Le feuilleton RAM/pilotes de ligne continue. La compagnie vient de jeter de l’huile sur le feu allant même jusqu’à saisir les tribunaux. Le but est de dissoudre l’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL). Détails.
La hache de guerre entre la RAM et les pilotes de ligne n’est toujours pas enterrée. Après quelques jours d’accalmie, on croyait que la tempête a cessé.
Mais non. Le feuilleton RAM/pilotes de ligne continue. La compagnie vient de jeter de l’huile sur le feu allant même jusqu’à saisir les tribunaux. Les pilotes ne sont donc pas au bout de leur peine.
Après le licenciement de 65 pilotes, la RAM enfonce le clou et va jusqu’à chercher la dissolution de l’Association marocaine des pilotes de ligne.
A corsaire, corsaire et demi. La RAM aurait mal digéré l’intervention de la Fédération internationale des pilotes de ligne Associations (IFALPA), dont est membre l’AMPL, qui a envoyé une lettre où elle dénonce un mouvement de licenciement qui n’a d’économique que le nom.
Pis, la compagnie aurait reçu non pas deux lettres des associations de l’Algérie et de l’Afrique du Sud mais pas moins de 30 lettres des différentes associations affilées à l’IFALPA qui ont voulu faire de la médiation.
« Il est expliqué dans ces lettres que c’est de la mauvaise foi de la part du management de la compagnie. Donc c’est plus des règlements de compte que des licenciements pour des raisons économiques », nous a affirmés un pilote qui souhaite garder l’anonymat.
Ainsi, le 9 septembre, la compagnie a déposé auprès du tribunal de première instance une requête de nullité et de dissolution de l’AMPL.
Dans la requête (17 pages) déposée au tribunal, dont nous disposons d’une copie (1ère page), la compagnie s’appuie sur l’article 7 du Dahir n° 1-58-376 réglementant le droit d’association qui stipule que « Le tribunal de première instance est compétent pour connaître des demandes de déclaration de nullité de l’association prévue à l’article 3 ».
Ce dernier stipule à son tour que « Toute association fondée sur une cause ou en vue d’un objet illicite, contraire aux lois, aux bonnes mœurs ou qui a pour but de porter atteinte à la religion islamique, à l’intégrité du territoire national, au régime monarchique ou de faire appel à la discrimination est nulle ».
La RAM va jusqu’à demander la saisie des comptes de l’Association pour le compte de l’Etat.
A travers cette démarche, la compagnie cherche à remettre en cause tous les accords sellés avec l’AMPL depuis plus de 40 ans. Et elle n’est pas à sa première tentative de geler l’activité de l’Association mais à la 4ème, après celles de 1972, de 1982 et de 1992.
« A chaque fois, la condition pour maintenir l’Association était qu’elle n’ait jamais un esprit syndical, n’interfère jamais dans la politique Maroc et doive se limiter à défendre les intérêts professionnels des pilotes », nous précise un membre.
Jusqu’à maintenant l’AMPL ne s’est toujours pas manifestée au sujet de cette affaire dont la 1ère audience se tiendra vers la mi-octobre.
Si cette opération de licenciement s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de sauvetage de la RAM qui a accusé le coup de la crise du Covid avec des pertes qui se chiffrent à des milliards de DH, pourquoi n’a-t-on pas, jusqu’à aujourd’hui, les détails de ce plan de sauvetage ?
Nous apprenons toutefois que le président de la RAM invite régulièrement des commandants de bord et des pilotes à des réunions non pas d’information mais plutôt de menace comme nous le confirme notre source.
La dernière en date celle du vendredi 18 septembre où le top management de la RAM a affirmé ne plus reconnaitre l’AMPL en tant qu’association appelant les personnes convoquées à présenter individuellement ou collectivement une proposition de réduction de salaire. Autrement, le licenciement économique serait toujours à l’ordre du jour.
Contacté par nos soins, un responsable de la RAM nous a affirmés que l’AMPL n’est pas un syndicat et par conséquent ne peut être considérée comme étant un acteur social de la compagnie.
Le message est clair : la RAM ne veut plus avoir affaire à l’AMPL.
Et pourtant, il y a à peine 1 an, après des mois de tension, les deux parties étaient parvenues à un terrain d’entente qui s’est traduit par la signature d’un accord avec comme condition 3 ans de paix sociale.
Aujourd’hui l’on se demande comment en sommes-nous arrivés là ? Avant la pandémie qui a mis à genoux la compagnie à l’instar de toutes les compagnies aériennes mondiales, les pilotes marocains étaient considérés comme une fierté marocaine et même cités comme référence à l’échelle internationale.
A-t-on pensé un instant à l’avenir de ces pilotes qui se retrouvent du jour au lendemain au chômage. Etonnant qu’ils trouvent un travail ailleurs.
Nous ne prenons la défense d’aucune partie néanmoins nous appelons à mieux traiter ceux qui ont longtemps servi leur pays.
Aujourd’hui, les pilotes licenciés ne cherchent pas à gagner plus en termes d’indemnité mais à rejoindre leur poste. Autrement, c’est l’exil assuré d’après les dires du pilote.
« Il y a 6 mois maintenant la RAM employait 66 pilotes étrangers. Aujourd’hui, elle se défait des pilotes marocains et dans 3 à 4 mois avec le reprise elle va recruter de la main d’œuvre étrangère pour remplacer les Marocains », se révolte le pilote.
La question qui se pose dans toute cette histoire : où est le gouvernement qui a mis de l’argent pour sauver la compagnie, société publique ? Pas de réaction.
Faut-il rappeler que l’Etat a débloqué, en pleine crise de la Covid-19, 6 Mds de DH pour soutenir la RAM.
Une enveloppe qui doit accompagner le plan présenté par le top management de la compagnie et qui doit être bien respecté.
Et là encore on se demande où est le Comité de pilotage censé veiller sur la réalisation des objectifs déclinés dans le Plan avec l’accord de L’État ? Il faudra attendre pour voir la suite des événements.
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LA RAM VEUT DICTER CE QUE ELLE NE PEUT CHANGER DANS SA STRATÉGIE , DE QUOI LA JUSTICE VA PARLER : ASSOCIATION OU COMPAGNIE ? C’EST UNE MASCARADE DE LA DIRECTION DE LA RAM QUI NE SAIS PLUS QUOI FAIRE …