L’ouverture du réseau électrique à la basse tension d’autoproduction repose sur la capacité de l’ONEE à trouver des services alternatifs pour compenser les pertes. Explications du ministre de l’Energie et des Mines.
Depuis l’adoption de la loi 13-09 relative aux énergies renouvelables, les particuliers attendent toujours l’ouverture du réseau électrique à la basse tension. Pouvoir produire sa propre énergie en utilisant une énergie propre et gratuite et par la même occasion réduire sa facture énergétique tout en contribuant aux efforts de la lutte contre les changements climatiques est un rêve qui n’est pas encore accessible.
Et pour cause, l’ouverture de la basse tension aux particuliers traîne depuis 3 ans, soit depuis l’adoption de l’amendement de ladite loi qui a autorisé l’ouverture du réseau à la basse tension pourtant inévitable pour réussir la transition énergétique du pays.
Interpelé sur ce retard, le ministre de l’Energie et des Mines Aziz Rebbah a précisé, dans un premier temps, que des problèmes techniques sont à l’origine de ce blocage.
«J’ai récemment eu une discussion avec Mustapha Bakkoury, Président Directeur Général de Masen et Abderrahim El Hafidi, Directeur général de l’ONNE, pour voir comment accélérer l’ouverture du réseau aux particuliers qui est un droit constitutionnel », a-t-il précisé.
Les différentes parties concernées sont en train d’étudier les modalités d’injection de l’électricité produite par les particuliers dans le réseau notamment le taux d’injection qui sera défini en fonction de la capacité du réseau.
Mais est-ce les vraies raisons du blocage ? En réalité, ce retard est lié à des considérations qui dépassent les aspects techniques de l’ouverture. Il s’agit en réalité du manque à gagner pour l’ONEE. Faut-il rappeler que les clients moyen tension et surtout basse tension contribuent substantiellement aux grands équilibres comptables et financiers de l’ONEE et des 12 autres distributeurs de l’électricité. Cette ouverture aura, sans doute, des conséquences importantes sur les revenus de l’Office.
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Ce qui explique ce blocage que les experts n’ont eu cesse d’imputer au lobbying de l’ONEE et à celui des régies d’eau et d’électricité.
La stabilité financière de l’Office est-elle en réalité à l’origine de ce blocage ? Nous avons réinterpellé le ministre à ce sujet qui a précisé « Aujourd’hui l’ONEE doit gérer l’équilibre des 3 services : l’eau, l’électricité et l’assainissement. Toutefois, l’Office reste déficitaire sur les deux premiers services. D’ailleurs pour assurer la continuité des services fournis par l’ONEE avec des prix inférieurs au coût de revient, l’Etat continue d’apporter son soutien financier ».
Cela dit, le ministre a précisé que même s’il faut garder cet équilibre, il est impératif de garantir la liberté énergétique. Il a signalé que le Maroc est en retard par rapport à d’autres pays notamment en développement dont certains ont atteint 40% d’auto-production.
« Pour cela, j’ai demandé au DG de l’ONEE, A. El Hafidi de réaliser une étude pour identifier les nouveaux services à développer pour compenser le financement de la basse tension », nous a-t-il éclairé.
Le ministre a déclaré que le Maroc s’apprête à vivre une grande révolution énergétique non pas dans les objectifs fixés mais dans les composantes énergétiques du mix énergétique.