Alors qu’en temps normal, c’est le budget qui alimente les Comptes spéciaux du Trésor (CST), en cette période exceptionnelle, ce sont les CST qui renflouent le Trésor.
A l’instar des exercices précédents et depuis que la Covid a commencé à sévir sérieusement, les ressources financières empruntent un trend baissier. Comme on s’y attendait, pour des raisons connues de tous (arrêt de l’économie, confinement, emploi partiel… ) les recettes fiscales se sont inscrites en régression de -7,7% comme en attestent le bulletin mensuel de la ,Trésorerie générale du Royaume.
L’autre catégorie de ressources à savoir les recettes non fiscales ont pu atténuer la baisse drastique qu’aurait pu connaître les ressources dans leur globalité. Justement comment et jusqu’à quel degré ?
En effet, Les recettes non fiscales se sont établies à 30 Mds de DH contre 19,2 Mds de DH un an auparavant, en hausse de 56,1%. Cette hausse, de par son importance aussi bien en valeur qu’en pourcentage, interpelle dans un contexte aussi morose.
Dans la loi de Finance rectificative, il est écrit noir sur blanc que l’Etat n’effectuera pas de cession de son patrimoine. Et pour cause, c’est difficile de trouver un preneur dans un contexte très morose ou à un prix de vente convenable. A fin août 2020, il n’a été donc procédé à aucune privatisation alors qu’il y a un an, la cession d’une participation de l’Etat dans le capital de la société Itissalat Al-Maghrib avait rapporté 4,4 Mds de DH imputés au budget général.
A leur tour, les recettes des monopoles et participations ont été de 6.041 MDH à fin août 2020 contre 6.677 MDH à fin août 2019, en baisse de 9,5%. Ces recettes ont été versées notamment par l’OCP (2 Mds de DH, soit le même niveau un an auparavant), Bank Al-Maghrib (949 MDH contre 711 MDH), l’Agence de la conservation foncière (950 MDH contre 1.250 MDH), Maroc Télécom (911 MDH contre 1.531 MDH) et l’ANRT (250 MDH contre 200 MDH). Ajoutons à la diminution desdites recettes, la baisse de la redevance gazoduc à 273 MDH contre 699 MDH un au auparavant. Bref tous les indicateurs sont dans le rouge.
Ce sont d’autres recettes non fiscales qui ont sauver la mise en atténuant la baisse à juste-0,1% à fin août 2020 pour l’ensemble des recettes comparativement à la même période de l’année passée. Sinon la baisse des ressources ordinaires aurait pu être très alarmiste. La lecture des statistiques de la TGR fait ressortir une hausse de 200,6% des autres recettes non fiscales, due pour l’essentiel à l’augmentation des versements des CST au profit du budget général (16,5 Mds de DH contre 2,9 Mds de DH) et des fonds de concours (4.159 MDH contre 570 MDH). Des hausses qui donnent le tournis et qui ne rassurent nullement sur le niveau des recettes.
La question qui se pose d’emblée : jusqu’à quand l’Etat continuera-t-il à boucher les trous pour sauver la face ?
La baisse de toutes les rubriques liées aux recettes inquiète à plus d’un titre et ce n’est pas encore fini vu l’évolution de la situation épidémiologique. A fin août 2020, le taux de couverture des dépenses ordinaires par les recettes ordinaires a été de 98,4% contre 100,8% un an auparavant. 55,4% de ces recettes ont été consacrées aux dépenses de personnel, 25,6% aux dépenses de matériel, 14,2% aux intérêts de la dette et 3,4% aux émissions de la compensation. Face à la hausse de la dépense, l’Etat serait astreint à activer le levier de la dette.
Dans les mois à venir, la situation ne ferait qu’empirer et ce même si la situation sanitaire s’améliore et même si l’économie retrouve son entrain. Une croissance en V serait difficile et un taux de -6,2% comme prévu par les conjoncturistes fera sombrer davantage les finances publiques dans la léthargie.
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