Ecrit par S. Es-Siari |
Pour marquer cette orientation sur le plan social, le montage du PLF 2023 laisse entrevoir des évolutions relativement bonnes des budgets alloués aux secteurs sociaux. L’Etat aura-t-il les moyens de ses ambitions ?
Le PLF 2023 dresse dans une première étape le bilan du 1er exercice politique de l’actuel gouvernement en présentant les opérations économiques et sociales qu’il a planifiées et réalisées durant l’année 2022 et en relevant les défaillances et les obstacles qui se sont opposés à ses projets tout au long de cet exercice.
L’année 2022 est marquée par un contexte économique atypique et dépressif. Pour rester fidèle et coller tant soit peu à ses déclarations, l’Exécutif n’a pas hésité à mettre sous tension les finances publiques pour venir au secours des activités les plus touchées par la crise et réduire autant qu’il peut les effets de la flambée des prix.
A rappeler qu’un budget de 10 Mds de DH a été alloué pour atténuer les dégâts causés par le manque de pluie sur le secteur agricole.
Pour les activités liées au tourisme qui ont le plus souffert des impacts directs et indirects de la pandémie, une allocation budgétaire de l’ordre de 2 Mds de DH leur a été affectée pour permettre un redémarrage en douceur, et un montant de 1 Md de DH pour soutenir le secteur des transports.
Pour parvenir à un maintien relatif de la stabilité des prix, les pouvoirs publics ont aussi déboursé, à travers le canal de la caisse de compensation, 7,3 Mds de DH pour l’approvisionnement du blé et le maintien du prix du pain à 1,20 dirham. De plus, un montant d’environ 9,8 Mds de DH a été versé durant les cinq premiers mois de l’année pour le gaz butane enregistrant une hausse notable en glissement annuel de presque 100%.
Le soutien du sucre a été de 1,5 Md de DH pour le seul premier trimestre de cette année. Les charges globales de la caisse de compensation ont atteint à fin mai 15,4 Mds de DH et pourraient s’aggraver au terme de l’année. Même s’il est atténué en partie par les recettes que procurent la fiscalité des produits pétroliers, l’énorme effort consenti par le budget est déterminant.
“Sur la foi de ces largesses budgétaires et de ces orientations politiques osées contre vents et marées, il y a lieu de mettre à l’actif du présent gouvernement, il faut le reconnaître, l’acte d’avoir fait bouger les frontières du diagramme socio-économique néo-liberal de l’économie nationale en mettant sur les rails un projet de l’Etat social », annoncent les conjoncturistes.
C’est pour dire que pour aller au-devant des répercussions négatives de la crise sanitaire, l’Exécutif s’est engagé dans une politique budgétaire volontariste faisant fi, le temps d’un exercice, les normes et les limites qu’il s’est imposée pour réduire la dette et le déficit budgétaire.
La barre placée très haut
Pour marquer cette orientation sur le plan social, le montage du PLF 2023 laisse entrevoir des évolutions relativement bonnes des budgets alloués aux secteurs sociaux, les ministères de la santé et de l’éducation nationale cumulent à eux seuls une enveloppe budgétaire de 100 Mds de DH.
Il est prévu aussi un appui conséquent à la demande des ménages en subventionnant les prix des produits de grande consommation à travers la caisse de compensation, les charges de la caisse devraient, selon les prévisions retenues dans le projet, culminer à 26 Mds de DH.
Du côté du soutien des activités et du relèvement des investissements que prévoit le projet, la barre a été placée très haut par le Discours Royal prononcé à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne du parlement appelant à un engagement général de tous les partenaires (pouvoirs publics, secteur privé et institutions bancaires) pour la mobilisation de 550 Mds de DH d’investissements et la création 500.000 emplois, durant le quinquennat 2022-2026.
Dans cette perspective, le PLF 2023 ambitionne et anticipe une formation brute de capital fixe du secteur public de 300 Mds de DH dont 95,5 seraient réalisés par le budget de l’Etat, environ la moitié de cet investissement global serait l’œuvre des entreprises et établissements publics soit 140,5 Mds de DH, 45 Mds par le Fonds Mohamed VI pour l’investissement et 19 Mds de DH reviendraient aux collectivités territoriales.
Face à un rétrécissement des marges budgétaires dans un contexte des plus hostiles, les objectifs susmentionnés semblent très ambitieux. Ils demeurent conditionnés par la pluviométrie pour une économie fortement dépendante des aléas agricoles. Ils sont également dépendants de la mise en œuvre du RSU pour un meilleur ciblage de la population vulnérable.
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