L’ouverture des énergies renouvelables au secteur privé rencontre quelques perturbations. L’application de la loi 13-09 dans la phase de commercialisation de l’électricité reste contraignante pour les opérateurs privés. Plus de précisions avec le PDG de Platinum Power, premier opérateur de barrages privés au Maroc.
En vue d’accompagner les orientations énergétiques du royaume, le cadre réglementaire relatif aux énergies renouvelables a été renforcé en 2010 avec la promulgation de la loi n°13-09 relative aux énergies renouvelables. Une loi qui a ouvert la porte aux investisseurs privés souhaitant investir dans des projets de production d’électricité à partir de sources renouvelables. Face au potentiel que représente le secteur, plusieurs acteurs se sont bousculés au portillon. Si beaucoup sont toujours en attente des autorisations, certains ont réussi à décrocher le sésame.
C’est le cas de Platinum Power, premier opérateur de barrages privés au Maroc, qui s’est lancé en 2012 dans l’énergie hydraulique avec comme objectif le développement d’un programme de 13 barrages pour une capacité totale d’environ 315 MW et un volume d’investissement de 8 Mds de DH. Un opérateur plus connu par l’affaire Brookstone Partners pour avoir fait la une de plusieurs médias cette année en raison d’une guerre entre l’investisseur marocain Omar Belmamoun et son associer américain Michael Toporek. Plusieurs versions ont été relatées par la presse qui a suivi les épisodes de ce feuilleton juridique. Pour tirer les choses au clair et mettre la lumière sur une affaire rocambolesque, Omar Belmamoun PDG de Platinum Power, s’est réuni ce mardi 25 décembre avec quelques médias de la place.
Platinum Power ne trouve toujours pas acheteur
Mais avant de rappeler les tenants et les avenants de l’affaire qui l’oppose toujours à son associé, le PDG de la boîte a, tout d’abord, mis l’accent sur l’état d’avancement des projets du groupe qui opère au Maroc, au Cameroun et en Côte d’Ivoire avec un portefeuille de 3 Mds de dollars pour une capacité totale de 1.000 MW. Il rappelle que le groupe a obtenu 6 autorisations « 13-09 » pour une valeur de 4 Mds de DH (soit environ 70% des projets autorisés dans l’hydraulique au Maroc) et s’apprête à franchir une nouvelle étape. Après avoir bouclé les phases de développement technique, de prospection, de sécurisation des sites pour une enveloppe de 300 MDH, Platinum Power arrive à la phase de construction.
Une phase conditionnée par la commercialisation, au préalable, de la production d’électricité. Et c’est là où le bât blesse d’après le PDG du Groupe qui ne trouve pas acheteur. Rappelons que la loi 13-09, dans sa mouture actuelle, stipule que les clients doivent être raccordés au réseau national de la très haute et la haute tension. Ce qui réduit le champ des clients potentiels qui se limite à une quarantaine dont l’OCP, l’ONCF et les cimentiers.
« Sauf que ces clients potentiels ne semblent pas intéressés par l’électricité hydraulique que nous mettons à leur disposition. Et pour cause, Platinum Power ne peut vendre l’électricité qu’en heures de pointe à des tarifs plus compétitifs pour rester conforme aux critères de bancabilité requis pour les schémas de financement retenus pour les projets. Or, en raison de la hausse des tarifs de vente d’électricité de l’ONEE, les opérateurs industriels ont adopté des stratégies d’effacement afin de réduire leur consommation en heures de pointe », explique Omar Belmamoun.
Logiquement, d’après le PDG de Platinum Power qui fait référence aux pratiques internationales, les grands groupes en l’occurrence l’OCP ou l’ONCF devraient entrer majoritairement dans le capital de ces projets ce qui leur permettra d’assurer leur propre capacité de production à long terme.
Ce qui représenterait, bien évidemment, un manque à gagner énorme pour l’ONEE qui cherche toujours à garder la main mise sur les grands comptes afin d’assurer sa pérennité.
La question qui se pose : Quel est in fine l’intérêt d’ouvrir le secteur au privé si ce dernier n’arrive pas à trouver preneur ? Quel rôle l’Etat est-il censé jouer pour encourager l’investissement dans ce secteur et veiller à atteindre les objectifs fixés dans le cadre des énergies hydriques à l’horizon 2030 ?
En attendant d’y voir plus clair, Platinum Power ne baisse pas les bras. Preuve en est, le groupe a décidé lors de son dernier Conseil d’administration, tenu la semaine dernière, une augmentation de capital de 60 MDH passant de 125 MDH à 185 MDH. Le groupe continue son développement en Afrique avec deux projets en Côte d’Ivoire de 150 MW chacun pour un investissement total de plus de 13 Mds de DH et un projet au Cameroun de 365 MW pour un investissement total estimé à environ 1 Md d’euros.