Ecrit par Imane Bouhrara |
Après 2020, année par excellence du Covid-19, on aurait cru avoir tout vu. Mais 2022 a tenu la barre encore plus haut ! Retour sur l’année des dangers et des joies, de l’incertitude et de profondes convictions.
Ça y est, l’année 2022 tire sa révérence. Troisième de l’ère Covid-19, elle démarre au rythme de la guerre en Ukraine et est bouclée sur la plus belle symphonie : le Maroc en demi-finales de la Coupe du monde. Entre les deux, bien de l’eau a coulé sous le pont. Cette rétrospective est aux allures de montagnes russes, à l’image de cette année exceptionnelle.
Un exercice entamé dans la tension, notamment en raison de l’obligation de la vaccination que ce soit avec les avocats ou encore les fonctionnaires de l’Etat, face à un variant Omicron plus contagieux. Le chef du gouvernement qui avait mené une croisade en faveur du schéma vaccinal, a dû mettre de l’eau dans son vin.
2022 est une année mise sous le signe d’un nouveau pallier de l’Etat social, plus particulièrement la généralisation de l’AMO dans les délais consentis, dans le cadre du chantier royal de généralisation de la protection sociale.
Puis par un matin début février 2022, un fait divers, comme ces drames au quotidien passés inaperçus, va enclencher une vague de soutien spectaculaire dans le monde : pendant cinq jours et quatre nuits, le monde a retenu son souffle dans l’espoir que le petit Rayane s’en sorte indemne de sa chute dans un puits.
Le monde est sous le choc dans la soirée du 6 février à l’annonce du décès du jeune garçon de 5 ans. Le Maroc a déplacé une montagne mais le miracle n’a finalement pas eu lieu.
Au lendemain, une décision va marquer un tournant dans l’ère Covid : le Maroc rouvre ses frontières et les tests rapides supplantent les PCR. Le secteur du tourisme va enfin émerger de sa léthargie qui a duré deux ans.
2022 devait s’inscrire dans le même trend haussier que celui de 2021, année de rattrapage certes, toujours est-il que le Maroc était sur un élan de relance malgré tous les impacts du Covid-19. Mais c’était sans compter la guerre en Ukraine qui a dispersé toutes les cartes du jeu mondial.
Dans ce contexte d’incertitude, le Maroc réussit à créer un pont aérien pour rapatrier ses ressortissants mais aussi d’autres pays vers la mère patrie.
Avec l’enlisement de la guerre d’Ukraine, nous avons exploré les limites de l’endurance après deux années Covid avec une hausse des prix des hydrocarbures et de plusieurs autres produits… Le spectre d’une crise alimentaire planait également sur le monde. Le moral des ménages a plongé et une donnée du HCP va sonner le glas : en terme de pauvreté, le Maroc est revenu au niveau de l’année 2014.
L’inflation galope et les compteurs de la compensation s’affolent et l’Etat est dans la contrainte de continuer à soutenir des secteurs comme le transport pour limiter les hausses des prix. On lui reprochera néanmoins sa passivité sur le dossier des hydrocarbures avec l’envolée des prix du raffinage et une Samir devenue presque un vestige du passé !
Fort heureusement dans ce tableau bien sombre, au niveau diplomatique, la lancée du Maroc s’est poursuivie de plus bel, notamment la fin de la crise avec l’Espagne ralliée à la cause nationale. La réception royale de Pedro Sanchez en mars marque un tournant dans les relations bilatérales entre les deux voisins.
Idem pour l’Allemagne qui tend à ouvrir une nouvelle page avec le Maroc et dont le président invite le souverain à une visite d’Etat. La tension avec la France est également tombée d’un cran avec l’arrivée de Catherine Colonna au Maroc pour préparer la rencontre de haut niveau Maroc-France début 2023.
Les ouvertures des consulats à Dakhla et Laâyoune se multiplient et le Maroc renforce sa présence dans les instances internationales. Ainsi, ce sont 51 candidatures marocaines qui furent couronnées de succès en 2022, contre 43 candidatures en 2021, soit une hausse de 20%, reflétant la continuité de la dynamique engagée par le Royaume pour le renforcement de sa présence au sein des Organisations Internationales.
En juillet, la prouesse des Lionnes de l’Atlas à la CAN Féminine va créer un précédent. Des milliers de supporters vont aller soutenir ces femmes qui domptent le ballon rond. Inédit dans une société où la femme se bat pour ses droits les plus élémentaires. Mais c’est ça le Maroc. Une véritable mosaïque où cohabitent les plus grands contrastes.
Sur un autre registre, le Gouvernement réussit à conclure un accord social à la veille de la Fête du Travail. Il fera également aboutir la tant attendue charte de l’investissement. Mais un danger se profile à l’horizon : la crise de l’eau éclate au grand jour menaçant non seulement la saison agricole mais aussi l’approvisionnement en eau potable dans certaines régions du Maroc. Encore un imprévu avec lequel le gouvernement est obligé de composer !
Et puis la Reine Elizabeth s’en alla par une journée de septembre, marquant la fin d’une page de l’histoire du 20e siècle. Le 25 septembre, c’est une autre grande figure qui tire sa révérence dans la plus grande discrétion : Aïcha Chenna passe l’arme à gauche, elle qui a milité près d’un demi-siècle pour la cause des femmes démunies, des mères célibataires et de leurs enfants contre un sort cruel.
Sur le plan économique, bien que les prévisions de croissance sont à chaque fois révisées à la baisse au vu du contexte mondial couplé du stress hydrique qui prend le Maroc en tenaille, la marche du Royaume vers la transformation ne fléchit pas. Dans son discours à l’ouverture de la session d’automne du Parlement, le Roi fixe l’objectif de la mobilisation de 550 Mds de DH d’investissements de capitaux privés sur la période 2022-2026. De quoi booster le tissu économique et l’emploi.
Puis commença la Coupe du monde au Qatar avec la participation de l’équipe nationale de football. Il faut rappeler que quelques mois auparavant la relation des joueurs avec l’ancien sélectionneur était arrivée au point de non-retour. Walid Regragui va littéralement sauter dans un train en marche pour rassembler les troupes.
Et la suite va dépasser nos rêves les plus fous. Au fur et à mesure des matchs, les Lions de l’Atlas vont ruiner les remparts vers le sacre. Leur marche prend fin en demi-finales du Mondial. Une première pour une équipe africaine, arabe et amazighe !
Encore un exploit qui va rallier un soutien du monde entier. Une véritable cerise sur le gâteau pour boucler l’année en beauté. Une légende qui va marquer les arcanes de l’histoire footballistique !
Au final, ce que nous avons vécu durant cette année n’est pas sans séquelles, sachant que la liste est encore longue pour chacun sur le plan personnel, mais nous avons fait montre d’une bonne résilience qui nous prédispose à bien attaquer cette nouvelle année 2023 et son lot de surprises. Sur ce, bonne année !