Ecrit par Imane Bouhrara |
Certes la reprise économique en 2021 reste tributaire de l’état d’avancement de la campagne de vaccination et la sévérité des restrictions à cause de la pandémie aussi bien sur le plan national qu’international, mais la Covid-19 a donné un coup d’accélérateur à la transformation de l’économie et des entreprises.
Sous le calme plat de contraction économique qui a prévalu dans le monde en 2020, des milliers d’entreprises luttaient contre la mort dans cet exercice de survie imposé par la Covid-19 et auquel personne n’était préparé.
Atteindre la rive 2021 pour une entreprise n’est pas un gage d’avoir atteint une zone de sécurité encore moins qu’elle soit au bout du tunnel mais du moins qu’elle ait survécu au pire du pire en 2020. Une sorte de baptême de feu. Et c’est là la base d’un nouveau départ en cette année 2021.
Mais les dangers continuent de guetter l’économie et les entreprises en 2021 à commencer par la poursuite voire le durcissement des restrictions face à l’ampleur de la pandémie accentuée par un nouveau variant du virus. Ce qui continuera à impacter aussi bien les flux de personnes que des marchandises.
Face à ce facteur exogène, seul l’espoir d’un démarrage et d’une accélération de la vaccination atténue la sévérité des incertitudes de reprise que nous trainons depuis 2020.
Mais l’essentiel de la survie et de la reprise repose sur des facteurs intrinsèques à l’entreprise elle-même.
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Laisser la nature faire son travail
Il va sans dire que le Coronavirus a opéré une sélection naturelle : qui vit, qui meurt. Si certaines entreprises continuent à survivre à coup d’aide et de financement externe (perfusées mais jusqu’à quand ?), d’autres ont carrément jugulé les effets de la pandémie en repensant leur modèle ce qui les prédisposent à une sortie de crise plus rapide et de renouer rapidement avec des niveaux de croissance similaires sinon plus élevés aux années anté-pandémie.
Cette transformation s’est certes faite dans la douleur mais s’avère primordiale pour saisir les opportunités de relance post pandémie. À commencer par la transformation digitale qui a permis aux entreprises de s’adapter rapidement aux restrictions de mobilité imposées par la pandémie, aussi bien en adoptant le télétravail qu’en innovant des plateformes pour la poursuite de leurs activités auprès de leurs clients et marchés, comme le soulignait une enquête de la Banque mondiale réalisée fin 2020 auprès de 51 pays.
Cette adaptation ne s’est pas uniquement limitée au mode de management des entreprises puisqu’elle a remodelé l’offre en produits et services de plusieurs entreprises, avec l’émergence de besoins nouveaux sur le marché et surtout la diversification vers d’autres marchés nouveaux.
Cela s’étend même à la recherche de nouvelles chaînes d’approvisionnement régionales face à la perturbation d’approvisionnement des chaînes mondiales. Des entreprises de taille plus importante ont même mis sur pied leur propre écosystème pour assurer la continuité d’approvisionnement et de leurs activités.
Cette résilience face à une crise sans précédent est un atout certain pour saisir les opportunités de relance dès que l’économie mondiale renouera avec la croissance en 2021. D’ailleurs, le FMI a révisé à la hausse ses prévisions de croissance mondiale en ce mois de janvier.
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La variable Risques, leçon cher payée
Mais le meilleur enseignement qu’a donné la pandémie aux entreprises est la préparation et l’adaptation aux risques futurs quelle qu’en soit la nature.
Intégrer cette variable « risque » manquait à beaucoup d’entreprises et bien souvent son absence s’avérait périlleuse. La navigation à vue n’est jamais bonne pour piloter une entreprise en pleine tempête et la mener à bon port.
Dans ce sillage, il y a lieu de citer l’enquête sur la résilience mondiale 2020 réalisée par le cabinet Control Risks qui a révélé que la pandémie testait les limites et la résilience organisationnelle des entreprises. 39% des entreprises ont indiqué que la COVID-19 avait eu un impact positif, que ce soit sur le plan opérationnel ou financier. En particulier, les entreprises ayant bénéficié d’un niveau de préparation accru pour faire face aux crises futures.
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Cela dit, Control Risks énumère pour sa part l’importance dans cette dynamique de reprise espérée d’avoir une connaissance des marchés notamment l’évolution de la vaccination de la Covid-19 dans chaque pays ; les exigences post-COVID du côté de l’offre et la concurrence (en particulier en matière de technologie et de talent / compétences) ; et les principales réponses de politique publique, y compris l’environnement réglementaire post-Covid.
Le cas échéant des marchés africains et européens, notamment pour les entreprises industrielles ou des matières premières fortement tributaires de l’évolution des marchés internationaux.
Autre facteur que les entreprises ne doivent perdre de vue est celui des défaillances les incitant à mieux analyser le risque client et fournisseur.
Il est évident que plusieurs facteurs déterminent la reprise économique, mais le plus important est ce que l’on a sous le capot et de ce côté-là autant dire que la Covid-19 a fait de l’excellent travail en accentuant la résilience des entreprises et en leur offrant une magnifique fenêtre de tir. Pourvu qu’elles puissent la saisir à temps.