Il s’agit d’un nouvel indice agrégé de stabilité financière pour le Maroc (IASF), qui se différencie de l’indice existant notamment par un sous-indice qui capture le risque systémique du secteur bancaire.
A l’instar de la crise financière de 2008, les bouleversements économiques actuels ne sont pas exemptes d’impact sur la stabilité financière et les systèmes bancaires des pays. Dans un récent rapport sur la stabilité financière publié par le Département de recherche de BAM, Salim Dehmej et Mohammed Mikou mettent en exergue l’impact de la crise sanitaire sur le tissu économique : un grand nombre d’entreprises sont en train de subir de lourdes pertes et des faillites en chaîne ne sont pas à exclure en cas de persistance de la pandémie dans le temps, ce qui n’est pas sans conséquence sur la solidité des bilans bancaires.
La Banque Centrale Européenne définit la stabilité financière par la capacité du système financier à résister aux chocs et à atténuer leurs conséquences sur le processus d’intermédiation financière. Cette définition a conduit les analystes à focaliser leur attention sur les risques et les vulnérabilités, qui menacent un système financier. Dans ce sillage, plusieurs techniques ont vu le jour pour évaluer la stabilité financière, avec leurs avantages et limites.
« Parmi ces différentes techniques, trois sont largement utilisées dans la littérature et par les Banques Centrales, à savoir les macro-stress tests, les systèmes d’alerte précoce, et les indices de stabilité financière qui constituent l’objet principal de ce travail, bien que lesdites techniques soient généralement complémentaires », expliquent les auteurs. En effet, un indice agrégé de stabilité financière peut détecter des signaux précurseurs de crises à l’instar des systèmes d’alerte précoce.
Les Banques Centrales ont construit des indices agrégés pour analyser la stabilité des systèmes financiers de leur pays et alimenter leurs rapports de stabilité financière. On peut citer à titre d’exemple les FSI des Fed régionales, le CISS de la BCE, le FSI de la Banque d’Angleterre et le FSI en Roumanie. Au Maroc, Bank Al-Maghrib a également développé, depuis 2018, un indice de stabilité financière (ISF) pour surveiller les vulnérabilités financières, guider son action macroprudentielle et alimenter les travaux du Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS).
Dans le présent rapport, les auteurs ont construit un nouvel indice agrégé de stabilité financière pour le Maroc (IASF), qui se différencie de l’indice existant notamment par un sous-indice qui capture le risque systémique du secteur bancaire (MES et SRISK), et à travers des techniques de pondération plus avancées. L’indice IASF est calculé comme la moyenne pondérée de 25 indicateurs classés en cinq sous-indices : le développement macroéconomique (DM), le développement financier (DF), la vulnérabilité bancaire, la vulnérabilité du secteur non financier (VNF) et le risque systémique (RS). Techniquement, deux méthodes avancées de pondération sont utilisées. Une qui prend en considération l’impact macroéconomique de chaque indicateur, en comparant la tendance de celui-ci à celle du PIB, l’autre qui intègre les mouvements conjoints des indicateurs en diffusant l’IASF suivant les corrélations temporelles des cinq sous-indices qui le constituent.
« Bien que l’indice détecte une période de turbulence financière modérée dans les sillages de la crise des « subprimes » entre 2008 et 2009, et une autre contenue entre 2012 et 2013, l’évolution de l’IASF pour le Maroc confirme que le système financier marocain est resté globalement résilient entre 2007 et 2018 », annoncent les auteurs.