D’une politique monétaire très à cheval sur les règles prudentielles, le Maroc s’est dirigé depuis mars dernier vers une politique monétaire expansionniste pour absorber le choc de la crise sanitaire. La Banque centrale qui tient son troisième conseil de l’année, ce 22 septembre, devra davantage aller vers l’assouplissement, face au retard des mesures de relance.
À contexte exceptionnel, des décisions exceptionnelles. Depuis mars dernier, la Banque centrale a entrepris une série de mesures pour atténuer le choc provoqué par la pandémie sur les systèmes économique et bancaire du pays. Timidement d’abord, avec une baisse de 25 points du taux directeur en mars, pour ensuite opérer une baisse de 50 points en juin à 1,5% en plus de la libération totale de la Réserve Monétaire Obligatoire (12 Mds de DH).
Plus de deux mois après, les effets escomptés ne sont pas totalement au rendez-vous (ou encore non ressentis selon un banquier de la place) avec un coût de financement qui n’a subi aucune baisse (et ce malgré la garantie de l’Etat) et un creusement continu du déficit de liquidité du système bancaire (à cause des retraits massifs des agents économiques).
La relance rapide espérée ne s’est finalement pas opérée au rythme souhaité. Autrement dit, la baisse du taux directeur, son faible niveau n’a pas influencé comme il se doit la production de crédits, la masse monétaire en circulation et de facto l’activité économique du pays. La question qui se pose d’emblée : le gouverneur de la Banque Centrale dispose-t-il encore d’une marge de manœuvre pour ménager et la chèvre (l’économie en général) et le chou (les banques) ?
Alors que la crise sanitaire maintient le climat d’incertitude, Bank Al-Maghrib serait acculée à assouplir davantage emboîtant le pas à d’autres banques centrales dans d’autres pays. Encore faut-il admettre que les baisses successives du taux directeurs ne sont pas la solution idoine pour relancer la machine économique.
Autrement dit, le financement à lui seul n’est pas suffisant si l’entreprise n’a pas de marché. C’est pour dire qu’il serait déterminant d’accompagner la politique monétaire expansionniste par des plans de relance et de soutien pour préserver certains secteurs sévèrement touchés par la crise et stimuler la création de richesses.
Pour les analystes, le Wali de Bank Al-Maghrib annoncera à l’issue de ce troisième conseil une nouvelle baisse du taux directeur pour accélérer la baisse du coût du crédit et stimuler la reprise économique au-delà de 2020.
Un avis corroboré par les analystes de CDG Capital qui estiment que la forte dégradation de la conjoncture et le fort recul du rendement des entreprises, nécessiteraient plus d’effort en termes de réduction du coût de financement aussi bien pour la sphère publique que pour le secteur privé.
Et ce d’autant plus que le plan de relance (120 Mds de DH) repose en grande partie (75 Mds de DH) sur le crédit bancaire et les premiers résultats sont pour le moins mitigés.
Sur un autre registre relatif au second volet, de la politique monétaire décidée le 16 juin, concernant la réserve monétaire obligatoire, les résultats restent en deçà des attentes. Et pour cause, la banque centrale continue à injecter à fond des liquidités dans le circuit bancaire.
Le besoin de liquidité des banques a poursuivi son creusement au cours du mois de juillet 2020, se situant en moyenne à 102,7 Mds de DH après 100,4 Mds en juin et 96,5 Mds en mai. « Cette évolution est en relation, particulièrement, avec la hausse de la circulation fiduciaire à l’occasion d’Aid Al-Adha », expliquent les analystes de la Direction des Etudes et des Prévisions financières.
Dans un pareil contexte et pour aider les banques à mieux servir leurs clientèles, Bank Al-Maghrib a augmenté le volume de ses opérations d’injection de liquidité qui s’est établi en moyenne à près de 111,8 Mds de DH après 105,4 Mds le mois précédent.
La Banque Centrale est intervenue à travers les avances à 7 jours sur appels d’offre, dont le volume moyen s’est élevé à 40,4 milliards de dirhams après 38,1 milliards le mois antérieur. Des mesures qui restent sommes toute limitées face aux sorties d’argent massives à cause de l’incertitude entourant l’évolution de la situation épidémiologique.
Une chose est sûre: dans un contexte économique des plus difficiles et face à un amenuisement des ressources du Fonds Covid, l’étau se resserre.
Dans ce sillage, les banques notamment les filiales des banques étrangères sont appelées à mettre de l’eau dans leur vin en acceptant de s’exposer au risque et de réduire leurs marges pour une amélioration du coût de crédit qui reste élevé par rapport à d’autres pays.
La question ne mérite pourtant même pas d’être posée eu égard à la garantie à hauteur de 80% de l’Etat (via la CCG) pour les crédits Relance.
1 comment
Ce qu on a constaté que les banques ne suivent ni les détectives de Mr le jawhari. Je note ici qu une demande d un credit approuvée il y a deux mois n est toujours pas débloqué pour des raisons injustifié. Pour l instant une journée de retard nous fait perdre toute patience et nous gouffre dans l incertain. Les banques doivent montrer leur efficacité et coordonnées les détectives du patron de la banque centrale.
J espère……