Le Deal du siècle ou le plan de paix du président américain au sujet de la question israélo-palestinienne a créé une cacophonie sans précédent au sein de la majorité.
En effet, alors que la diplomatie marocaine avait salué lors de la réunion extraordinaire du Conseil de la Ligue arabe au niveau des ministres des affaires étrangères, tenue le 1er février au Caire le plan américain de paix au Moyen-Orient et informé que « compte tenu de l’importance et de l’ampleur de cette vision, le Royaume examinera ses détails de manière attentive », le Chef de gouvernement, Saad Dine El Otmani fait une volte-face !
Dans une déclaration au média Arabi21.Com, il a rappelé que le Maroc (Roi, gouvernement et peuple) sont clairs dans leur position sur la question palestinienne et soutient le peuple palestinien pour recouvrer tous ses droits à savoir l’établissement de l’Etat de la Palestine avec pour Capitale Al Qods. Il réaffirme que le pays réfute toutes les tentatives de judaïsation d’Al Qods et les attaques contre la mosquée Al Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam. Donc toute solution qui s’écarte de ces constantes ne peut qu’être rejetée, ajoute-t-il.
Faut-il y voir une position officielle de rejet de la part du Maroc du plan de paix américain ? Dans ce même entretien, El Otmani évoque la position de la Ligue arabe qui rejette « le deal du siècle » et réitère son attachement aux constantes palestiniennes et au soutien du peuple palestinien.
Mieux, il cite l’Organisation de la Coopération Islamique qui va dans le sens de la position de la Ligue arabe.
Il faut dire que depuis quelques jours, la question cristallise l’opinion publique marocaine exacerbée par des déclarations attribuées au ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita qui aurait déclaré selon certains médias qu’il ne faut pas être plus Palestinien que les Palestiniens. Des propos qu’il aurait tenu ce mardi devant la chambre des Conseillers.
A noter également que lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers du 4 février, la Confédération Démocratique du Travail a insisté à programmer sa question sur comment prémunir le pays contre les intrusions israéliennes malgré le désistement du ministre des affaires étrangères qui n’a pas pu être présent.
Le chef de gouvernement agit-il en pompier face à cette levée de bouclier des Marocains et la manifestation qui sera organisée ce dimanche 9 février en soutien au peuple palestinien et à la cause palestinienne à laquelle ont adhéré plusieurs organisations et partis politiques ?
Tout prête à le croire puisqu’en moins de 24 h, le Chef de gouvernement a fait au moins 6 tweets et retweets en relation avec cette question sur sa page officielle.
D’ailleurs en tant que Chef du Parti de la Justice et Développement, Saad Dine El Otmani affirme qu’il prendra part à cette manifestation puisque son parti a appelé tous ses cadres, militants, élus de participer massivement à la marche de dimanche pour affirmer son rejet du deal du siècle.
La tension est montée d’un cran suite à des informations relayées par des médias américains et israéliens sur les tentatives du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour faire aboutir un accord entre le Maroc, les Etats-Unis et Israël qui consiste en une normalisation des relations entre le Royaume et Israël en contrepartie d’une reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara.
Un troc que beaucoup de Marocains dénoncent sur les réseaux sociaux, estimant que le Maroc n’a pas à marchandé puisqu’il est intimement convaincu de la justesse de sa cause. Encore moins à se détacher de sa position historique en faveur de la cause palestinienne. En effet, ce Deal du siècle stipule que Jérusalem restera la capitale indivisible d’Israël. Il impose le droit de prière aux juifs sur l’Esplanade des mosquées jusque-là réservée aux musulmans. Les colonies israéliennes de Cisjordanie où se sont installés 400.000 colons seraient annexées à Israël. La vallée du Jourdain, large bande de terre stratégique à la frontière jordanienne passerait sous souveraineté israélienne.
Rappelons que le 30 mars 2019 au Palais Royal à Rabat, le Roi Mohammed VI, Président du Comité Al Qods et le Pape François, en visite historique au Royaume, signaient l’Appel d’Al Qods qui tend à la conservation et la promotion du caractère spécifique multi-religieux, la dimension spirituelle et l’identité particulière de la ville sainte.