Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Contrairement à ce que le ministère des Finances nous avait annoncé, le CVE ne s’est finalement pas réuni pour décider des mesures de soutien aux entreprises et personnes impactées par les mesures restrictives du 3 août. Est-ce un problème de financement ou d’autres considérations que nous ignorons ? Akhannouch devra débloquer le plus rapidement cette situation qui menace la paix sociale.
Le 2 septembre, le ministre des Finances nous informait que le Comité de veille économique (CVE) tiendrait probablement une réunion juste après les élections législatives du 8 septembre pour statuer sur les mesures à adopter en faveur de ceux qui ont été forcés d’arrêter leur activité le 3 août suite au renforcement des mesures restrictives. Activités de l’évènementiel, salles de sport, hammams…, autant d’activités employant des milliers de personnes, qui sont en arrêt total d’activité.
Sauf que depuis, c’est silence radio. Aucun signe de vie ni du CVE, ni du gouvernement, censé être toujours au commande comme le stipule la Constitution dans l’article 47 ainsi que la loi organique relative à l’organisation et à la conduite des travaux du gouvernement et au statut de ses membres dans l’article 36.
En effet, le gouvernement sortant est tenu d’expédier les affaires courantes jusqu’à la constitution d’un nouveau gouvernement. Ce qui n’est pas encore le cas. D’où la question : que fait au juste le gouvernement de Saadedine El Otmani ? Certes la pilule de la défaite de son parti a été dure à avaler, mais cela n’empêche pas les membres du gouvernement à exercer leur fonction jusqu’à leur substitution. Ils continuent toute de même à percevoir leur salaire durant cette période transitoire.
Parmi ces responsabilités, le sort des milliers de personnes prises en otage par les mesures gouvernementales. Aucune visibilité pour ces milliers de personnes qui sont depuis environ 2 mois dans le flou total et qui vivent chaque jour au rythme des rumeurs d’ouverture et des démentis du gouvernement.
Des personnes qui ont perdu leur travail et leurs revenus sans aucune alternative à l’horizon. En d’autres termes, ces Marocains sont livrés à eux-mêmes dans un contexte où les opportunités d’emploi sont quasiment inexistantes.
Nous n’avons cessé d’interpeler l’Exécutif sur le sort de cette frange de la population sacrifiée sur l’autel de, soi-disant, la pandémie mais en vain. Aussi nous n’avons cessé de relancer le ministère des Finances depuis la tenue des élections pour en savoir davantage sur l’éventuelle réunion qui devait se tenir après le 8 septembre mais sans réponse. On ignore si ce retard est dû à un problème d’approvisionnement du Fonds Covid ou à d’autres considérations que nous ignorons. En tout les cas, les derniers chiffres des finances publiques font ressortir un solde négatif de -2,2 Mds DH du Fonds de gestion Covid.
Pourquoi les mesures restrictives sont-elles toujours maintenues ?
En effet, malgré l’amélioration des indicateurs épidémiologiques depuis quelques semaines et les indications du Comité de veille scientifique, le gouvernement n’a pas bougé le doigt pour alléger les mesures et permettre aux secteurs sanctionnés de reprendre leur activité en attendant les indemnités, si elles sont prévues.
Il faut dire qu’on n’est pas étonné plus que ça puisque depuis le déclenchement de la crise sanitaire, le gouvernement ou le CVE qui a été créé pour gérer ces questions, a brillé par le retard accusé lors de la prise de mesures de soutien nécessaires aux citoyens et entreprises impactés par les décisions gouvernementales.
Nous sommes dans la continuité de la négligence et de l’indifférence gouvernementale envers ceux à qui nos politiciens prêtent serment d’allégeance et fidélité. A qui on promet d’être à leur service. A qui on promet monts et merveilles. Mais la réalité est tout autre.
Dans tous les cas, ce dossier devrait être au-dessus de la pile des dossiers sur le bureau du Chef de gouvernement. A. Akhannouch est certes attendu sur plusieurs fronts mais il doit surtout débloquer cette situation qui n’a que trop tardé au grand dam de ceux qui n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins.
Il doit surtout être à la hauteur de ses promesses et garantir à tous les Marocains, toutes catégories confondues, le droit à la vie, au travail et à la dignité.
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Deux points importants sont éludés dans cet article :
– Le gouvernement sortant ne peut ‘que’ gérer les affaires courantes. Ce qui veut dire qu’ils ne peuvent pas prendre de mesures qui vont impacter le travail du (futur) gouvernement de M. Akhannouch.
– La composition du CVE est très importante et doit être analysée de manière objective (https://www.casainvest.ma/fr/mesures-covid-19). Plusieurs membres du CVE sont élus et donc, tant que les résultats définitifs des élections et la nomination du gouvernement ne sont pas faits, tenir une réunion du CVE n’aurait aucun sens, et n’aboutirait à aucune mesure concrète.