Toujours aucune visibilité concernant le projet du modèle de développement que le Roi a appelé à revoir. Dans son discours du 12 octobre 2018, à l’ouverture de la session d’automne du Parlement, le Souverain avait pourtant fixé au gouvernement un deadline de 3 mois pour présenter un livrable.
« Il est dans l’ordre des choses qu’un temps suffisant soit consacré à la réflexion et au dialogue autour de cette question, au reste, cruciale pour le devenir du Maroc. Néanmoins, Nous estimons que cet important chantier a atteint un stade de maturité tel qu’il convient d’activer la présentation des différentes contributions dans le courant des trois prochains mois », extrait du discours du Roi. 4 mois plus tard, aucune visibilité sur ce chantier prioritaire qu’est développement de notre pays.
Rappelons aussi que la commission ad hoc devait soumettre au cabinet Royal le projet du nouveau modèle de développement avant le 12 janvier en spécifiant les objectifs fixés, les leviers de changement proposés et les mécanismes de mise en œuvre retenus.
Certains bons élèves notamment des partis politiques ou encore certaines institutions à l’instar du Conseil économique, social et environnemental et le Conseil Supérieur de l’Éducation, de la Formation et de la Recherche Scientifique ont bel et bien élaboré leurs propositions. Sauf que faute d’une instance qui compile toutes ces propositions, qui constitueront le socle de la réflexion du nouveau modèle de développement, elles restent dans leur bercail.
Ce retard n’est donc pas sans conséquence sur l’émergence du pays surtout avec un modèle de développement qui a atteint ses limites et en l’absence de visibilité sur l’état d’avancement de l’élaboration du nouveau modèle. Le Maroc avance-t-il à l’aveuglette ?
Pas à ce point. Selon certains observateurs, le nouveau modèle n’est pas un document magique qui du jour au lendemain va hisser le Maroc dans le cercle des pays émergents. C’est un long processus où il sera question de revoir les priorités du pays ainsi que la méthodologie de mise en œuvre des réformes.
Mais cela n’empêche pas de se poser des questions légitimes notamment qu’attend le gouvernement pour présenter les différentes propositions ? Qu’est-ce qui bloque concrètement ?
D’après certains observateurs, les rivalités au sein de la majorité seraient la principale cause de ce retard. Il semble que les partis de l’alliance ne sont pas sur la même longueur d’onde concernant la vision de ce nouveau modèle.
C’est à se demander si ces partis, censés représenter le peuple, l’ont-ils associé à cette réflexion ? Une question fondamentale si l’on prend en exemple les pays ayant réussi leur émergence, comme la Malaisie, la Corée du Sud…, en impliquant les citoyens. Et qui dit citoyen dit toutes les forces vives du pays à savoir citoyen lambda, intellectuels, économistes, société civile…
Malheureusement, nous ne sommes pas encore à ce niveau de réflexion qui reste limiter à la sphère politique et aux institutions. C’est pourquoi il est temps de changer de paradigme et ouvrir un débat pour que chaque composante de la société apporte sa contribution à l’édifice.