la poursuite du ralentissement de la demande intérieure sous l’effet d’un maintien des prix des produits de base à des niveaux exceptionnellement élevés, de la décélération de la demande extérieure adressée au Maroc et du maintien des prix des matières premières à des niveaux élevés quoiqu’en légère baisse.
Dans un climat mondial marqué par des niveaux d’inflation exceptionnellement élevés, une situation géopolitique difficile et un resserrement des politiques budgétaires et monétaires, l’économie nationale a connu une nette décélération en 2022 en raison de l’exacerbation des pressions inflationnistes sur les cours mondiaux des matières premières en lien avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie et du retard important constaté en matière de pluviométrie.
En effet, la valeur ajoutée agricole se serait contractée de 15,6% en 2022E, impactée par une baisse de la production céréalière non-irriguée, fortement tributaire des aléas climatiques. La production céréalière s’est établie à 34 MQx en 2022, en repli de 67% comparée à la campagne précédente ayant enregistré un niveau record de 103 MQx et en baisse de 55% par rapport à la moyenne normative de 75 MQx enregistrée sur la période 2008-2019.
Après un rebond éclair de la croissance économique en 2021 (+7,9% vs. -7,2% en 2020), la croissance économique aurait été contenue à seulement 1,3% en 2022E , un niveau largement inférieur à son rythme tendanciel de 3,5%.
L’année 2023 E s’annonce relativement difficile compte tenu (i) des retombées de la sécheresse sévère de la campagne précédente, (ii) du renchérissement du coût de financement en lien avec le basculement vers une politique monétaire moins accommodante à partir du T4-2022, (iii) de la poursuite du ralentissement de la demande intérieure sous l’effet d’un maintien des prix des produits de base à des niveaux exceptionnellement élevés, (iv) de la décélération de la demande extérieure adressée au Maroc et (v) du maintien des prix des matières premières à des niveaux élevés quoiqu’en légère baisse.
Tenant compte d’une éventuelle hausse de la valeur ajoutée agricole de 9% et d’une progression de 2,7% de la valeur ajoutée non-agricole (telles que prévues par le HCP) le taux de croissance du PIB au Maroc devrait légèrement s’accélérer et s’établir autour de 3,3% en 2023E, un niveau toutefois inférieur au taux de croissance moyen enregistré sur la période 2000-2019.
L’élan réformateur qui a permis de réduire de façon significative le déficit budgétaire entre 2012 et 2019 (d’un plus haut historique de 6,8% du PIB en 2012 à 3,3% en 2019), grâce notamment à la réforme graduelle du système de compensation, a été perturbé par l’avènement de la pandémie COVID-19.
Sous l’effet de la crise économique causée par la COVID-19, le déficit budgétaire s’est considérablement détérioré en 2020, s’établissant à 7,6% du PIB. A partir de 2021, nous avons assisté à un redressement progressif du solde budgétaire qui s’est établi à -5,5% du PIB en 2021 puis à -5,1% en 2022.
Dans une année marquée par une forte augmentation des prix des produits subventionnés, notamment le gaz butane, l’Etat a eu davantage recours aux mécanismes de financement innovants (titrisations, sale and lease-back, privatisations etc.) afin de contrebalancer l’augmentation des charges de compensation (+100% et 3% du PIB vs. 1,7% du PIB en 2021) et de facto respecter l’exécution de son budget tout en veillant à s’inscrire dans une dynamique d’amélioration tendancielle du solde budgétaire.
En 2023E , le déficit budgétaire devrait continuer de s’alléger pour s’établir à -4,6% du PIB, selon la Banque Centrale. – En 2023E , nous devrions assister à une amélioration de la balance des biens et services grâce à (i) l’allègement de la facture énergétique en lien avec la baisse des cours des hydrocarbures à l’international, (ii) l’atténuation des pressions inflationnistes sur les cours des matières premières et les prix des produits finis, (iii) la baisse des importations de blé grâce à une meilleure saison agricole compte tenu des niveaux de précipitations relativement élevés enregistrées en ce début d’année, (iv) maintien des transferts des MRE à des niveaux avoisinant les 105 Mds de DH (selon Bank Al-Maghrib), (v) la poursuite de la dynamique positive des métiers mondiaux du Maroc et (vi) l’optimisation des conditions de financement à l’international suite à la sortie du Maroc de la « liste grise » du GAFI en février 2023.
Compte tenu de ces évolutions, les réserves de changes devraient s’établir à un niveau confortable soit 6 mois d’importations en 2023E (versus 5mois et 16 jours en 2022), selon BAM.