Il semblerait que le dossier du Sahara soit arrivé à un réel tournant au sein du conseil de sécurité. En effet, sa résolution 2414 apporte des nouveautés de taille. La plus importante est la prorogation du mandat de la MINURSO de six mois seulement. Ce qui implique un nouveau cap à ne pas perdre de vue : le 31 octobre 2018. Antonio Guterres arrivera-t-il à dénouer une situation vieille de plus de 40 ans ?
Il était devenu un rituel, presque ennuyeux tellement répétitif : le rapport du Conseil de sécurité de l’ONU chaque année au mois d’avril était comme un examen de routine où les belligérants tentaient chacun de tirer des bons points. Avec tout de même une importante longueur d’avance pour le Maroc sur les adversaires de son intégrité territoriale. Mais toujours est-il que cela en devenait lassant, ce rituel annuel qui ne menait nulle part. C’était un peu comme «Trois petits tours et puis s’en vont !».
Exception faite du rapport d’avril 2017, qui a été imprimé de l’empreinte du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, fraîchement arrivé à la tête de l’organisation onusienne à l’époque. Notamment l’appel à l’Algérie d’assumer ses responsabilités et de se départir de ce faux-fuyant de ne pas être concernée par ce dossier.
Ceux qui ont pris les déclarations de Guterres sur le dossier de promouvoir «une nouvelle dynamique et un nouvel esprit» comme des paroles au vent, ont intérêt à revoir leur copie.
D’ailleurs, les adversaires du Maroc lui avaient reproché «un excès de prudence», eux qui perdaient à l’époque d’un coup deux alliés de taille : Ban-ki Moon et son acolyte Christopher Ross, qui avaient fait preuve d’une grande partialité sur ce dossier.
2018, le tournant ?
En effet cette année, le rapport du Conseil de sécurité laisse entrevoir encore plus les prémisses de la détermination de l’ONU à avancer concrètement sur ce dossier, confortant ainsi la position du Maroc
Le premier indicateur est la prorogation de six mois le mandat de la Minurso, ce qui implique désormais deux rendez-vous pour le Conseil de plancher sur l’état d’avancement dudit rapport et de la mise en œuvre réelle des recommandations du rapport.
Autre indicateur est la demande réitérée et appuyée du conseil de sécurité quant à l’enregistrement et au recensement des populations des camps de Tindouf. Le rapport insiste pour que des «efforts soient réalisés dans ce sens».
Le rapport accule les différentes parties à assumer leur responsabilité dans le processus de négociation, allusion faite l’Algérie et sons faux-semblant de ne pas être concernée par ce dossier.
Mieux encore, le conseil «souligne la nécessité de progresser vers une solution politique réaliste, praticable et durable à la question du Sahara», qui soit «fondée sur le compromis».
D’ailleurs, le rapport indique la prééminence d’un cinquième round de négociation entre les différentes parties «qui doivent fairepreuve de réalisme et d’un esprit de compromis pour réaliser des progrès dans les négociations». Le rapport consacre ainsi la prééminence de l’initiative marocaine d’autonomie pour résoudre le conflit artificiel autour du Sahara marocain.
Le Conseil affirme, dans ce contexte, son plein appui aux intentions du Secrétaire général et de son Envoyé personnel pour la relance des négociations «dans une nouvelle dynamique et un nouvel esprit dans l’objectif de parvenir à une solution politique qui soit mutuellement acceptable».
Aucun changement du statut de la zone tampon
Le groupe séparatiste qui se croyait au-dessus du droit a été rappelé sévèrement à l’ordre dans ce nouveau rapport du Conseil de sécurité de l’ONU. La multiplication des violations du cessez-le-feu par le polisario, encouragé par l’Algérie, les tentatives multiples d’altérer le statut juridique et historique de la zone à l’Est du dispositif de défense, ainsi que les défis répétés à l’autorité du Conseil de sécurité et à la légalité internationale, ont tous été pointés du doigt dans ce rapport. Le dit rapport somme ainsi le polisario d’évacuer immédiatement Guergarat.
Le Conseil s’est dit également «inquiet» vis-à-vis de l’annonce par le polisario de transférer certaines de ses «fonctions administratives» à Bir Lahlou, à l’est du dispositif de défense, enjoignant les milices séparatistes de «s’abstenir de procéder à de tels actes déstabilisateurs».
Réaffirmant la nécessité de respecter pleinement les accords militaires conclus avec la MINURSO en ce qui concerne le cessez-le-feu, le Conseil demande aux parties une pleine adhésion à ces accords. Cet appel intervient dans un contexte tendu entre la MINURSO et le polisario, dont des éléments avaient intercepté, la mi-mars, une patrouille de la mission onusienne et lancé des tirs de sommation pour empêcher les membres de la mission onusienne d’enregistrer les violations des milices séparatistes dans la zone à l’est du dispositif de défense, comme l’avait annoncé le porte-parole de l’ONU, Stephane Dujarric. Ce qui avait poussé le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, de déplorer qu’alors que les symboles de l’ONU étaient auparavant respectés même par les groupes militants, ce respect s’est effrité avec le temps, faisant qu’aujourd’hui «nos personnels sont ciblés exactement parce qu’ils sont ainsi».
Le dossier reste dans l’enceinte de l’ONU
Les Nations unies avaient lancé un appel au président rwandais en sa qualité de président de l’Union africaine afin qu’il aide à résoudre ce conflit du Sahara. Les spéculations ont pris depuis bon train. Aujourd’hui, ce rapport exclut d’emblée l’hypothèse de voir ce dossier passer de la houlette des Nations unies à celle de l’Union africaine. Ce qui conforte la position du Royaume puisque le Roi Mohammed VI avait rappelé dans son discours du 6 novembre 2017 que : «L’organe onusien (le Conseil de sécurité) étant, de fait, la seule instance internationale chargée de superviser le processus de règlement».