Ecrit par L. Boumahrou |
Un an et demi après la décision du tribunal de Commerce de Casablanca du 20 mai 2020 relative à la location des réservoirs de la Samir à l’Etat, en attendant une solution définitive au dossier de la raffinerie, retour à la case de départ. Les pertes pour la Samir seraient chiffrées en Mds de DH.
En effet, après que le gouvernement n’ait pas honoré ses engagements d’exploiter les réservoirs de la Samir par son représentant à savoir l’Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM), le tribunal de Commerce vient d’annuler, ce 23 novembre 2021, la décision d’autoriser au Syndicat de la raffinerie de nouer un contrat de bail des réserves avec l’Etat marocain.
Rappelons que le gouvernement marocain avait dĂ©posĂ© une demande d’exploitation des rĂ©servoirs de la Samir pour faire face aux circonstances exceptionnelles de la crise sanitaire, sĂ©curiser l’approvisionnement Ă©nergĂ©tique du pays mais aussi pour maintenir les activitĂ©s Ă©conomiques et commerciales de l’entreprise conformĂ©ment au jugement de liquidation de la sociĂ©tĂ© rendu le 21 mars 2016.
Sauf que, il n’y avait pas que l’Etat qui avait dĂ©posĂ© sa demande auprès du tribunal mais Ă©galement d’autres entreprises privĂ©es dont les demandes ont Ă©tĂ© rejetĂ©es. Malheureusement, l’Etat n’est jamais allĂ© jusqu’au bout de cet engagement qui, faut-il prĂ©ciser, n’est pas sans consĂ©quence ni sur le plan financier (la Samir ne cesse de perdre de sa valeur) ni stratĂ©gique (le Maroc n’arrive pas Ă assurer son stock de sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique).
En décembre 2020, le Font national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole pour la renationalisation de La Samir tirait la sonnette d’alarme sur un manque à gagner pour la Samir estimé à 600 MDH en 6 mois soit environ 100 MDH par mois. 11 mois plus tard on était à environ 1,7 Md de DH de manque à gagner.
EcoActu.ma avait pourtant interpelĂ©, dans une interview le ministre de l’Energie, Ă l’époque Aziz Rebbah, Ă ce sujet notamment par rapport aux raisons du retard de la concrĂ©tisation des contrats.Â
« Les parties prenantes s’activent pour assurer toutes les conditions nĂ©cessaires pour la mise en Ĺ“uvre du jugement relatif Ă l’utilisation des rĂ©servoirs SAMIR. Une consultation juridique est en cours pour bien maitriser tous les Ă©lĂ©ments de ce projet », nous avait-il affirmĂ©s.Â
Or, après 1 an et demi l’Etat n’a finalement jamais signĂ© lesdits contrats ce qui s’est soldĂ© par l’annulation par le tribunal de Commerce de Casablanca de la dĂ©cision du 20 mai 2020. Nous avions Ă©galement interpellĂ© l’Ă©conomiste Mohammed Benmoussa qui avait dĂ©crit cette opĂ©ration de location des bacs de stockage par l’ONHYM de mascarade.
« Car c’est bien d’une mascarade dont il s’agit, je crois qu’elle dĂ©montre, si besoin est, le niveau stupĂ©fiant d’amateurisme atteint par l’ExĂ©cutif. Car comment peut-on prĂ©senter au tribunal de commerce une demande formelle de location des capacitĂ©s de stockage de La Samir, sans avoir, au prĂ©alable, verrouillĂ© le montage juridique de cette opĂ©ration ? Et comment expliquer qu’une consultation juridique puisse durer plus de 8 mois ?», s’Ă©tait-il demandĂ©.
On n’en saura jamais sur les dessous de ce dossier qui a fait couler beaucoup d’encre. Mais ce qui est certain c’est que l’Etat a fait rater Ă l’Ă©conomie marocaine une fenĂŞtre de profiter des baisses de cours sur le marchĂ© international pour Ă©viter les sorties de devises et surtout garantir la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique.Â