Le 7 Octobre 2023, l’attaque du Hamas sur le sol israélien a causé la mort de 1200 personnes et la prise de 242 otages. La riposte israélienne a été immédiate et sanglante. Elle a débuté par des frappes aériennes sur le Nord de Gaza, avant de s’étendre sur tout le territoire. Les bombardements aériens ont été suivis par une opération terrestre qui s’est poursuivie jusqu’au Sud à Rafah.
Une médiation entreprise par le Qatar, l’Egypte et les Etats-Unis a donné lieu à une trêve du 24 au 29 Novembre 2023 ayant permis la libération de 110 otages et 260 prisonniers palestiniens.
Le 1er Avril 2024, Israël a opéré une frappe à l’encontre du Consulat de l’Iran à Damas qui a causé 13 morts dont 7 Gardiens de la révolution, parmi lesquels 2 généraux de la Force Al Qods qui intervient hors frontières de l’Iran. Se basant sur l’Article 51 de la Charte des Nations Unies relatif à la légitime défense, l’Iran a procédé dans la nuit du Samedi 13 Avril au Dimanche 14 Avril 2024 à une attaque inédite sur Israël, d’environ 350 projectiles comprenant des drones, des missiles de croisière, et des missiles balistiques. Le 19 Avril, Israël a riposté par une attaque mesurée de drones près d’Ispahan où sont localisées des Centrales nucléaires. L’Iran a indiqué qu’il ne procéderait pas à des représailles.
Au 20 Avril 2024, le ministère de la santé du Hamas a annoncé un bilan de 34.049 morts palestiniens et 76.501 blessés, dont 80% sont des femmes et des enfants. Un grand nombre d’infrastructures et d’immeubles d’habitation dans la bande de Gaza ont été détruit par Israël. Près d’un million et demi de palestiniens sont entassés dans la ville de Rafah sous la menace d’une offensive israélienne terrestre imminente, manquant d’eau, de nourriture et de médicaments. Le massacre des Palestiniens continue faute d’un accord pour une nouvelle trêve. C’est ainsi qu’en 24 heures, au moins 37 morts supplémentaires ont été recensés. Parmi les victimes, on compte neuf morts, dont 6 enfants tous membres d’une même famille, tués par une frappe aérienne de l’armée d’Israël sur le quartier Tal Al-Sultan à Rafah.
Tout au long de cette guerre à Gaza, les Etats-Unis ont fourni un soutien inconditionnel à Israël. C’est ainsi qu’ils ont donné des renseignements à Israël concernant l’attaque iranienne du 13 Avril 2024. En sus, les avions de chasse américains ont contribué largement à la destruction des drones et missiles avant leur arrivée sur le territoire israélien. En conséquence, les dommages humains et matériels ont été minimes en Israël suite à l’attaque iranienne. De plus le 18 Avril 2024, les Etats-Unis ont utilisé leur véto au Conseil de sécurité de l’ONU, pour contrecarrer la demande de la Palestine d’obtenir le statut d’Etat membre de l’ONU, alors que 12 pays ont voté positivement, et deux absentions du Royaume Uni et de la Suisse.
A noter que la France a été le seul pays occidental à voter positivement, avec notamment la Chine, la Russie, et le Japon.
Le 20 Avril 2024, après une forte opposition d’une partie des Républicains, l’Assemblée américaine des Représentants a voté un budget d’aide de 95 milliards de dollars dont 13 milliards de dollars pour Israël, en vue de renforcer davantage le « Dôme de fer » qui est un système de défense aérienne mobile conçu pour intercepter les missiles, les obus, et les roquettes. Netanyahu a applaudi à cette décision en déclarant que « l’aide américaine défend la civilisation occidentale, et que c’est un message fort aux ennemis d’Israël ».
Le Secrétaire général de l’ONU António Guterres a déploré « Un enfer humanitaire à Gaza » après six mois et demi de guerre, et a mis l’accent sur le risque d’un conflit régional qui serait dévastateur. Le Chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a qualifié la nouvelle aide américaine à Israël « d’une agression contre le peuple palestinien » qui va causer des milliers de victimes supplémentaires à Gaza et en Cisjordanie.
Le 20 Avril 2024, le président turc Tayyip Erdogan a reçu à Istanbul le Chef du Hamas Ismail Haniyeh. Le Chef de l’Etat turc considère le Hamas comme un mouvement de libération, et a recommandé aux palestiniens d’agir dans l’unité et l’intégrité. La visite du responsable du Hamas à Istanbul intervient alors que Qatar dont la médiation piétine, dit vouloir réévaluer son rôle entre Israël et le Hamas. La Turquie pourrait en profiter pour tenter de reprendre la médiation, mais ses relations avec Israël sont mauvaises, car Erdogan a qualifié Netanyahu de « Nazi » et « Israël d’Etat terroriste ». Tout au plus, il pourrait être appelé à passer des messages entre les négociateurs palestiniens et Israël. C’est ainsi que le ministre des affaires étrangères turc Hakan Fidan a déclaré que les représentations du Hamas accepteraient la création d’un Etat palestinien dans ses frontières de 1967, donc implicitement la reconnaissance de l’Etat d’Israël. Le Hamas n’aura plus besoin d’avoir une branche armée, et continuera d’exister en tant que parti politique.
En conclusion, on ne peut que se rendre à l’évidence du soutien inconditionnel des Etats-Unis à Israël. D’ailleurs, le président Biden a déclaré plusieurs fois que le « soutien à Israël est inébranlable ». Ce positionnement du président américain s’explique par sa candidature aux élections présidentielles américaines du 5 Novembre 2024. Or le lobby pro-israélien AIPAC est tout puissant, et empêchera sa réélection s’il prend des décisions défavorables à Israël. Déjà 137 pays sur 193 reconnaissent l’Etat de Palestine. Il faudrait multiplier les reconnaissances bilatérales de l’Etat de Palestine, en commençant par les pays qui ont voté positivement à la résolution du Conseil de sécurité du 18 Avril 2024 : Japon, Corée du Sud, Slovénie.
Pour ce qui est des Etats-Unis, il faudrait à l’instar de l’AIPAC, créer un lobby pro-Arabe qui serait financé par tous les pays arabes, notamment les pays de Golfe qui disposent de moyens financiers importants.
Enfin il faudrait boycotter les produits israéliens partout dans le monde, à l’instar de ce qui a été fait vis-à-vis de l’Afrique du Sud, et qui a permis de supprimer l’apartheid et de rendre le pouvoir à la majorité de race noire.
Par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI
(Institut Marocain des Relations Internationales)