Des regards croisés sont de nouveau centrés sur les conditions de réussite du nouveau modèle.
La seconde édition du Colloque sur la reconsidération du modèle de développement à l’aune des évolutions que connait le Maroc, organisé par l’Association des membres de l’Inspection des Finances (AMIF) était un moment fort pour les différents intervenants nationaux et internationaux de partager avec l’auditoire les différentes analyses et réflexions pour aboutir à un modèle de développement qui promeut l’inclusion sociale et le partage équitable des richesses.
Tel qu’il est présenté par les différents intervenants, le diagnostic de la réalité économico-sociale fait l’unanimité : des progrès économiques et politiques indéniables sont réalisés, mais le modèle a atteint ses limites. Il est de plus en plus empreint de fortes disparités sociales.
Aujourd’hui, il est impératif pour élaborer le nouveau modèle de développement de prendre en considération les profonds changements à l’œuvre actuellement à l’échelle internationale, à savoir la transformation digitale, la montée du protectionnisme et su populisme, l’exacerbation des tensions géopolitiques et des flux migratoires…
Face à tous ces défis et pas des moindres, l’équipe au pouvoir est amenée à faire en sorte que le modèle satisfasse des prérequis susceptibles de lui garantir la réussite dont notamment la bonne gouvernance, la valorisation du capital humain, le suivi de la mise en œuvre des politiques publiques et la communication en direction des citoyens. Il ressort par ailleurs des réflexions, l’optimisation des ressources et de rationalisation des dépenses, de priorisation des politiques publiques et de sauvegarde des équilibres macroéconomiques. Sinon, les efforts seraient voués à l’échec.
Aussi, les intervenants n’ont-ils pas manqué de rappeler que la dimension territoriale occupe une place de choix dans le nouveau modèle de développement. A rebours des pratiques adoptées dans le passé, les collectivités territoriales, sont appelées à relayer les besoins et attentes des citoyens dans le cadre de la politique de la régionalisation avancée et la déconcentration administrative. Justement afin de capitaliser sur l’expérience des Collectivités territoriales, il est fortement recommandé qu’elles soient mieux accompagnées par l’Etat, qu’elles jouissent de plus d’autonomie et que leurs ressources propres soient renforcées.
La problématique de l’emploi, comme cela a été souligné par nombre d’orateurs, fait partie de nos préoccupations et s’inscrit au cœur des défis du nouveau modèle de développement. La révolution digitale à l’œuvre sous nos yeux pose, dans des termes jusque-là inédits, cette problématique : quel nouveau marché du travail ? quel système d’éducation et de formation ?…
Les éléments de réponse avancés consistent en l’encouragement du passage de la logique actuelle basée sur le cumul des références passées à celle d’expérimentation de nouvelles idées et initiatives, d’une part, et de la rigidité à la flexibilité du marché du travail, d’autre part. Cette flexibilité suppose naturellement l’existence de bons systèmes et de couverture sociale.
le nouveau modèle de développement appelle la redéfinition des rôles respectifs du secteur public et du secteur privé à l’effet, d’une part, d’accroître l’efficacité de l’Etat et de recentrer son rôle en tant qu’acteur stratège, régulateur et redistributeur, et, d’autre part, de conférer au secteur privé un rôle central dans la mise en œuvre du nouveau modèle de développement.
Ce qui a été proposé
A la lumière du diagnostic établi et des limites du modèle actuel mises en exergue par les différents responsables politiques, les principales propositions avancées s’articulent autour des leviers liés aux dimensions institutionnelle, économique et sociétale.
Au niveau institutionnel, il a été proposé notamment d’accélérer l’opérationnalisation des dispositions constitutionnelles relatives à la régionalisation avancée et au processus de déconcentration administrative ; de renouveler l’offre politique, de rétablir la confiance des citoyens dans les institutions et les instances élues pour un meilleur portage du nouveau modèle de développement, et, enfin, la promotion de la gestion axée sur les résultats et de la culture de l’évaluation des politiques publiques.
En ce qui concerne la dimension économique, les propositions concernent en particulier l’amélioration de l’efficacité de l’investissement public, du climat des affaires et de l’appui à l’investissement privé ; le renforcement de la compétitivité de l’économie nationale et la consolidation du processus de l’industrialisation ; la reconsidération des incitations fiscales et l’amélioration de leur efficacité ; et, enfin, l’exploration des opportunités offertes par la transition digitale.
S’agissant de la dimension sociale, sociétale et environnementale, les principales propositions qui méritent d’être signalées portent sur : le placement du capital humain au cœur du processus de développement en assurant un équilibre entre la création et la répartition de la richesse ; l’investissement dans l’économie de la connaissance et la promotion de l’école publique ; l’amélioration de l’accès à des services de santé de qualité et l’élargissement de la couverture médicale ; la promotion de l’économie sociale et solidaire et de l’auto-emploi ; l’élargissement de la classe moyenne et le soutien de son pouvoir d’achat ; le renforcement de la diversité culturelle et linguistique ; et, enfin, l’intégration de la dimension écologique et de la dimension du genre dans la conception des politiques publiques.
Un chose est sûre : réussir le modèle de développement et pouvoir atteindre les objectifs cités ci-dessus est un parcours de longue haleine qui demande beaucoup de souffle. Mieux encore son aboutissement suppose une mobilisation de toutes les forces vives de la nation. Et ce sur la base de nos spécificités, nos réalités et surtout nos capacités.