Ecrit par Lamiae Boumahrou |
Le Maroc fait face à un sérieux problème de stock d’approvisionnement des hydrocarbures. Les choix politiques dans le secteur des hydrocarbures sont en partie responsables de cette situation à laquelle le gouvernement doit trouver impérativement des solutions. Il doit également faire face au nouveau bras de fer des pétroliers.
Depuis le 16 mars, les prix du baril dépassent la barre des 100 dollars. Une flambée des prix qui asphyxie de plus en plus notre économie ainsi que le pouvoir d’achat des Marocains. En effet, le prix à la pompe ne cesse d’augmenter. Du jamais vu. Le prix du gasoil s’est même aligné à celui de l’essence affichant un prix record de plus de 15 DH/L.
Certes cette hausse est due à une conjoncture internationale marquée par la crise russo-ukrainienne. Mais elle est également la conséquence d’une gestion très contestée du secteur des hydrocarbures au Maroc. Parmi les couacs que l’on reproche au gouvernement, celui de la non-exploitation des réservoirs de la Samir pour sécuriser l’approvisionnement énergétique du pays.
Rappelons qu’après que le gouvernement ait déposé une demande d’exploitation des réservoirs de la Samir, le tribunal de Commerce de Casablanca avait autorisé le 20 mai 2020 le Syndicat de la raffinerie de nouer un contrat de bail des réserves avec l’Etat marocain.
Le but de l’utilisation de ces réservoirs était de renforcer la sécurité d’approvisionnement du pays en rehaussant le niveau des stocks de sécurité en produits pétroliers d’une part, et d’autre part, maintenir les activités économiques et commerciales de l’entreprise conformément au jugement de liquidation de la société rendu le 21 mars 2016.
Malheureusement, ce contrat n’a jamais vu le jour et le tribunal a fini par annuler, un an et demi plus tard, soit le 23 novembre, ladite décision. N’étant pas allé jusqu’au bout de cette procédure, l’Etat a mis en péril la sécurité énergétique du pays pour des raisons que nous ignorons toujours.
Aujourd’hui, l’économie marocaine paye le prix fort de ces choix et décisions politiques longtemps contestés par un bon nombre d’observateurs. Des décisions qui ne font qu’augmenter la vulnérabilité de notre pays face aux chocs exogènes notamment ceux liés aux matières premières.
D’après une source proche du dossier, le niveau de stock des hydrocarbures du Maroc serait négatif en raison des tensions géopolitiques et des sanctions imposées à la Russie. Certes les besoins du pays sont couverts par les contrats à terme (de 3 mois à une année), néanmoins le contexte actuel, marqué d’incertitudes, a provoqué des retards de livraison.
Une situation qui risque de s’aggraver si le gouvernement ne réagit pas à temps pour garantir la sécurité énergétique du pays. Rappelons que le Maroc n’est jamais parvenu à atteindre les 60 jours de stock de sécurité comme le prévoit la loi.
Jusqu’à quand le gouvernement continuera-t-il à rejeter la réouverture du dossier de la Samir ? Pourquoi le recours au plafonnement n’est toujours pas envisageable ? Comment l’Etat compte-t-il contenir cette flambée de prix ? Mais surtout comment l’Etat compte-t-il assurer son stock de sécurité ?
Selon une source qui souhaite garder l’anonymat, le gouvernement fait face à un nouveau bras de fer des opérateurs pétroliers. « Les opérateurs des hydrocarbures exercent des pressions sur le gouvernement pour assurer la volatilité des prix des hydrocarbures en dehors de celle prévue dans la structure des prix», nous précise notre source.
Les opérateurs exigent-ils de l’Etat une assurance pour continuer à approvisionner le marché ?
Ce qui est certain c’est que le gouvernement est amené à trouver une solution et vite pour éviter toute rupture de stock des hydrocarbures dont les conséquences sur l’économie et le pouvoir d’achat risquent d’être très pesants.
Il faut surtout des réformes de fond et non pas des mesurettes à l’instar de la dernière décision relative à la subvention directement aux transporteurs. Cette décision, fortement contestée, ne va pas régler le problème. Et pour cause, les raisons de cette crise sont plutôt structurelles requièrent des réformes profondes mais surtout un courage politique.
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IL VA FALLOIR PENSER A ROULER AU « » COURANT CONTINU « » ET PRENDRE LES DECISIONS DE SUITE …