Le Maroc entame une réforme profonde de son système de protection sociale. Les premières Assises nationales marquent ainsi un tournant majeur pour les citoyens marocains.
Nous sommes lundi 12 novembre. Le Palais des congrès de Skhirat est archi-comble. Ministres, représentants des différents organismes publics, représentants des instances internationales, parlementaires, société civile…, ils étaient nombreux à prendre part aux premières Assises de la protection sociale initiée par le ministère délégué chargé des Affaires générales et de la gouvernance. Un moment historique dans notre pays qui permettra de poser les premiers jalons d’une réforme tant attendue par une grande partie de la population.
La tenue de ces Assises arrive donc à point nommé. Et pour cause, les disparités et les inégalités sociales ne cessent de s’élargir non pas sans conséquence sur la paix sociale de plus en plus menacée. En effet, avec des ascenseurs sociaux en panne, des indicateurs sociaux dans le rouge et un taux de mécontentement général trop élevé, le climat social est très tendu.
Sensible aux cris du peuple, le Roi Mohammed VI a appelé le gouvernement dans le discours du Trône du 29 juillet dernier à entreprendre une réforme globale et profonde du système de la protection sociale.
Aujourd’hui, le gouvernement semble enfin déterminer à désamorcer la bombe à retardement sociale. L’organisation de ces Assises a été l’occasion d’établir un état des lieux, de dresser le bilan de la protection sociale mais surtout d’ouvrir le débat sur le nouveau modèle d’un système de protection sociale intégré, cohérent, efficient et inclusif.
Le Chef du gouvernement Saâddine El Otmani a avoué dans son discours que le système souffre effectivement de plusieurs dysfonctionnements qu’il est temps de dépasser. Il a appelé tous les acteurs concernés à mettre la main dans la main pour réduire le déficit et atteindre ainsi les objectifs escomptés.
« La fragilité est une réelle menace de la paix sociale d’où la nécessité de l’implication de toutes les composantes de la société pour mettre en place un système de protection sociale inclusif », a précisé le Chef du gouvernement.
L’enjeu est de mettre de l’ordre dans ce système, créer une harmonie et une convergence entre les 140 programmes sociaux qui existent. Et c’est là où le bât blesse.
Lahcen Daoudi ministre des Affaires générales et de la Gouvernance a précisé que le diagnostic du système, réalisé par son département, a révélé l’absence d’une vision globale et unifiée avec des objectifs clairs et des priorités spécifiques ; l’absence de mécanismes de ciblage efficaces.., et bien d’autres dysfonctionnements.« Pour remédier à cet état de fait, nous devons reconsidérer le système de protection sociale dans son ensemble pour le rendre plus harmonieux, intégré et donc plus efficace et efficient, tout en le renforçant en vue d’étendre progressivement la couverture à tous les risques sociaux et à toute la population vulnérable», a-t-il souligné.Pour cela, Lahcen Daoudi a opté pour une approche participative impliquant toutes les parties concernées dans l’objectif d’élaborer une vision intégrée et consensuelle du système de la protection sociale en tant que composante essentielle du nouveau modèle de développement.
Durant 2 jours, tous les intervenants vont décortiquer les faiblesses, les forces, les avancées, les retards, les défis à relever pour pouvoir assoir les bases d’une réforme structurelle.
Il faut l’avouer, malgré les limites du système, il est juste de dire que le tableau n’est pas si noir. Durant ces dernières années, le Maroc a accompli des avancées importantes notamment en matière de couverture médicale effective qui a atteint un taux de de 61% (35% par le biais de l’AMO et 26% grâce au RAMED). Mais cela reste insuffisant face aux besoins. C’est pourquoi il est temps de prendre le terreau par les cornes et d’opérer un virage pour inscrire le pays dans la trajectoire de l’émergence.