Alors que l’affaire de la Mutuelle générale du personnel de l’administration publique défraye la chronique depuis plus de six ans, date de dépôt de la première plainte contre son président destitué et le conseil d’administration dissolu, et malgré un rapport accablant de la Brigade de contrôle de l’ACAPS, les deux ministères des Finances et de l’Emploi gardent le silence sur la suite qui sera donnée à ce dossier sulfureux.
Comme une impression de déjà vu. La MGPAP ne cesse de défrayer la chronique depuis le mandat de Mohamed Al Faraa, ex-président de la mutuelle dont le procès avait tellement traîné, condamné en premier instance il a été innocenté par la cour correctionnelle en mai 2016. Voilà qu’un nouveau feuilleton judiciaire semble sur le point de s’ouvrir, avec l’ex-président de la MGPAP, Abdelmoula Abdelmoumni, destitué en octobre dernier des suites d’un rapport sulfureux réalisé par la Brigade de Contrôle de l’ACAPS. Après avoir fait l’objet d’une première plainte de la part de l’association des adhérents de la MGPAP, en date de novembre 2013, une deuxième plainte a été déposée fin 2019 mais cette fois-ci par l’Association de protection des deniers publics.
Rappelez-vous, en octobre dernier, Ecoactu.ma publiait quelques extraits du rapport de 104 pages qui et qui met à nu des faits graves dont certains peuvent relever du pénal.
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Une gabegie qui aurait pu être évitée si les autorités avaient accordé un peu plus de crédit aux alertes de l’Association marocaine des adhérents à la MGPAP.
« Nous avons déposé une plainte commune en novembre 2013 transmise par le procureur général de la cour d’appel de Rabat à la Brigade nationale de la police judiciaire qui a entamé ses investigations. Après avoir entendu toutes les parties, la plainte a fait des va et vient incessants jusqu’à à ce que je sois convoqué à nouveau par la brigade nationale de la police judiciaire de Casablanca, sans palper aucun élément nouveau ou probant. D’ailleurs dans notre communiqué nous avons souligné une volonté d’enterrer ce dossier », explique Abdeslam Belfhil, Président de l’association marocaine des adhérents à la MGPAP et son représentant légal.
Le communiqué met les deux ministères de tutelle, l’Emploi et les Finances devant leur responsabilité et les exhorte de dévoiler la situation financière de la MGPAP et de différer le rapport de l’ACAPS devant la Justice pour sanctionner tous ceux impliquer dans des faits de détournement et de dilapidation de deniers publics.
« Nous avons également invoqué la loi 31.13 relative au droit d’accès à l’information puisque les deux ministères ont refusé de livrer une copie dudit rapport à l’association marocaine des adhérents à la MGPAP, en toute violation de la loi », poursuit Abdeslam Belfhil.
Et d’ajouter qu’une deuxième plainte a été déposée par l’association marocaine de protection des biens publics suite à la dissolution du conseil d’administration et la destitution du président, auprès du ministère public qui l’a différé au procureur général qui à son tour l’a différé à la Brigade régionale de la police judiciaire à Rabat. L’instruction du dossier suit son cours.
Nous avons tenté d’obtenir des réponses sur le sort qui sera réservé au Rapport élaboré par l’ACAPS suite à la mission de sa brigade de contrôle sur place au titre des exercices de 2013 à 2018, en vain.
La MGPAP, figurant parmi les plus anciennes mutuelles, pourrait-elle renouer avec la transparence et la bonne gestion des ressources de ses adhérents ou bien est-elle damnée à vivre Ad vitam æternam le même scénario ?
Le 10 janvier 2020, le ministère du Travail et de l’Intégration professionnelle avait annoncé la prolongation du mandat des administrateurs provisoires désignés à la suite de la dissolution du conseil d’administration de la MGPAP et qui avaient pour mission d’organiser de nouvelles élections dans un délai de trois mois et de veiller au fonctionnement normal de la Mutuelle jusqu’à l’installation de nouvelles structures, tout en assurant la pérennité des prestations aux adhérents et leurs ayants-droit.
Pour le président de l’association marocaine des adhérents de la MGPAP, les administrateurs provisoires ont rencontré dans l’exercice de leur mission une telle désorganisation et des dysfonctionnements au sein de la Mutuelle de la MGPAP que cela n’augure pas d’une prochaine tenue de ces élections. « On ne sait pas combien durera cette prolongation de mandat. Trois, six mois ou plus… l’exemple de la mutuelle de la police où les administrateurs provisoires n’ont pas pu organiser d’élection sept mois après leur désignation… La question reste posée ».
A l’heure de la reddition des comptes, il est important pour les autorités de mettre toute la lumière de ce dossier.