La période estivale tire à sa fin. Rebelote, acteurs économiques, pouvoirs publics… tout le monde reprend son rythme de travail pour réaliser un tant soit peu les orientations de la politique économique telle que définie dans la note de cadrage établie par les pouvoirs publics. Face aux attentes pressantes des citoyens, les pouvoirs publics ont du pain sur la planche.
Tous ces défis convergent vers un point commun à savoir le bien être du citoyen. C’est d’ailleurs l’essence même du modèle de développement économique qui interpelle aujourd’hui toutes les forces vives de la nation. Et ce dans un contexte des plus difficiles pour ne citer que la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine qui pèse telle qu’une épée de Damoclès sur les autres économies y compris le Maroc.
Sans être exhaustif, les chantiers phares de la rentrée peuvent se résumer en les points suivants : la retraite, la fiscalité, le commerce extérieur, l’éducation et la santé.
Note de cadrage fiscal : Premier jet dans le PLF 2020
A l’occasion des dernières Assises de la fiscalité, il a été annoncé que 2020 sera une année charnière pour la fiscalité marocaine.
Le leitmotiv est de donner corps aux recommandations arrêtées à l’issue des 3èmes Assises de la fiscalité. Elles sont inscrites dans la Loi-cadre 2020-2024.
Le gouvernement s’est ainsi engagé à appliquer progressivement les dix principales recommandations à partir de la loi de Finances 2020. Tout l’enjeu aujourd’hui est de doter le Maroc d’un système fiscal transparent, stable et surtout juste et équitable. Les limites du système fiscal actuel étant connues, il est temps de réussir à réduire la pression fiscale et à élargir l’assiette fiscale. Dans un contexte marqué par une raréfaction des ressources financières, le gouvernement est appelé à jouer aux équilibristes pour alléger le poids fiscal sans altérer les ressources financières. D’où l’enjeu d’élargir l’assiette fiscale en réduisant les dérogations fiscales et en luttant contre la fraude. Les premières mesures contenues dans le PLF 2020 seront déterminantes pour les autres dispositions inscrites dans la note de cadrage
Retraite : Les regards braqués sur la réforme systémique
Un autre chantier phare est celui de la retraite. Après la réforme paramétrique de la Caisse marocaine des retraites (CMR), le Maroc se prépare à une plus grande réforme à savoir celle systémique englobant les secteurs public et privé. Dans ce cadre, il est à rappeler que le Maroc a choisi le cabinet Finactu pour l’accompagner dans cette nouvelle réforme s’articulant autour de deux pôles, l’un dédié au secteur public et l’autre au secteur privé. Cette bipolarisation était l’une des conclusions de la Commission nationale de réforme des retraites en 2009.
Les conclusions de l’étude devraient être rendues d’ici la fin de l’année en cours. Dans un contexte en perpétuelle mutation en matière démographique (espérance de vie, report de l’âge de retraite…) que financière, l’étude en question devra faire preuve d’imagination et d’innovation afin de dénicher la solution idoine aux multiples contraintes. Elle devra mettre l’accent sur l’inclusion sociale telle que prônée dans les différents discours du Souverain pour un système plus pérenne.
Balance commerciale : Gare au creusement du déficit !
Le déficit chronique de la balance commerciale atteste d’une politique commerciale qui n’a encore pas réussi à faire sortir le Maroc des sentiers battus de la dépendance extérieure. Le Maroc importe plus qu’il exporte. En attendant les résultats du Plan d’Accélération Industrielle mené depuis 2014, le Maroc continue de subir de plein fouet le coût de l’énergie et autres produits déterminants à la bonne marche de l’économie.
Les dernières statistiques publiées par l’Office des changes à fin juin mettent en exergue l’accentuation du déficit commercial de 4,9% pour s’élever à 102,5 Mds de DH. Cette hausse résulte de la hausse des importations (3,8%) plus importante que celle des exportations (3,1%). Le taux de couverture s’est ainsi établi à 59,1%. A fin juin 2019, les exportations de biens ont affiché une progression de 3,1% pour atteindre 148,1 milliards de dirhams, suite à la hausse des exportations de la majorité des secteurs, essentiellement celles de l’agriculture et agro-alimentaire, de l’aéronautique et de l’automobile contribuant pour près de 83,7% à la hausse totale des exportations. Les importations, à leur tour, sont dominées par les biens d’équipement, les produits finis de consommation…
A fin juin, elles ont avoisiné près de 250,6 Mds de DH en hausse de 3,8% par rapport au premier semestre 2018. Le Maroc est appelé à mettre les bouchées doubles pour réduire le déficit commercial. Une politique de substitution des importations serait d’une grande portée pour notre balance commerciale.
Education, santé… les deux mamelles de la croissance économique
On ne saurait conclure sans parler de l’éducation et de la santé, deux secteurs névralgiques qui n’arrivent pas encore à prendre l’élan souhaité. Elles conditionnent la réussite de la politique économique en vigueur.
En matière d’enseignement, les espoirs sont permis avec la loi-cadre N°51.17 relatif au système de l’éducation, de l’enseignement, de la formation et de la recherche scientifique adoptée en juillet dernier. Elle est entrée en vigueur le 9 août après la publication dans le bulletin officiel du Dahir n° 1-19-113 du 7 hijja 1440 (9 août 2019) portant promulgation de la loi cadre n° 51-17 relatif au système d’éducation, de formation et de recherche scientifique. Ce qui implique son application dès l’entrée scolaire 2019-2020. Cette loi-cadre a prévu une série de mesures fondamentales de réforme à savoir notamment l’institution de l’enseignement préscolaire, son ouverture à tous les enfants âgés de 4 à 6 ans et son intégration progressive dans l’enseignement primaire… En tant qu’ascenseur social, l’éducation doit revêtir tout l’intérêt qu’il faut pour assurer l’égalité des chances entre les élèves issues de toutes les catégories socio-professionnelles.
Aussi, la santé, indicateur important du développement socio-économique, doit être au cœur de la politique économique. L’équipe aux manettes a du pain sur la planche pour améliorer le système de santé dans ses différentes composantes. Sans vouloir remettre tout en cause, des efforts ont certes été déployés mais il reste beaucoup à faire aussi bien en matière d’offre de soins que de couverture médicale.
L’impression qui se dégage est que les années passent et se ressemblent tellement les mêmes maux et tares persistent. Faute de moyens, faute de ressources humaines, faute de volonté… où ça foire exactement ? On parle d’un séisme politique et d’un changement ministériel… jusqu’à quand pouvons-nous espérer des jours meilleurs ? Pas pour sitôt si on continue à brandir que la baguette magique n’existe pas.