D’une pierre « plusieurs » coups. Dans son dernier rapport sur la CDG, la Cour des comptes passe sous la loupe les filiales de la vieille dame. Dans le présent article, nous nous attardons sur la Société Centrale de Réassurance (SCR), appelée communément le Réassureur National.
Dans le domaine des assurances, CDG intervient dans ce métier à travers la société centrale de réassurance (SCR) qu’elle avait créée en application des termes de la convention avec l’Etat en mars 1960.
L’objet de la création du réassureur national est d’effectuer les opérations de réassurance légale, concédées ou conventionnelles et bénéficie de la garantie d’équilibre de l’Etat. Face aux turbulences internationales, il assure des missions de régulation et sécurisation en participant à la conservation des primes au niveau national et à la mobilisation de l’épargne qu’elle place au service du marché marocain.
Suite à l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis en 2006 et la mise en application de la décision de démantèlement progressif du mécanisme de cession légale jusqu’à sa suppression définitive, la cession légale a été supprimée à fin 2014. Une période difficile pour le réassureur national qui s’adjugeait 10% puis 5% des primes émises sur le marché national. Sur les quatre dernières années, la tendance baissière des primes s’est confirmée (voir tableau ci-dessous).
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« La libéralisation du marché de la réassurance ainsi que la disparition effective de la cession légale et de la garantie de l’État, présente plusieurs risques pour le business model de SCR », annonce l’équipe de Driss Jettou. Et d’ajouter : « Il s’agit notamment de la possibilité pour le marché de ne plus recourir à la SCR en matière de placement des risques aviation et maritimes en conséquence de l’accord de libre-échange ou l’arrivée de nouveaux entrants sur le marché suite à la libéralisation du secteur ».
Ajouter à cela le risque d’une diminution importante de la proportion des primes cédées par le marché marocain de l’assurance ainsi que les contraintes sur le marché mondial de la réassurance qui, étant fortement sinistré, exige une plus forte rémunération du risque et une exigence plus forte en informations techniques et innovation des offres.
En conséquence, le poids des affaires légales dans le chiffre d’affaires de SCR a reculé de 58% en 2005 à 39% en 2012 et 3% constaté en 2017 et ce, suite au démantèlement total de la cession légale conformément à l’accord de libre-échange Maroc-Etats-Unis.
Cependant, la SCR a mis en place un « accord de gentleman » (gentleman agreement), valable jusqu’à fin 2016, avec les compagnies d’assurance marocaines pour pallier le manque à gagner occasionné par la suppression de la cession légale
Face à cet enjeu stratégique de taille, CDG s’est focalisée plus sur la quête, pour la SCR, d’un positionnement futur et des créneaux de développement alternatifs de ses activités y compris les perspectives de déploiement à l’international.
« Or, la libéralisation du marché de la réassurance au Maroc et la disparition de la cession légale et de la garantie de l’État, marque la remise en cause de l’une des principales raisons pour laquelle l’Etat avait mandaté CDG pour gérer cette activité », alerte la Cour des comptes.
La Cour des comptes exhorte la CDG à engager une réflexion sur le retrait de ce métier en faveur d’un modèle d’intervention, en ligne avec sa vocation d’investisseur financier, privilégiant la prise de participation financière à la gestion opérationnelle du métier.