Ecrit par Imane Bouhrara |
Dans le cadre de ses journées de formations, la SCR Academy Re, en partenariat avec la SEN Re, a organisé ces 5 et 6 octobre un séminaire sous le thème de : Takaful et ReTakaful, perspectives et réglementations, animé par l’expert en finance participative et Takaful, Dr. Ahmed Tahiri Jouti. L’occasion de faire le point sur cette industrie naissante et des ambitions des acteurs de l’écosystème.
Après des années de mise en place du cadre réglementaire adéquat, le Takaful et le ReTakaful ont connu un tournant majeur au Maroc avec un lancement effectif de l’activité au Maroc. En effet, l’entrée en vigueur de la loi 59-13 modifiant et complétant le Code des assurances a marqué un premier jalon pour la mise en place de ce pilier de l’écosystème participatif au Maroc, et depuis bien de l’eau a coulé sous les ponts.
L’année 2022 marque ainsi un démarrage de cette industrie financière venue en support à la banque participative et qui apporte une panoplie de produits de couverture des risques.
Dit comme ça, cela paraît comme une lettre à la poste, or l’écosystème du Takaful et du ReTakaful est en processus d’apprentissage, d’édification d’un modèle propre et d’élaboration d’une offre à forte valeur ajoutée qui soit tout aussi compétitive que le conventionnel et rentable, pour s’imposer comme véritable industrie à part entière au Maroc et plus tard sur d’autres marchés notamment africains.
Dans le sens de soutenir l’écosystème naissant, la SCR Academy Re, en partenariat avec le réassureur sénégalais Sen RE, a organisé ces 5 et 6 octobre un séminaire sur les perspectives et réglementations du Takaful et ReTakaful, animé par l’expert en finance participative et Takaful, Dr Ahmed Tahiri Jouti.
Comme l’explique Youssef Fassi Fihri, Directeur général de la SCR, l’objectif de ce séminaire est d’améliorer la connaissance du risque et sa cotation en prenant en considération l’esprit philosophique mutualiste propre à la finance participative.
« Bien que le risque soit le même, il faut encore trouver les modèles, les systèmes d’informations, des véhicules de placement propres à cette industrie… pour à la suite trouver des ouvertures sur d’autres marchés en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient », soutient-il en assurant que la SCR Academy Re qui est à son 17e séminaire de formation de l’année (+ de 900 apprenants), développera dès 2023 la cadence des formations avec ses partenaires avec un rythme d’un webinaire tous les 15 jours. Et ce, dans l’objectif de construire des liens avec l’ensemble de l’écosystème national mais également en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.
La SCR Academy Re tend à développer une expertise commune de l’art du risque pour l’ensemble de l’écosystème assureurs et réassureur, notamment en matière de gestion du risque, comment le coter, comment le gérer et le placement de ce type de risque.
Le séminaire a rassemblé plus de 50 Personnes, notamment les acteurs de l’écosystème participatif au Maroc ainsi que 17 personnes émanant de la zone CIMA. Une première du genre.
Il faut dire que cette rencontre tombe à point nommé puisqu’elle fédère plusieurs acteurs clés autour d’une thématique importante pour l’écosystème de la finance participative au niveau local et régional (africain), au moment où le Takaful et le ReTakaful démarre enfin au Maroc.
La rencontre a également été l’occasion de découvrir la fenêtre ReTakaful de la SCR qui vise à accompagner l’ensemble des opérateurs nationaux et régionaux dans leur développement en apportant son expertise et sa solidité financière.
Comme l’explique Nawal Himes, Directeur Vie et ReTakaful à la SCR, le Réassureur national en vue de soutenir l’écosystème a mis en place des couvertures ReTakaful adéquates pour répondre aux besoins et attentes des opérateurs. « Le démarrage de l’activité permettra de donner un accès plus élargi au système assurantiel et développer le système et l’inclusion financiers », explique-t-elle.
Takaful, ReTakaful, perspectives et réglementation
Le séminaire a ciblé cinq thématiques majeures, d’abord en introduisant la Charia pour les acteurs de l’écosystème. Un point important selon Dr Ahmed Tahiri Jouti pour corriger les fausses idées et les idées préconçues et renforcer l’effort d’interprétation. « Le défi n’est pas seulement de respecter la Charia mais aussi de constituer un avantage concurrentiel pour s’imposer », souligne l’expert devant un parterre composé de musulmans et non-musulmans, ce qui renforce l’importance de ce séminaire en termes de renforcement des connaissances en la matière.
Les deux journées de formation ont été ainsi l’occasion pour l’expert en finance participative et Takaful d’explorer les aspects légaux et réglementaires, les aspects stratégiques liés au ReTakaful, les aspects comptables et fiscaux liés au ReTakaful et la gouvernance des opérations Takaful et de mieux outiller les acteurs financiers dans l’effort d’interprétation et d’arbitrage.
L’occasion aussi de le questionner sur des aspects liés à la formation des profils nécessaires pour cette industrie, de la qualité du cadre réglementaire et de la possibilité de nourrir des ambitions de pénétrer d’autres marchés à l’instar du système assurantiel conventionnel.
« Sur l’aspect réglementaire, je trouve qu’il est exhaustif et couvre tous les aspects dont l’industrie Takaful naissante a besoin. Aujourd’hui la banque et l’assurance ont été mises en place correctement. Ce qui reste pour que l’industrie évolue davantage est de construire l’univers de placement. Nous avons besoin des instruments du marché des capitaux pour investir pour développer les produits d’épargne Takaful ou des produits d’investissement », explique-t-il.
Pour ce qui est de l’industrie elle-même du Takaful, le défi est d’atteindre la rentabilité, avant de s’internaliser comme les groupes-mères surtout dans l’Afrique de l’Ouest où l’industrie financière a une bonne image de marque, estime Dr Ahmed Tahiri Jouti.
Il rappelle d’ailleurs que l’expérience marocaine est toujours citée en exemple dans les séminaires internationaux et donc cette expérience marocaine peut être utile pour d’autres marchés. Mais en attendant, il manque encore quelques composantes, comme les véhicules de placement et une feuille de route claire pour l’écosystème.