Après une récession de 2,1% en 2021, l’Afrique devra enregistrer une croissance de 3,4 % en 2021, souligne la BAD dans son rapport annuel sur les perspectives économiques du continent. Pour l’économie du Maroc, la BAD scrute les principaux risques notamment liés à la dette et au financement de l’économie. Détails.
Après la LF2021, le HCP, BAM, le CMC, le FMI et la Banque mondiale, c’est au tour de la Banque africaine de développement (BAD) de dresser ses perspectives de croissance en 2021 aussi bien pour le continent africain et le Maroc.
Dans son rapport Perspectives économiques en Afrique pour l’année 2021, la BAD a dressé un tableau des principales conséquences de la crise pandémique sur l’économie marocaine en 2020 ainsi que les principaux risques qui planent en 2021.
Et l’une des conséquences de la pandémie, en plus d’une campagne agricole très moyenne, est la récession de 5,9 % en 2020 (après une croissance de 2,5% en 2019), la première depuis 20 ans au Maroc.
Sous le coup d’un taux de chômage des plus élevés (11,9% en 2020 contre 9,2% en 2019), la demande intérieure a subi un coup de frein net.
Dans son rapport, la BAD s’attarde sur les perturbations des chaînes de valeur mondiales et le ralentissement soudain de la demande des principaux partenaires commerciaux du Maroc (l’Espagne, la France, l’Italie et l’Allemagne), ce qui a impacté à la baisse les exportations marocaines, qui ont chuté de 10,1 % au cours des dix premiers mois de 2020.
Sur la même période, la baisse de la production intérieure et de la demande des consommateurs a réduit les importations de 16,6 %. Les envois de fonds des travailleurs à l’étranger ont augmenté de 1,7 % au cours des dix premiers mois de 2020. Néanmoins, le déficit de la balance courante devrait se creuser, passant de 4,1 % en 2019 à 7,6 % en 2020, principalement en raison de la baisse des recettes touristiques. Les arrivées de touristes ont chuté de 78 % sur les neuf premiers mois de l’année.
La baisse des recettes touristiques, conjuguée à une demande intérieure modérée, a réduit les recettes fiscales, alors que le gouvernement a engagé des dépenses élevées liées à la pandémie. Le déficit budgétaire a presque doublé, passant de 4,1 % du PIB en 2019 à environ 8 % en 2020.
La nécessité de financer le déficit a accru les emprunts, faisant passer la dette publique de 65,8 % du PIB en 2019 à 76,9 % en 2020. La dette publique était déjà élevée avant la pandémie, principalement en raison des emprunts contractés pour financer l’ambitieux programme gouvernemental d’investissement dans les infrastructures au cours de la dernière décennie.
Le 9 mars 2020, les autorités marocaines ont élargi la fourchette de fluctuation du dirham afin d’accroître la capacité de l’économie à absorber les chocs extérieurs et à améliorer sa compétitivité. La Banque centrale, Banque Al-Maghrib, n’est pratiquement pas intervenue sur le marché des changes malgré une baisse de son taux d’intérêt directeur de 25 points de base en mars 2020 et de 50 points de base supplémentaires pour atteindre 1,5% en juin 2020.
En 2020, le Maroc se classait ainsi 53e sur 190 pays.
En 2021, 4,5% de croissance du PIB
Selon la BAD, le rebond enregistré par les exportations de pièces automobiles ainsi que de phosphate et dérivés au troisième trimestre 2020 devrait se renforcer davantage à court terme avec l’augmentation de la demande mondiale.
Ce qui aura pour conséquence de compenser la morosité des secteurs du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration qui, elle, devrait se poursuivre en 2021.
Par conséquent, le déficit de la balance courante et le déficit budgétaire devraient se resserrer, et les pressions inflationnistes devraient rester modérées. Néanmoins, le pays est confronté à d’importantes inégalités sociales, à des disparités régionales en matière de développement économique ainsi qu’au chômage des jeunes.
Pour ce qui est de la problématique du financement, le Maroc, toujours selon le rapport de la BAD, a rapidement obtenu des fonds d’urgence de la part des donateurs, dont 3 milliards de dollars US du Fonds monétaire international et 460 millions de dollars US de la Banque africaine de développement, pour atténuer l’impact de la pandémie.
En septembre 2020, le Maroc a également émis une obligation d’un milliard d’euros. Ces apports financiers ont permis de renforcer les réserves de change, représentant environ 8,1 mois d’importations et trois fois la dette due à court terme.
En 2019, la dette totale du Trésor s’élevait à 650 milliards de dirhams (environ 73,1 milliards de dollars US) et la dette publique extérieure, à 346 milliards de dirhams (environ 39 milliards de dollars US).
La dette des administrations publiques a une échéance de plus de six ans et plus de la moitié de la dette extérieure du Maroc est due à des institutions multilatérales.
En conséquence, le risque de refinancement du royaume est minime et à partir de 2021, le ratio dette-PIB devrait diminuer régulièrement pour atteindre 70 % en 2025.