Le marché du tourisme médical devrait atteindre 207,9 milliards de dollars en 2027. Une activité rentable pourtant négligée par le Maroc. L’Institut Marocain d’Intelligence Stratégique (IMIS) établit les axes stratégiques pour mieux positionner le Maroc dans ce domaine.
L’Institut Marocain d’Intelligence Stratégique a consacré un policy paper à la relance du tourisme médical au Maroc. Industrie qu’il juge négligée bien que profitable à saisir.
En effet, selon les données communiquées dans ce travail, à ce jour, la valeur réelle du marché du tourisme médical est de plus de 74 milliards de dollars. Le record annuel de touristes médicaux est d’environ 14 millions de personnes avec une perspective de croissance du marché de 20% (le Maroc n’en capte que 50.000 et encore ces données sont approximatives puisqu’il n’existe pas de données de sources fiables).
Compte tenu du dynamisme des différents moteurs de ce marché, la cartographie de l’industrie du tourisme médical indique une croissance annuelle de 25% au cours de la prochaine décennie, selon Visa et Oxford Economics. La taille du marché mondial du tourisme médical devrait atteindre 207,9 milliards de dollars américains d’ici 2027, avec un TCAC de 21,1 %, révèle le dernier rapport réalisé par Grand View Research, Inc.
Selon l’Index de Tourisme Médical (MTI), outil de mesure d’attractivité de destinations de tourisme médical, le Maroc est classé 31ème sur un total de 46 destinations ; notamment grâce à sa réputation internationale sur le plan touristique.
En somme, le classement global du Maroc (31ème) est basé sur 3 facteurs principaux : d’abord, «l’environnement» (31ème) ensuite, la «qualité des facilités et des services» (35ème) et enfin «l’industrie du Tourisme Médical» où le Maroc s’illustre à la 26ème position. Il s’avère que le Royaume n’est pas perçu comme une option de soins de santé moins chère, mais plutôt comme un hub touristique à l’attractivité croissante.
Comment remédier à la situation actuelle et saisir les opportunités qu’offre un tel marché aussi bien pour l’industrie touristique que médicale du pays ?
Le document signé Camélia Dinia et Jihad Jorio, deux consultantes en stratégie et influences internationales, met la lumière sur les perspectives d’évolution de ce secteur à cheval entre deux industries mises à rude épreuve par la pandémie du coronavirus et dont les conséquences ont été relativement positives pour l’un (le secteur médical), et dramatiques pour l’autre (le tourisme).
Les leviers majeurs pour la relance du tourisme médical au Maroc
Les auteurs proposent l’élaboration d’une stratégie de marque visant à promouvoir l’image du Maroc à l’international, basée sur la réputation du royaume en matière de santé, de sa localisation stratégique ainsi que la stabilité politique et la disponibilité d’infrastructures hôtelières et un réseau de transport aérien de qualité.
Pour les auteurs, en premier lieu, la conceptualisation d’une stratégie de marque nationale «Nation Branding» est nécessaire à la promotion du Maroc à l’échelle internationale. C’est un premier axe stratégique sur lequel s’attarde le travail d’analyse. A commencer sur l’importance de capitaliser sur le bon crédit cumulé par le Maroc pendant la crise sanitaire notamment sa capacité à orienter son industrie sur les nécessité urgente comme ce fût le cas pour la fabrication de masques ou encore son élan de solidarité envers d’autres pays.
Le concept de «Nation Branding» peut être défini comme étant la capacité d’une nation à réagir face à la concurrence sur le plan de la réputation. Au sens plus large, le concept consiste pour un Etat à développer sa réputation sur la base d’avantages comparatifs et de différenciation, et ce, sur différents segments : économie, politique, culture… expliquent les auteurs du policy paper.
D’ailleurs, positionner le «Nation Branding» au cœur de la stratégie de développement du tourisme médical marocain est un facteur clé de succès d’une relance de ce marché.
Et la construction d’une marque pays impose de réinventer le « Made in Morocco ». Dans le cadre du développement d’une stratégie de marque nationale, le concept «Made in Morocco» devra être adopté et promu pour décrire les produits et services fournis par le Royaume du Maroc. Cette stratégie de marketing territorial ainsi appliquée au secteur du tourisme médical devrait contribuer à promouvoir l’image de marque du Maroc. En effet, la perception de la marque Maroc «Made in Morocco» comme gage de qualité constituera un facteur de différenciation.
Les auteurs Camélia Dinia et Jihad Jorio estiment d’ailleurs que le Maroc, à l’instar d’autres pays, gagnerait à créer un office/bureau de tourisme médical, engageant la participation des secteurs privé et public. L’avantage qui résulterait de l’aménagement d’un bureau engagé est d’aplanir les difficultés d’accès aux soins médicaux en créant un canal de réception stimulé, de bout en bout. Ce cluster fera intervenir les secteurs privé et public et inclura de facto toutes les parties prenantes pouvant intervenir directement ou indirectement sur le plan de relance de cette industrie. Avec l’appui bien évidement des moyens de nouvelles technologies assurant une présence de proximité et une gouvernance dans l’air du temps.
L’avantage d’avoir un interlocuteur unique est également d’être l’interface avec des investisseurs potentiels.
Le deuxième levier identifié est celui des partenariats ou ce que les auteurs qualifient de panafricanisme en réponse à la slowbalisation.
Ainsi dans le cadre de sa stratégie Sud-Sud, la politique de partage des bonnes pratiques dans le domaine médical pourrait s’étendre au domaine du tourisme médical et créer un effet de levier, dynamisant l’industrie du tourisme par la même occasion.
Bien évidemment, l’offre doit être soutenue par d’importants investissements dans l’infrastructure médicale et hôtelière ainsi que sur la formation des ressources humaines qui porteraient une telle stratégie si elle venait à être mise sur pied.
Et il est encore plus évident qu’une telle stratégie implique l’instauration d’un cadre réglementaire et d’un système d’accréditation comme levier de différenciation.
Il est noté dans le policy paper qu’à ce jour, le Maroc ne possède aucun hôpital accrédité JCI, norme mondiale de qualité.
Les auteurs explicitent plusieurs actions qui doivent être menées dans le sens d’instaurer un véritable écosystème qui puissent également avoir des retombées positives sur les entreprises locales et créer de la valeur.
1 comment
Merci pour votre article et merci aux deux auteures pour leur travail.
Nous sommes une entreprise marocaine nouvellement lancée (AMB International) , nous sommes spécialisée dans le tourisme médical et nos clients sont des citoyens des pays de l’Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est.
Avec ce qui se passe actuellement en Tunisie, les subsahariens commencent à rejeter la Tunisie (qui est le pays leader du tourisme médical pour les pays de l’Afrique subsaharienne).
Nous cherchons activement des organismes(médias, institutions, entreprises…) pour nous accompagner afin que l’on prenne une grande part du marché et de faire du Maroc le leader dans ce secteur, à la longue.
contact@amb-international.ma