La question est légitime vu le nombre de démissions ayant entaché cette première année des trois ans de Mandat de Salaheddine Mezouar à la tête de la Confédération générale des Entreprises du Maroc. D’autant que ses détracteurs ont occupé une place prépondérante dans les médias nationaux à croire que l’organisation patronale serait au bord de l’implosion. Mais quatre personnes qui décident de se retirer de la confédération sur l’ensemble des membres, est-ce réellement les prémices d’un séisme au sein de la confédération ? Bien que la dernière démission en date ait fait beaucoup de remous, celle du binôme même de Mezouar, Fayçal Mekouar. Les deux ayant été élus à plus de 77 % des voix le 22 mai 2018 et Mekouar apparaissant serein aux côtés de Mezouar lors du dernier événement organisé à la CGEM le 16 juillet sur le Compact II.
Salaheddine Mezouar jusque-là silencieux et ne voulant réagir à ces démissions, au nombre de quatre à ce jour, a décidé finalement d’échanger avec la presse nationale, lors d’une rencontre de presse décidée à la dernière minute.
Stoïque et plutôt courtois même s’il semble avoir été affecté par certains propos relayés par la presse et émanant de certains démissionnaires, le président de la CGEM a tenu à rappeler qu’il est à la tête d’une institution qui a plus de 70 ans d’activité. Un organisme dont Mezouar a décidé de changer le mode organisationnel suite à un audit organisationnel, procédural et financier qu’il a effectué. Ce serait d’ailleurs de là qu’ont débuté les difficultés, car comme l’explique Mezouar, il s’agissait de passer à un rythme soutenu et concerté de travail et qu’il supervise en tant que chef d’orchestre. Il rappelle d’ailleurs que le choix d’une organisation avec un président, un vice-président général et sept vice-présidents émane du souci de réussir les objectifs que s’est assignés la CGEM.
D’ailleurs à un moment de son allocution, en évoquant la reddition des comptes, il laisse échapper un « les égos jouent ». Et de rappeler qu’il jouit de la confiance de la majorité des membres de la CGEM et que de ce fait il est en responsabilité de suivre de près ce qui s’opère au sein de l’organisation.
Cette occasion de se retrouver avec les représentants des médias, a permis à Mezouar de revenir largement et amplement sur une année riche en événements d’autant que la conjoncture est assez délicate, ce qui pose plusieurs défis à l’organisation patronale.
Questionné par les journalistes sur la cuisine interne de la CGEM, Mezouar mettait en avant l’image d’une confédération où règne la cohésion, bien que si des tensions survenaient cela ne signifie selon lui qu’une chose : Une organisation dynamique et vivante où tout le monde n’a pas forcément le même avis ni le même style de travail. Il évoque d’ailleurs même un « Acte III » de départs mais sans en dire plus, si ce n’est que des réunions sont tenues où se trament des « choses » contre la présidence actuelle.
Entouré de son état-major, Saloua Karkri, Abdelhamid Souiri, Khalid Benjelloun et Abdelillah Hifdi, Mezouar a insisté sur le fait que l’ambiance est normale au sein de l’institution. D’ailleurs à la fin de la conférence, plusieurs membres de la CGEM étaient venus célébrer le pot de départ de Fadel Agoumi de son poste de directeur général délégué de la CGEM. Dans ce sens, Mezouar a expliqué que ce dernier a décidé de faire une pause et donner un élan à sa vie professionnelle tout en conseiller au sein de la présidence de la CGEM.
« Dans une institution, il y a ceux qui se battent jusqu’au bout et j’en fais partie, et il y a ceux qui pour des raisons personnelles décident d’arrêter l’aventure. Moi j’ai été heureux de faire partie de cette belle aventure à côté de Mekouar que j’apprécie beaucoup. J’ai été élu par 80 % des membres et de ce fait je continuerai à assumer mes responsabilités au nom de la confiance de l’écrasante majorité des membres qui m’ont exprimé de manière spontanée et forte leur soutien et qui ont exprimé leur désapprobation de ce qu’ils ont observé ici et là… », insiste Salaheddine Mezouar.
Pour lui, certains se racontent des histoires ou veulent vendre une certaine image, mais en réalité il n’y aucun malaise au sein de l’organisation, selon ses propos.
Dès la semaine prochaine, le président procédera au choix d’un nouveau directeur général délégué selon les prérogatives qui sont les siennes et qui sera confirmé lors du prochain conseil d’administration. Idem pour la ou le vice-président général(e), les statuts sont clairs, en fonction des profils. « Je suis là pour faire évoluer l’organisation, ouvrir la CGEM à plus de jeunes et plus de femmes, c’est ce qui fait la force de cette organisation pour en assurer la pérennité », répond-t-il à ses détracteurs qui lui reprochent ses cooptations.
Problème de gouvernance, courants politiques opposés au sein de la CGEM, conjoncture peu favorable à des grandes réalisations, égos surdimensionnés, raisons personnelles… ? S’il est difficile de trancher sur ce qui se passe actuellement au sein de la CGEM et les motivations de tout un chacun, il reste encore deux années à ce mandat (mai 2021) et donc tout le loisir de voir ce que les prochains jours nous apporterons !