Interviewé par Lamiae Boumahrou |
Après le plan Maroc vert, le Crédit Agricole du Maroc continue d’accompagner le secteur agricole et les agriculteurs dans le cadre de la stratégie « Génération Green ». Ainsi le CAM va accompagner les 19 contrats programmes signés par le gouvernement et les professionnels en marge du SIAM. Le point avec Mustapha Chehhar, responsable du domaine vert au Crédit Agricole du Maroc.
Ecoactu.ma : Quel bilan dressez-vous de l’accompagnement du Crédit Agricole au secteur agricole, principale locomotive de la croissance économique du Maroc ?
Mustapha Chehhar : Les secteurs agricole et agro-industriel sont de 2 secteurs très importants sur le plan économique et socio-économique du pays. Le Crédit Agricole a accompagné toutes les filières agricoles durant la période du plan Maroc vert 2009-2020 avec 72,5 Mds de DH sur tout le territoire du Maroc. Les résultats du plan Maroc vert sont là. Ils ont permis à l’agriculture marocaine de passer ce cap difficile et d’être résiliente.
Je tiens à cette occasion à dire bravo à tous les agriculteurs et tous les acteurs de l’écosystème agricole et rural de notre pays. Ces résultats perceptibles aujourd’hui au SIAM, cette vitrine de notre agriculture qui démontre le niveau atteint par le développement agricole dans notre pays devenu un exemple pour plusieurs pays africains mais aussi au niveau mondial.
Le crédit agricole a développé son organisation, ses produits, ses approches pour permettre l’accès au financement à tous les agriculteurs. Aujourd’hui, le Crédit agricole représente 80% des encours bancaires. Nous sommes donc leader du financement et nous sommes fiers de faire cette mission, d’aider les interprofessions de se moderniser pour une agriculture compétitive, moderne, résiliente, génératrice de revenus et rentable pour les familles rurales.
Le secteur agricole, et plus particulièrement les petits agriculteurs, subit de plein fouet les conséquences du changement climatique, du stress hydrique, les effets de la guerre en Ukraine… Dans quelle mesure le Crédit Agricole accompagne aussi bien les grands que les petits agriculteurs à faire face à ces soubresauts ?
Nous sommes dans une situation inédite. Les experts parlent d’une polycrise avec d’abord la crise Covid, la guerre en Ukraine et la dérive climatique, la succession des années de sécheresse en plus des perturbations des chaînes logistiques, l’augmentation des prix, la difficulté du commerce international…
Malgré toutes ces situations, le Maroc s’en sort très bien grâce aux agriculteurs de ce pays, grâce à ce qui a été fait par le plan Maroc vert. Chiffres à l’appui, nous sommes passés de 180.000 hectares de goutte à goutte à 650.000 fin 2020. C’est ça qui a pu sauver le secteur. Bien sûr, il ne faut pas oublier les difficultés. Aujourd’hui, il y a une différence entre la politique agricole et la politique alimentaire comme souligné par le ministre de l’Agriculture.
Mais, je pense que nous avons passé ce cap. Grâce à la « génération Green » et ses axes de développement, nous allons faire un saut qualitatif au niveau des chaînes de valeur agricole au Maroc.
Le Crédit Agricole du Maroc, comme ça été le cas pour le Plan Maroc vert, va accompagner tous les besoins des filières et de tous les acteurs bien sûr, pour des projets rentables, durables, qui ont un impact réel sur l’agriculture et sur la sécurité alimentaire du pays.
Comment le CAM contribue-t-il à atténuer les conséquences de ces crises sur les agriculteurs ?
En dehors de cette poly-crise, le cas d’un petit agriculteur isolé n’est plus viable. Il faut qu’il se regroupe, qu’il soit dans une coopérative, qu’il soit connecté au marché, qu’il soit dans des circuits de commercialisation sécurisés.
C’est ce qu’on appelle l’agrégation ou l’agriculture solidaire qui fait partie du pilier 2 du plan Maroc vert. Le crédit agricole a créé des filiales dédiées à ce financement pour ne pas exclure les petits agriculteurs et leur donner les moyens de se moderniser, de s’équiper et d’intégrer ce mouvement de la modernisation de l’agriculture marocaine.
Le CAM a donc tous les produits notamment « crédit Fellah », la « Fondation ardi » pour le microcrédit, la banque classique où on intègre à travers des conventions commerciales les petits agriculteurs pour pouvoir leur donner accès au financement, se moderniser et devenir l’agriculteur et l’entrepreneur du monde rural.
Quels sont les projets en gestation sur lesquels le Crédit Agricole travaille actuellement pour accompagner davantage le secteur ?
Je pense que la digitalisation des transactions de l’agriculteur a levé les contraintes de la distance et du temps. Aussi l’inclusion financière et le regroupement des agriculteurs ont encouragé les coopératives à mieux s’organiser, à mieux se transformer, à mieux stocker notamment le stockage de proximité et à intégrer des circuits modernes de distribution. Ce qui permet de renforcer le rendement et les revenus des agriculteurs.
Nous sommes donc dans le financement des intrants, de la mécanisation des nouvelles variétés, des nouvelles méthodes modernes des itinéraires techniques pour que l’agriculteur puisse augmenter son revenu.
Bien sûr, il y a cette contrainte de l’eau. Aujourd’hui, le CAM avec l’État, sommes en train de chercher des solutions pour donner aux agriculteurs toutes les chances de se développer et de se moderniser.
Pour conclure, je rappelle que le Crédit Agricole du Maroc est une banque universelle mais l’agriculture reste notre ADN. Nous allons accompagner tous les contrats programmes parce qu’ils sont porteurs de progrès pour le pays notamment la sécurité alimentaire. Je pense que cette polycrise a redémontré que la sécurité alimentaire est prioritaire pour le pays et qu’il ne faut pas dépendre de l’extérieur.
Donc oui pour une agriculture performante, exportatrice, moderne et compétitive avec l’étranger. Mais aussi oui pour une production nationale sécurisée, performante et durable.