Le Centre marocain de conjoncture (CMC) a révisé ses prévisions de croissance économique au titre de l’année 2020 à -6,2%. Cette baisse serait due en autres à une politique budgétaire peu expansionniste.
Depuis le déclenchement de la crise sanitaire, toutes les institutions font et refont leurs pronostics. C’est difficile d’établir des scénarios dans un contexte marqué par une forte épidémiologie qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Les analystes ont pourtant gardé leur optimisme en attendant les mesures qui seront contenues dans la Loi de Finances rectificative 2020. Toutefois, au lendemain de sa publication, nombreux sont les analystes et économistes qui sont restés sur leur faim. Ils considèrent que la LFR n’est pas riche en dispositions à même de garantir la relance économique. D’aucuns la qualifient de timorée.
Baisse prononcée de la croissance
Revenons-en aux analystes du CMC. Dans leur analyse, il ressort clairement que les conjoncturistes se sont basés sur trois faits majeurs. Le premier est relatif à l’amplification de la pandémie aux Amériques et en Inde et l’émergence d’importants clusters dans d’autres régions. Le second est relatif au ralentissement économique qu’a connue plusieurs pays partenaires du Maroc. Le troisième est relatif à la Loi de Finance rectificative qui reste timide dans un contexte où la crise socioéconomique bat tout son plein. D’après les conjoncturistes, dans un pareil contexte, la majorité des états ont dérogé aux règles de prudence en matière de déficit et d’endettement en vue de sauvegarder l’emploi et soutenir les entreprises en difficulté. Pour eux, cela ne fait pas de mal que la politique budgétaire soit un peu audacieuse dans un contexte pareil pour amorcer la relance économique. Autrement dit, elle devrait créer un contrechoc pour stopper « la forte dépression « provoquée par l’arrêt brutal des activités suite au confinement.
Bien que les autorités aient mis en place des mesures pour venir à la rescousse des entreprises et particuliers souffrant d’une baisse drastique de revenus, celles-ci demeurent insuffisantes. La demande intérieure principale baromètre de la santé économique s’est beaucoup tassée au cours des derniers mois. Des pronostics du HCP augurent d’une contribution négative de la demande intérieure à la croissance économique au titre de l’année 2020.
En matière d’investissements, il est à noter qu’en dehors de ceux programmés dans le cadre du Fonds spécial de la gestion de la pandémie Covid-19, financé à plus de 60% par les contributions, les engagements prévus dans le cadre de la Loi de Finances 2020 ont été révisés à la baisse.
Quid de 2021 ?
Pour 2021, le CMC table sur un taux de croissance du PIB en termes réels de 5,5% pour 2021. Dans son scénario, le CMC table sur une contribution dynamique et généralisée de tous les secteurs d’activité au profit de la croissance économique en 2021. Ils corroborent leurs prévisions par l’industrie qui devrait tirer profit du plan de relance économique. Elle afficherait une croissance de l’ordre de 3,6%. Le BTP bénéficierait du redémarrage des chantiers mis en veilleuse en 2020 et ceux qui seront éventuellement programmés dans la LF 2021.
Leur scénario repose par ailleurs sur la valeur ajoutée agricole de l’ordre de 11,3% sous l’hypothèse d’une récolte céréalière de 70 MQX. En 2022, ils prévoient un taux de 4,1%.
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