L’année 2022 s’avère un exercice économique difficile pour le Maroc, au regard des effets de la sécheresse et de l’inflation importée. La Guerre Russo-Ukrainienne continue d’impacter le pouvoir d’achat du Citoyen Marocain, malgré certaines mesures gouvernementales visant l’atténuation de la flambée des prix au niveau national.
En l’absence d’une politique gouvernementale durable et intégrée, les actions socio-économiques menées restent limitées dans le temps et dans l’espace. La durabilité de l’action est effet une composante essentielle de tout projet socio-économique, et cela ne peut être réalisée sans l’opérationnalisation du pacte national autour du Nouveau Modèle de Développement. En l’absence de vision claire, les opérations menées resteront à faible impact local sur le citoyen.
Quant à l’incitation à l’entrepreneuriat auprès des jeunes, les mesures prises restent en deçà des attentes. A titre d’exemple, le Programme « Al Forsa » ne pourra faire émerger une nouvelle génération de jeunes porteurs de projets, vu son enveloppe financement limitée à Cent Mille Dirhams, en plus de la lenteur de la procédure d’octroi de la somme de financement et qui reste très limitée pour le lancement même d’une petite affaire locale. En effet, les Business Plans des Autoentrepreneurs et Très Petites Entreprises (TPE) dépassent dans la majorité des cas le budget annoncé par le Gouvernement dans le cadre de ce Programme (entre 300 000 et 1 000 000 DH).
S’agissant de l’amélioration du Revenu, elle ne devrait être limitée qu’à la population démunie et précaire. Si l’on observe au Maroc certaines mesures gouvernementales qui visent le soutien de la classe ouvrière à travers l’augmentation du SMIG/SMAG ou l’amélioration de la pension des retraités, la classe moyenne reste très impactée par la succession de crises qu’à connu le Pays depuis Mars 2020, allant de la crise sanitaire liée à la propagation du coronavirus jusqu’aux effets de la hausse des prix à la consommation.
La population moyenne au Maroc, en l’occurrence la catégorie de personnes ayant un revenu mensuel moyen aux alentours de 6 000.00 le mois, a été très touchée par le renchérissement du coût de la vie, et par conséquent a subi une régression du niveau de la vie. Le Pouvoir Exécutif devait se pencher aussi sur les possibilités de soutenir cette classe, représentant à peu près 51% de la population marocaine, à travers la baisse à titre d’exemple du taux de l’Impôt sur le Revenu (IR) d’un point ou deux, ou la baisse du taux principal de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) de l’ordre de 20%, en sachant que le Maroc reste parmi les Pays surtaxé en matière d’IR et de TVA.
En outre, l’amélioration de l’employabilité des jeunes reste un autre grand défi de la présente alliance gouvernementale. Le taux de chômage au niveau national frôle les 12%, et le chômage auprès des jeunes ne cesse d’augmenter vu qu’on a pour chaque année universitaire environ 200 000 nouveaux demandeurs d’emploi fraîchement diplômés. Le marché de travail marocain est dans l’incertitude, et cela est dû à la rationalisation du recrutement dans le Secteur Privé en l’absence de visibilité économique, et ce malgré le développement de l’ouverture des usines au niveau des zones franches et offshores. En effet, une grande majorité de cette nouvelle génération de recruteurs staffent vers le bas et favorisent le recrutement de la classe ouvrière en négligeant les cadres et lauréats des écoles de commerce et d’ingénieurs.
Quant au Programme Gouvernemental « Awrache », visant l’insertion professionnelle locale des travailleurs dans des chantiers temporaires, sa portée est limitée dans le temps et subira à la fin de ce mandat gouvernemental des destructions d’emploi. Il aurait été plus propice de se rapprocher des acteurs de développement local pour la création d’emplois territoriaux stables en fonction du besoin de chaque région et en partenariat avec le Secteur Privé et les Coopératives Professionnelles régionales. En effet, L’engagement public est nécessaire pour la stabilisation à terme de ce type d’emploi.
Par ailleurs, le climat des affaires demeure aussi impacter par les effets de ralentissement économique observé cette année tels que la dépendance des précipitations et le faible taux de croissance annoncé à 1,5% du PIB, la hausse des défaillances dans la catégorie des petites et moyennes entreprises, l’augmentation du chômage dans la catégorie des jeunes, entre autres.
De ce fait, l’amélioration de la situation socio-économique au Maroc reste tributaire de plusieurs facteurs tels que : un signal politique fort du Gouvernement à travers une communication audacieuse, la stabilisation de l’effet d’inflation et l’agissement sur les prix des matières de première nécessité, le soutien financier efficace au tissu entrepreneurial marocain, et le développement de Partenariats Publics Privés autour de l’employabilité des cadres et ingénieurs marocains.
Par Youssef Guerraoui Filali
Président du Centre Marocain pour la Gouvernance et le Management