Ecrit par Soubha Es-Siari |
Le chef de gouvernement Aziz Akhannouch a dressé ce mercredi le bilan des 100 premiers jours au gouvernement. Grosso modo, le chef de gouvernement se réjouit amplement des réalisations effectuées jusqu’à ce jour qui selon ses dires sont en parfaite symbiose avec les engagements de son équipe. Grand bien lui fasse !
Il rassure l’opinion publique que dès la prise du pouvoir, ni lui ni son équipe n’ont chômé et que dans l’immédiat, ils ont mis la main à la pâte. Encore heureux !
Accordons lui le bénéfice du doute dans la mesure qu’effectivement la troupe Akhannouch ne cesse de sillonner le territoire depuis sa nomination. Les communiqués de presse pleuvent chaque jour et chaque semaine. Mais pour quels résultats ?
Sous le prétexte du Covid, les sorties médiatiques de nos chers ministres sont rarissimes sur les questions lancinantes et, du coup, il faut prendre pour argent comptant les décisions prises parce que les courriers adressés aux départements ministériels pour s’enquérir des enjeux, de la portée d’une quelconque mesure à trait déterminant… restent lettres mortes.
Nous, médias, nous ne pouvions donc que prendre notre mal en patience et attendre la sortie officielle des 100 jours de Aziz Akhannouch pour qu’il nous abreuve de ce que son équipe a pu réaliser 3 mois durant. In fine qu’il apporte des réponses concrètes à une pléthore de questions, toujours en suspens.
Contrairement à ses homologues sous d’autres cieux, Aziz Akhannouch ne parle aucunement des contraintes et sur comment y remédier, son optimisme béat ne nous rassure guère.
La réalité est toute autre. La situation socio-économique ne fait que se détériorer pour un pays dont les attentes sont inestimables.
La campagne agricole, bon an mal an locomotive de la croissance économique, risque de nous jouer un mauvais tour en cette année 2022.
Le déficit hydrique plane comme une épée de Damoclès sur les régions du Sud et leurs habitants croisent chaque jour les doigts craignant la pénurie de l’eau potable. Ils s’attendent à des mesures dans l’immédiat.
L’indice de consommation, principal baromètre pour jauger le moral des ménages, ne fait que se dégrader suite à la cherté fulgurante du coût de la vie à cause de l’inflation importée. La classe moyenne étant jour après jour menacée de basculer dans la précarité.
La fermeture des frontières porte préjudice à plusieurs secteurs. On parle notamment du tourisme mais on omet les activités annexes dont les proprios ont fini par céder et fermer boutique avec toutes les conséquences qui en découlent en matière de perte d’emplois, de chômage et de vulnérabilité.
Le Comité de veille économique connu sous l’acronyme de CVE censé continuer à exister dans une conjoncture de crise a disparu des radars comme si la crise est balayée d’un revers de main et qu’in fine l’économie n’a plus besoin de veille.
Contrairement aux autres pays, l’ouverture des frontières n’est pas une priorité pour Aziz Akhannouch, homme politique élu, qui attend la décision du comité scientifique.
Une annonce ayant sidéré les internautes qui n’ont pas hésité à exprimer leur mécontentement sur la toile. Ils corroborent leur déception par l’impact de cette fermeture sur leur situation aussi bien économique que sociale.
Ce décalage de discours avec la réalité crue nous amène à nous interroger si nous vivons dans le même pays que Aziz Akhannouch ? Si la Loi de Finances 2022 reste maigre en mesures, le discours de Aziz Akhannouch à l’occasion des 100 jours l’est encore plus.
L’heure est grave et le Maroc a besoin de toutes ses forces pour se positionner sur l’échiquier des pays émergents. Baguette magique, donner le temps au temps… les Marocains n’y croient que dalle et se soucient obstinément de la situation actuelle.