L’économie mondiale s’apprête à enregistrer un léger rebond cette année, mais ses perspectives restent fragiles. C’est ce qui ressort des derniers pronostics de la Banque mondiale dans son rapport du mois de janvier 2020.
Toutefois, selon les analystes de l’institution de Breton Woods, deux phénomènes pèsent sur cette reprise un peu molle, faisant planer des doutes sur la trajectoire de la croissance économique : le gonflement sans précédent de la dette dans le monde et le ralentissement prolongé de la croissance de la productivité, dont la progression est indispensable à l’amélioration du niveau de vie et à l’élimination de la pauvreté.
Selon les perspectives économiques, la croissance mondiale devrait s’établir à 2,5% cette année, soit une légère hausse par rapport à 2,4% de 2019, à la faveur de la reprise progressive des échanges commerciaux et des investissements. Elle devrait marquer le pas dans les économies avancées, et passer de 1,6% à 1,4%, principalement en raison de la faiblesse persistante du secteur manufacturier.
Aussi, apprend-on dans l’analyse de la banque mondiale que la reprise devrait venir en grande partie de quelques grands marchés émergents qui sortent d’une période de marasme économique ou qui se mobilisent après une récession ou des turbulences. Pour d’autres économies, la croissance devrait ralentir car les exportations et les investissements restent faibles.
Le plus préoccupant est que même si la reprise dans les économies émergentes et en développement est conforme aux prévisions, le taux de croissance par habitant restera inférieur aux moyennes à long terme et progressera trop lentement pour atteindre les objectifs d’élimination de la pauvreté.
Ajoutons à cela que reprise poussive est exposée à toutes sortes de menaces pour ne citer que les différends commerciaux qui pourraient connaitre une nouvelle escalade. Un ralentissement de la croissance plus marqué que prévu dans les grandes économies telles que la Chine, les USA ou la zone euro aurait également de vastes répercussions. Une résurgence des tensions financières sur les grands marchés émergents (comme ce fut le cas en Argentine et en Turquie en 2018), une intensification des tensions géopolitiques ou une série d’événements climatiques extrêmes pourraient tous avoir des conséquences délétères sur l’activité économique dans le monde entier.
L’endettement : le serpent de mer
Depuis 50 ans, la dette s’accumule avec une ampleur et un rythme sans précédent depuis 50 ans. La dette totale des économies émergentes et en développement a grimpé à environ 170% du PIB en 2018 contre 115% en 2010. En ce qui concerne les pays à faible revenu, la dette s’est accrue après avoir fortement diminué au cours de la période 2000-2010.
Une précision s’avère utile : lorsqu’ils servent à financer des investissements favorisant la croissance, par exemple dans les infrastructures, les soins de santé et l’éducation, les emprunts publics peuvent être bénéfiques et stimuler le développement économique.
Aussi, le gonflement de la dette peut-il également s’avérer utile en période de ralentissement comme moyen de stabiliser l’activité économique.
Ralentissement de la productivité
Le rythme décevant de la croissance mondiale s’explique aussi par le ralentissement généralisé de la croissance de la productivité observé au cours des dix dernières années. La dernière édition des Perspectives économiques mondiales propose un examen approfondi des tendances de la productivité, en s’attachant à mettre en évidence les répercussions du ralentissement de la productivité sur les économies émergentes et en développement. La production moyenne par travailleur dans ces pays représente moins d’un cinquième de celle observée dans les économies avancées, voire seulement 2 % en ce qui concerne les pays à faible revenu.
La question que se posent les analystes est : comment relancer la croissance de la productivité ?
Des efforts sont nécessaires pour stimuler l’investissement privé et public, améliorer les compétences de la main d’œuvre afin de doper la productivité des entreprises, canaliser les ressources vers les secteurs les plus productifs, redynamiser l’adoption technologique et l’innovation, et promouvoir un environnement macroéconomique et institutionnel propice à la croissance.