Chaque jour qui passe, une fédération tire la sonnette d’alarme sur son état de détresse à cause de la pandémie du Covid-19. La tâche est certes ardue, mais l’Etat interventionniste ne doit pas échouer à sauver son tissu économique au risque de voir se déclencher une crise sociale sans précédent.
Depuis la prise de conscience d’une crise sanitaire sans précédent au Maroc et l’adoption de mesures draconiennes pour limiter et contenir la propagation de la pandémie du Covid-19, tous les regards sont braqués sur le tourisme, l’aérien et le textile comme étant les secteurs les plus exposés et les plus vulnérables. En cause : des frontières qui se ferment, des avions cloués au sol et, par ricochet, une activité à l’arrêt. Mais, ils sous estiment que les chaînes d’approvisionnement des industries subissent de plein fouet l’effet de la pandémie et qu’un bon nombre d’entreprises relevant de secteurs d’activité variés commencent d’ores et déjà à réfléchir comment réduire la voilure. Chaque jour qui passe, une fédération tire la sonnette d’alarme sur les conséquences socio-économiques fâcheuses de la pandémie sur tout un secteur.
Un malheur ne vient jamais seul
Ces fédérations chapeautent des activités qui, même en temps de sècheresse et quand l’agriculture nous joue un mauvais tour, ne parviennent pas à sauver la mise et driver la croissance de l’économie. Chaque année, le PIB non agricole est en deçà des attentes pour des problèmes liés à la compétitivité, à l’innovation, à la faiblesse de la R&D. Aujourd’hui, l’heure est plus grave. En un clin d’œil, l’économie mondiale a changé de visage et la crise qu’elle couve, bien que ses éléments déclencheurs soient identifiés, reste difficile à contourner et à contenir, du moins dans un délai connu de tous, son impact sur l’économie réelle. Outre la crise sanitaire, sur le plan national, nous constatons un sérieux déficit pluviométrique au cours des derniers mois qui augure d’une mauvaise campagne agricole dont les prémisses ont déjà poussé le ministère de tutelle à mettre en œuvre un plan d’urgence pour pallier le manque d’eau et éviter tant soit peu le scénario catastrophe.
Pour un Etat interventionniste
A ce titre, dans une conjoncture déprimée aussi bien sur le plan national qu’international, l’Etat plus qu’un régulateur est appelé à jouer le rôle d’interventionniste pour limiter les dégâts. Les risques sont énormes et les attentes le sont plus. Dans cette foulée, l’Etat est appelé à ratisser plus large et mettre en place des mesures socio-économiques importantes pour sauver des pans entiers de l’économie. Parce qu’hormis le secteur agricole qui devrait afficher une diminution de sa valeur ajoutée en volume d’environ 3% en raison des conditions climatiques, les autres secteurs devraient pâtir des dégâts causés par le Coronavirus. D’après les estimations des conjoncturistes, en dehors des secteurs de l’hébergement et la restauration qui se hissent au sommet du podium des activités sinistrées, d’autres devraient marquer le pas et leur valeur ajoutée globale connaîtrait une stagnation en glissement annuel. Grosso modo ce n’est pas la joie et plusieurs activités peinent à trouver des marchés ou sont bloquées par manque d’approvisionnement en matière première ou intermédiaires et d’autres sont quasiment à l’arrêt comme Renault ou PSA.
La liste n’est pas exhaustive
Nous pouvons par ailleurs citer l’industrie extractive qui devrait subir l’impact du rétrécissement des marchés extérieurs induit par l’effet dépressif de l’économie mondiale. Les secteurs de l’agroalimentaire dont certaines entreprises sont handicapées par la disponibilité de l’emballage qui bloque à son tour la chaîne de la production. En dehors même de l’aérien stricto sensu, dans le secteur du transport, les autres services de transport ferroviaire et routier doivent connaître un vrai ralentissement et afficher des résultats en nette baisse. Ajoutons à cela, les activités liées à la communication qui en cas de crise sont les premières à payer le lourd tribut. Le premier budget à sacrifier dans les temps durs sont ceux relatifs au marketing, à la communication et à la publicité.
Passer en revue tous les secteurs qui seront impactés par la pandémie n’est pas une mince affaire à cause des effets collatéraux induits.
Une chose est sûre : dans cette nouvelle configuration qui se dessine et où pratiquement tous les secteurs battent de l’aile, la contribution des industries manufacturières ou autres seraient plus modestes que d’habitude et se situeraient en deçà de 2% au terme de l’année en cours.
Les enseignements à tirer de cette crise sanitaire sont certes nombreux pour une économie comme la nôtre qui peine à trouver un sentier de croissance durable et inclusive mais à mon humble avis, le plus important est la réduction de la dépendance aussi bien de la pluviométrie que celle de l’extérieur. Si au cours des dernières années, cette doléance n’a pas eu le mérite escompté, il est fort probable que les politiques en prennent conscience en pleine refonte du modèle de développement économique. Cela ne signifie pas pour autant vivre en autarcie et renier la mondialisation mais bien bâtir son tissu économique interne et développer le processus de substitution aux importations. Le Maroc fera ainsi d’une pierre deux coups : affronter la concurrence étrangère et s’autosuffire en cas de crise sanitaire ou autre. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
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