Les ministres de l’Enseignement Supérieur et de la Santé avaient ce mercredi 29 mai un rendez-vous avec la presse marocaine pour mettre la lumière sur le dossier des étudiants grévistes en médecine depuis bientôt deux mois. Une chose est sûre : il n’y aura pas d’année blanche.
Après plus de 3 mois d’effervescence au sein des Facultés de médecine générale, de pharmacie et de médecine dentaire, le ministre de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé ont décidé de tenir une conférence de presse, ce mercredi 29 mai, pour tirer les choses au clair. Une réunion de mise au point nécessaire voire urgente d’après les dires de Said Amzazi et de Anas Doukkali pour couper court aux rumeurs, aux fausses informations et éclairer l’opinion publique, les étudiants eux-mêmes ainsi que leurs parents sur l’état d’avancement du dialogue. A noter que cette réunion se tient à la veille d’une marche nationale prévue pour ce jeudi 30 mai par les étudiants en médecine.
Après avoir reconnu qu’il y a eu un manque de communication sur ce dossier, Amzazi a précisé que cette défaillance n’a pas été sans conséquence sur le déroulement des faits. Il a rappelé que lors de la réunion du 12 avril entre les deux parties, les deux départements ministériels ont transmis aux représentants des étudiants l’offre du gouvernement qui répond à 90% aux requêtes contenues dans le dossier revendicatif. Quant aux deux points à savoir le concours du résidanat et la 6ème année de médecine dentaire, les ministres sont venus avec des propositions bouclant ainsi tout le dossier revendicatif.
Sauf que lesdits représentants n’ont jamais soumis aux étudiants ladite proposition lors des 3 dernières assemblées générales qu’ils ont tenues. Du coup, n’ayant pas la bonne information, les étudiants ont continué leurs mouvements de protestations à tort tient à préciser Said Amzazi. « Malgré notre forte volonté de tourner cette page en répondant aux requêtes des étudiants, nous nous retrouvons confrontés à un problème de taille à savoir celui de l’absence d’un interlocuteur », a-t-il souligné.
En ajoutant que le dialogue a été instauré dès les premières contestations en février dernier, 9 semaines plus tard, le dossier est toujours au point mort et les étudiants campent toujours sur leur position. Said Amzazi leur a tout de même adressé des messages rassurants en les invitant à rejoindre les cours et à passer leur examen tout en continuant le dialogue. « C’est un appel et pas une menace », a tenu à souligner le ministre.
Il faut dire que les étudiants n’auront pas trop le choix puisque pour Amzazi et Doukkali, il n’y aura pas d’année blanche. C’est une décision gouvernementale. En d’autres termes, les examens seront tenus et démarreront le 10 juin. Là encore, le ministère a précisé qu’une souplesse a été introduite avec un décalage entre deux matières, des séances de rattrapage ont été tenues et des polycopes de cours ont été distribués.
Point de vue du ministère de la Santé
De son côté Anass Doukkali n’a pas caché son étonnement quant à l’entêtement des étudiants malgré les efforts déployés par les deux départements ministériels pour répondre aux doléances légitimes mais en même temps rationnelles. Il n’a pas manqué l’occasion pour attirer l’attention sur le fait que les revendications des étudiants vont en cascade laissant entendre que des mains invisibles seraient derrière ce blocage.
Le ministre de la Santé a rappelé de passage les avancées enregistrées aussi bien en termes de création de postes budgétaires, de renforcement d’infrastructures hospitalières, d’amélioration des conditions pour garantir les stages…
Aussi, concernant l’intégration des étudiants du secteur privé dans les examens du résidanat par les facultés publiques à laquelle s’oppose fervemment les étudiants du public, Anass Doukkali a été on ne peut plus clair. « La politique de notre pays veut que tous les Marocains aient les mêmes droits d’accès aux concours de médecines y compris ceux issus du secteur privé », a-t-il martelé. D’autant plus, face au déficit en ressources humaines dans le secteur de la santé, le pays ne peut se permettre d’exclure cette frange des étudiants.
Quant au concours du résidanat, Doukkali n’a pas manqué de rappeler que les postes budgétaires pour les résidents contractuels ont connu une évolution importante passant de 197 en 2017 à 700 postes en 2018. L’ouverture de nouveaux CHU dans chaque région contribuera également à élargir cette assiette. Dans ce sillage, Amzazi a précisé qu’une révision du coefficient des épreuves de titre est prévue en vue de garantir l’égalité des chances entre les étudiants du public et du privé. Ascenseur social oblige !
Avant de clore cette séance, les deux ministères ont rappelé que la porte du dialogue est ouverte et ont tenté de rationaliser aussi bien les étudiants que leurs parents sur les risques qu’ils encourent en cas de boycott des examens. A bon entendeur !