Il ne suffira pas au ministre de la Santé de tenir une réunion avec les représentants de l’association nationale des cliniques privées (ANCP) pour mettre un terme aux agissements scandaleux de certaines de ces cliniques envers les patients Covid-19. Il devra répondre impérativement aux interpellations des députés.
Honteux, scandaleux, inhumains… la liste est longue pour décrire les agissements de certaines cliniques privées face à la détresse des patients Covid. Des agissements incompréhensibles d’autant que ce sont les cliniques privées qui n’ont de cesse martelé leur volonté de soutenir l’Etat dans la prise en charge des malades face aux insuffisances du système de santé public et à la recrudescence alarmante de la pandémie.
En effet, depuis le feu vert du ministère de la Santé aux cliniques privées pour démarrer la prise en charge des malades Covid-19, de plus en plus de patients et leurs familles ont commencé à dénoncer l’avidité de certaines structures de soins du secteur privé qui imposent à des malades en détresse de déposer des chèques de garantie et avancer des montants exorbitants en cash allant de 60.000 DH à 140.000 DH avant de secourir les patients.
Le calvaire des malades ne s’arrête pas à ce point puisqu’à l’issue de leur séjour en cliniques certaines d’entre-elles refusent de délivrer les factures et les dossiers médicaux des malades avec les actes de soins réalisés.
Ce qui est en totale contradiction avec les dispositions prises récemment par les pouvoirs publics, notamment le protocole thérapeutique et la grille tarifaire y afférente.
Pis, exiger un chèque de garantie avant de produire les premiers actes de soins à des malades en état d’urgence est non seulement une pratique frauduleuse mais non-assistance à personne en danger et met rn péril la vie des patients à la merci du bon vouloir de certaines structures privées de soins.
Les familles de patients dénoncent même la facturation de soins non prodigués aux malades.
Un scandale qui a eu un tel écho que le ministre de la Santé a dû se réunir, ce mercredi 11 novembre avec les représentants de l’association nationale des cliniques privés (ANCP) et de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM).
Et autant dire que les intentions annoncées à l’issue de cette réunion pour mettre fin au dérapage et de revoir le coût de la prise en charge des malades affectés par le Coronavirus, surtout ceux en réanimation pour éviter que les cliniques ne soient pointées du doigt pour surfacturation, ne suffisent pas pour calmer la colère provoquée par de tels agissement.
En effet, le ministre de la Santé est prié de donner des explications et surtout d’énoncer les mesures concrètes pour mettre fin au diktat de certaines cliniques privées surtout dans le contexte actuel qui ne supporte aucune place à la cupidité ou à l’appât du gain.
Dans ce sens, la députée Hanane Rihhab, de l’USFP, a adressé une question orale au Pf Aït Taleb dans laquelle elle note que face à la mobilisation nationale pour faire face à la pandémie, à l’esprit de solidarité et de sacrifice, certaines cliniques privées contrairement au consensus national qui prévaut actuellement, sont auteurs de pratiques illégales dans le traitement des patients Covid en imposant leurs propres lois, échappant à tout contrôle et agissant à l’encontre des décisions prises par les autorités publiques.
Dans sa missive adressée au ministre de la Santé, la députée décrit des pratiques opportunistes exploitant la détresse sanitaire actuelle pour un bénéfice rapide et exagéré.
Hanane Rihhab interpelle le ministre sur les procédures et mécanismes d’intervention en urgence pour remédier à cette situation dangereuse et surtout des mesures qui seront prises pour veiller au strict respect de la loi par ces unités de soins. Et pourquoi pas sanctionner les fauteurs.
Ces dérapages éclaboussent l’exercice même de la médecine privée et l’ensemble des cliniques privées dans un contexte des plus douloureux ne supportant pas ce type d’agissements, malheureusement devenus monnaie courante.
Ils rappellent également les précédents avec la menace brandie en 2019 d’arrêter la prise en charge des malades AMO.
Sans oublier que ce triste épisode porte un coup dur au climat de dialogue et de confiance entre autorités publiques et acteurs de l’écosystème de soins. De même qu’il prive le citoyen d’un droit constitutionnel, celui d’accéder aux soins et le cas échéant de lui sauver la vie d’un virus virulent.