Les relations entre l’UE et la Méditerranée ont commencé en 1995 avec le Processus de Barcelone qui a tracé une coopération multilatérale entre les deux parties. En 2021, ce fût le tour du programme pour la Méditerranée qui a développé la coopération dans le développement humain, la gouvernance, la résilience, l’action pour le climat et la croissance économique inclusive. Le 16 Octobre 2025, l’Union européenne a annoncé un nouveau pacte pour la Méditerranée. Dès Juillet 2024, des discussions ont eu lieu entre la Commission européenne avec les voisins du Sud, poursuivies par un débat de haut niveau à Bruxelles en Avril 2025. Rappelons que les pays du Sud de la Méditerranée partenaires de l’Union européenne sont : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Palestine, Israël, Jordanie, Liban et Syrie.
Le nouveau pacte a pour objet de renforcer les liens avec les pays du Sud de la Méditerranée et la promotion de la stabilité régionale afin de répondre aux défis communs. Par ce nouveau pacte, l’Union européenne est à la recherche d’un rééquilibrage de ses priorités géopolitiques, notamment corriger l’impression d’abandon ressentie par certains pays méditerranéens au profit d’autres régions, notamment l’Europe de l’Est. L’Union européenne a pris en compte également le besoin de moderniser la coopération existante à travers les Accords Euro-méditerranéens qui datent de plusieurs décennies. Enfin l’instabilité géopolitique mondiale place l’Union européenne face à des turbulences sur les plans de l’énergie, des migrations, des chaines d’approvisionnement qui lui dictent de sécuriser et de stabiliser son voisinage immédiat.
Le nouveau pacte repose sur trois piliers. Le premier concerne les personnes en tant que moteur du changement, des connexions et de l’innovation. Il s’agit de la promotion de l’enseignement supérieur, de la formation professionnelle de l’autonomisation des jeunes, de la mobilité, de la culture, du tourisme et du sport. Il est prévu la création d’une Université méditerranéenne dans le cadre de ce projet qui reliera les étudiants de toutes les rives de la Méditerranée. L’Union européenne promouvra le patrimoine culturel, soutiendra les artistes, et relancera le tourisme de manière durable.
Le second pilier est de développer des économies plus fortes, plus durables et intégrées, par la promotion des relations commerciales et d’investissements, la stimulation de l’énergie et des technologies propres, la résilience dans le domaine de l’eau, le développement de l’économie bleue, l’agriculture et la connectivité numérique. Deux initiatives sont prévues dans le pacte : l’initiative transméditerranéenne sur les énergies renouvelables, et les technologies propres (T-MED) et l’initiative Startup4Med pour le développement des Start up. Une interconnexion efficace des infrastructures numériques rapprochera les économies et les citoyens.
Le troisième pilier concerne la sécurité, la préparation et la gestion des migrations. Il s’agit de relever les défis communs en matière de sécurité, d’améliorer la préparation régionale, et coopérer en vue d’une approche globale de la migration. Figurent également la préparation et la résilience aux catastrophes en Méditerranée et des partenariats opérationnels pour lutter contre le trafic des migrants. Enfin un forum régional sur la paix et la sécurité sera mis en place pour l’UE et les pays du Sud de la Méditerranée. Le pacte est proposé pour approbation politique par l’Union européenne et les partenaires du Sud de la Méditerranée en Novembre 2025, à l’occasion du 30ème anniversaire du Processus de Barcelone. Un plan d’action pour chaque initiative sera établi au premier trimestre 2026 qui précisera les pays participants et les parties prenantes.
On ne peut que se satisfaire de ce nouveau pacte qui va stimuler les relations entre l’Union européenne et les pays du sud de la Méditerranée. Le premier pilier qui concerne la promotion de l’enseignement supérieur, la formation professionnelle, et la création d’une Université méditerranéenne, est particulièrement intéressant, car il s’adresse à la jeunesse des pays sud-méditerranéens qui manque souvent de formation et d’emplois qualifiés. Le second pilier est également intéressant dans la mesure où il concerne les énergies renouvelables, le domaine de l’eau, l’économie numérique et le développement des Start up.
Quant au troisième pilier concernant la sécurité et la migration, il est certes nécessaire, mais son budget doit être équilibré vis-à-vis des deux premiers piliers. La Commission européenne chargée de la Méditerranée a proposé un cadre de financement septennal de 42 milliards d’euros pour la période 2028-2034. Cependant ce pacte pour le moment ne peut être considéré que comme projet, car il doit être au préalable approuvé par les autorités européennes et les partenaires méditerranéens en Novembre 2025, et les termes précis des détails financiers ne seront discutés et adoptés qu’en 2026.
Le Maroc est considéré par l’Union européenne comme un partenaire stratégique au Maghreb et en Afrique. Les relations entre les deux parties ont commencé dès les premières années de l’indépendance de notre pays, et sont régies actuellement par l’Accord d’Association entré en vigueur en 2000, et par le Statut avancé obtenu en 2008. Le Maroc est le seul pays du Maghreb à avoir obtenu ce statut avancé. L’Union européenne est le principal partenaire économique du Maroc représentant 60% de ses échanges commerciaux et un important investisseur. Le Maroc a signé également des Accords spécifiques, tels que l’Accord de libre-échange agricole (2020) et l’Accord de pêche qui s’appliquent également à nos Provinces du Sud.
La coopération du Maroc avec l’Union européenne est multidimensionnelle et recouvre la sécurité, la lutte contre le terrorisme et l’immigration illégale. L’Union européenne soutient le Maroc sur plusieurs réformes et lui accorde une aide financière dans le cadre de la Politique européenne de voisinage. Le Maroc a pris part aux discussions sur le nouveau pacte pour la Méditerranée en Juillet 2024 et Avril 2025, et va participer à la prochaine réunion en Novembre 2025 pour son adoption.
Le Maroc va insister sur le premier pilier du nouveau pacte relatif à la promotion de l’enseignement supérieur, la formation professionnelle, l’autonomisation des jeunes et la mobilité. Il va accueillir favorablement la création d’une Université méditerranéenne. Sur le plan économique, les priorités du Maroc sont l’énergie et les technologies propres (hydrogène vert), les énergies renouvelables, le développement des Start up, et l’économie numérique.
Ecrit par Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI




