Le tourisme est un secteur névralgique pour un nombre important d’économies. C’est également un des secteurs les plus durement éprouvés par la crise du Covid-19. Quelles voies explorer donc dans le monde post-Covid ?
Plus d’un an après le début de la pandémie, les chiffres sont sans appel : en 2020, les destinations touristiques ont reçu 1 milliard d’arrivées internationales de moins que l’année précédente. L’effondrement des voyages internationaux a entraîné une érosion des recettes d’exportation d’environ 1 300 milliards de dollars, soit plus de 11 fois le manque à gagner enregistré lors de la dernière crise économique en 2009.
La baisse de l’activité du tourisme international a été évaluée entre 60% et 80%. Cette tendance baissière a été aussi observée au niveau du secteur touristique national qui a été fortement éprouvé par la crise sanitaire
« À l’heure où elles tracent les voies de la reprise, cette situation est très préoccupante pour les économies en développement. Sous l’impulsion du secteur public et du secteur privé, le tourisme constitue non seulement une source cruciale de devises étrangères mais, parce qu’il renforce les chaînes d’approvisionnement, améliore la productivité des entreprises locales, crée un emploi sur dix et fournit un revenu aux femmes et aux jeunes, il peut également servir de levier au développement », rappelle à juste titre Mari Elka Pangestu Directrice générale de la Banque mondiale pour les politiques de développement et les partenariats dans une récente chronique.
En tant qu’ancienne ministre du Tourisme, elle explique avoir constaté de visu l’importance économique du tourisme pour les communautés locales et le rôle de pratiques touristiques durables pour créer de la richesse tout en préservant les cultures et le patrimoine naturel.
L’avenir de ce secteur dans le contexte actuel était au cœur d’une discussion sur la résilience du tourisme et la construction d’un avenir meilleur, organisée en mars dernier dans le cadre d’un événement de l’OMC destiné à dresser le bilan de l’aide pour le commerce.
Trois mesures importantes sont ressorties de ces échanges pour repartir sur de meilleures bases : améliorer la confiance des voyageurs ; comprendre et suivre les nouvelles tendances du marché et les moteurs de la demande ; et, dans une perspective de plus long terme, s’engager à bâtir des secteurs touristiques plus résilients et inclusifs, à la faveur de la remontée en puissance de l’enjeu de la durabilité.
Au vu de l’impact de la COVID-19 sur les groupes vulnérables, les participants ont ainsi reconnu la nécessité de bâtir un secteur plus inclusif. En tant qu’institution prônant des réponses fondées sur la connaissance et les données probantes, le Groupe de la Banque mondiale s’emploie à affiner son appréhension de l’impact de la crise sur le voyage et le tourisme. Grâce à des enquêtes de conjoncture, ils savent pertinemment que les entreprises féminines et les femmes travaillant dans le secteur du tourisme ont été touchées de manière disproportionnée par la pandémie et ont, de ce fait, besoin d’une aide spécifique.
Comme les voyages de demain ne ressembleront pas à ce que nous avons connu jusqu’ici, les données et les informations sur les marchés joueront un rôle décisif. Les équipes du Groupe de la Banque mondiale travaillent sur des enquêtes pour prendre le pouls des entreprises, sur les changements stratégiques dans le secteur de l’aviation et sur des études de marché. Toutes ces analyses indiquent qu’à court terme, les touristes privilégieront la voiture et les voyages dans leur pays ou dans un rayon proche, avec un essor évident des activités de nature et d’aventure, signe de l’importance croissante que les consommateurs accordent à la durabilité. Les programmes de relance du tourisme devront miser sur une reconstruction plus durable des sites avec, à la clé, des créations d’emplois et un renforcement de l’attractivité de ces lieux.
La technologie numérique fait aussi partie des domaines à étudier. La crise de la COVID-19 a augmenté le nombre de nomades numériques prêts à travailler depuis des sites touristiques. Avec le déploiement de la vaccination et la réouverture des bureaux, ces destinations devront suivre de près l’évolution de ce marché.
« La reprise du tourisme et des voyages passe par l’innovation et la collaboration. Même si la pandémie est loin d’être terminée, il faut planifier un avenir meilleur — en sollicitant les pouvoirs publics, le secteur privé, la société civile et d’autres partenaires — et anticiper l’évolution des modèles commerciaux et des structures de gouvernance afin de satisfaire les nouvelles formes de demande, dans toute leur diversité », explique l’auteure. Il sera important, à court terme, de communiquer clairement autour des mesures visant à rétablir la confiance des investisseurs et des consommateurs. À long terme, il sera également essentiel de renforcer la durabilité et la résilience, et d’instaurer un partage plus équitable des bénéfices.