Baromètre important de la perception des ménages des soubresauts de la conjoncture, la confiance des ménages fait l’objet depuis 2008 de l’enquête permanente de conjoncture auprès des ménages, enquête réalisée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) selon une fréquence trimestrielle.
« Cette enquête de type barométrique et de nature socioéconomique, a pour objectif de sérier la perception des ménages- mesure de l’évolution du niveau de vie, du chômage, de l’opportunité à effectuer des achats de biens durables et de la situation financière- sous forme d’Indice de Confiance des Ménages (ICM) », rappellent les analystes du CMC.
Or, et à en juger par les résultats de la dernière l’enquête de conjoncture réalisée par le HCP, la confiance des ménages accuse une forte détérioration au 2e trimestre de 2022. Enregistrant son niveau le plus bas depuis le début de l’enquête en 2008, la valeur de l’ICM (Indice de Confiance des Ménages) s’est ainsi établi 50,1 contre 63 à la même période en 2021.
D’après les conjoncturistes, cette perte de 13 points en l’espace d’un an est le reflet des difficultés économiques que vivent les ménages consécutivement aux effets de la crise sanitaire aggravés par les contreperformances agricoles et les impacts de la guerre en Europe.
Au deuxième trimestre de l’année en cours, trois faits marquants méritent d’être soulignés quant au ressenti des ménages sur l’évolution de leur niveau de vie.
D’abord, 79,2% d’entre eux déclarent une dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois contre des proportions moindres des personnes qui ont un avis contraire ou une opinion opposée.
Ensuite, le solde d’opinion sur l’évolution passée du niveau de vie est resté négatif, à moins 73 points, en aggravation de plus de 22 points comparativement à la situation qui prévalait au 2ème trimestre de 2021. Plus préoccupant encore est la forte proportion des ménages (46,8%) qui s’attendent à une dégradation de leur niveau de vie au cours des 12 prochains mois.
Autrement dit, dans ce contexte de déprime économique qui est appelé à durer un certain temps, la grande majorité des ménages s’attendent à une détérioration de la situation socio-économique en référence à trois domaines emblématiques. C’est ainsi que 86% des ménages anticipent une hausse des prix des produits alimentaires en 2022-2023.
De même, ils sont respectivement 78,9% et 86% qui pensent que le moment n’est pas opportun pour effectuer des achats de biens durables ou s’attendent à une hausse du chômage au cours des 12 prochains mois.
La situation financière est le deuxième principal indicateur auquel s’est intéressé cette enquête de conjoncture auprès des ménages. Les résultats de cette investigation fondent plusieurs observations. D’abord, à peine 2,6% des ménages affirment épargner une partie de leur revenu contre environ 45,4% qui déclarent s’endetter ou puiser dans leur épargne antérieure pour couvrir leurs dépenses.
Cette faible capacité d’épargne est dans le prolongement de la détérioration enregistrée au cours des 12 derniers mois : environ 54,3% des ménages sondés estiment que leur situation financière s’est détériorée entre Mars 2021 et le même mois de 2022.
Autrement dit, c’est cette tendance à l’aggravation de la situation financière qui explique que le solde d’opinion reste négatif à moins de 48,7 points en aggravation comparativement à la même période un an plus tôt. Ensuite, s’agissant de la capacité future des ménages à épargner, l’enquête révèle des perceptions plus pessimistes en ce sens que seulement 11,4% contre 88,6% des ménages s’attendent à épargner au cours des 12 prochains mois couvrant la période à cheval entre 2022 et 2023 si bien que le solde d’opinion relatif à cet indicateur est resté négatif, en détérioration de plusieurs points comparativement au seuil relevé un an plus tôt.
En conclusion, cette chute spectaculaire de l’indice de confiance, est une confirmation supplémentaire que la triennale 2020-2022 est une période atypique constituée de ‘’trois points aberrants’’ sur la courbe retraçant l’évolution des variables socio-économiques dans le Maroc.
Au regard des baisses inédites ayant affecté tous les pans d’activité économique et sociale, il est difficile pour ne pas dire impossible de trouver une période comparable depuis l’indépendance des pays.
Ni les difficultés de la période ‘’d’économie administrée’’, ni celles consécutives à la mise en place du Programme d’Ajustement Structurel (PAS) au début des années 80, ou celles nées de la crise financière ayant frappée l’économie mondiale en 2008- 2009, ne sont comparables.
Depuis la fin de 2019 on dénombre une succession de crises systémiques qui ont fortement affecté la perception des ménages des développements conjonctures.
Les séquelles de la pandémie ont été aggravées par les hausses inédites des prix de l’énergie et produits alimentaires consécutivement à la guerre entre la Russie et l’Ukraine et la mauvaise récolte céréalière de la campagne agricole 2021-2022.